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C'était le XXe siècle T.1

C'était le XXe siècle T.1

Titel: C'était le XXe siècle T.1 Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Alain Decaux
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Bahl – ne le laissait pas voler seul. En avril 1923, Charles convainquit son père de lui signer une garantie pour qu’il pût contracter un emprunt à la banque. La somme – ajoutée aux quelques économies qu’il s’était faites – allait lui permettre d’acheter un vieil appareil d’occasion, un Jenny. C’était à Souther Field, en Georgie. Il allait – ô joie – pouvoir voler sans accompagnateur ! Aussi incroyable que cela puisse nous apparaître aujourd’hui, nul interdit ne limitait les vols. Aucune nécessité de posséder un permis, de passer un examen, de démontrer sa compétence : volait celui qui avait les moyens de voler, c’est tout. Lindbergh s’installa aux commandes, mit le contact, tira sur le manche… et faillit capoter au décollage. Un jeune pilote nommé Handerson se proposa pour le conseiller : il connaissait mieux, dit-il, le Jenny que lui. Lindbergh écouta avec attention, mit de nouveau le contact, tira sur le manche… et cette fois décolla. Merveille des merveilles ! Il était en l’air, et seul. Il se sentit le maître du monde.
    Il reprit, cette fois à son compte, les tournées de baptêmes de l’air qu’il avait pratiquées avec d’autres. Le Jenny était un très petit appareil, d’une fragilité sans égale et d’un défaut de puissance très remarquable. Quand un candidat au baptême de l’air se présentait, Lindbergh jaugeait aussitôt son poids. Si l’homme était trop corpulent, il vidangeait la moitié du réservoir d’essence.
    Était-ce l’avenir de Charles Lindbergh ? Quand il en entretenait son père, il convenait lui-même que persister serait une erreur. Pas un instant, il n’envisagea pourtant de quitter l’aviation. Il préféra s’engager dans l’aviation militaire. On pouvait ne signer que pour un an. L’avantage était que l’on bénéficiait gratis de l’enseignement d’excellents moniteurs, ceci sur des appareils de premier ordre.
    Lindbergh posa sa candidature, passa l’examen d’entrée, n’obtint que 72, points – 2 seulement de plus que la note éliminatoire. Il partit pour Kelly Field où il devait, pendant six mois, s’entraîner sur des De Havilland. Au cours d’une simulation de combat en vol, il accrocha un autre appareil. Lui-même et l’autre pilote purent in extremis sauter en parachute. Neuf jours plus tard, à l’examen de sortie, Lindbergh fut classé premier. C’était en mars 1925. Désormais, il était sous-lieutenant d’aviation de réserve.
     
    Peu à peu, aux U.S.A., s’installaient des lignes aéropostales. On lui offrit de devenir le chef pilote de l’une d’elles, sur le trajet Saint Louis-Chicago, 460 kilomètres. Il accepta. Chaque jour, chaque nuit, tout était à inventer. On volait sans météo, les terrains n’étaient pas éclairés. Pour convaincre la clientèle d’utiliser ce nouveau moyen d’acheminement du courrier, il fallait coûte que coûte partir chaque jour, quelles que fussent les conditions atmosphériques. En France, les hommes de Didier Daurat – à commencer par Mermoz – ont connu ces conditions de vol, exaltantes mais périlleuses. Au cours d’un vol, l’appareil que pilotait Lindbergh se mit à tomber tout à coup comme une pierre. Impossible de le redresser. Il essaya jusqu’à 100 mètres du sol et – seulement à ce moment – sauta en parachute.
    Au cours des vols de nuit sous la lune, Charles Lindbergh rêvait : « Pourquoi retourner à cette terre ? Pourquoi revenir aux problèmes humains, m’enfermer entre des murs de brique, alors que tout l’univers de cristal est à moi ? » Il imaginait, à bord d’un avion, pouvoir relier Saint Louis à New York d’un seul coup d’aile. Bien sûr, le vieux coucou qu’il pilotait en serait parfaitement incapable. Il lui faudrait un appareil doté de moteurs puissants, donc d’un rayon d’action beaucoup plus considérable. Était-ce un rêve d’ailleurs ? Il savait qu’un tel aéroplane existait : c’était le Wright-Bellanca. Wright était le nom des deux premiers aviateurs qui, aux U.S.A., s’étaient élevés de terre à bord d’un « plus lourd que l’air ». Les pionniers des premiers jours s’étaient souvent mués en constructeurs. En France, c’était le cas de Blériot, de Farman, de Voisin. Aux U.S.A., celui des frères Wright.
    La nuit s’avançait. Dans le cockpit avant dormaient les sacs de courrier. Le moteur tournait rond. Lindbergh pensait toujours au

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