Bücher online kostenlos Kostenlos Online Lesen
C'était le XXe siècle T.1

C'était le XXe siècle T.1

Titel: C'était le XXe siècle T.1 Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Alain Decaux
Vom Netzwerk:
devient trop grand. Le vendredi saint, à l’aube, le capitaine Spindler doit reprendre la mer. À midi, un navire britannique apercevra l’Allemand. À 18 h 30, il sera arraisonné par vingt-neuf bâtiments de guerre de la Royal Navy et forcé à gagner le port de Queenstown. Là, plutôt que les armes tombent aux mains des Anglais, le capitaine Spindler fera sauter son navire.
     
    Dans les plans des insurgés, l’apport d’armes allemandes représentait l’élément essentiel. Sans armes, comment envisager un succès ? L’affaire de l’ Aud apparaît comme une catastrophe. Mais les conjurés gardent l’espoir chevillé à l’âme. Sans nouvelles de Casement, ils espèrent toujours qu’un corps expéditionnaire allemand va débarquer.
    Au cours de la semaine qui précède Pâques, MacNeill a fini par découvrir le pot aux roses. Tard dans la nuit du vendredi saint, dans un état de colère bien compréhensible, il se présente chez Pearse :
    — Vous m’avez trompé !
    Pearse l’admet aussitôt :
    — C’était nécessaire, dit-il seulement.
    MacNeill croit de moins en moins à la réussite du soulèvement. Il adjure Pearse d’y renoncer. Sans résultat. Déjà, Pearse est au-delà de la logique, au-delà de la raison.
    À l’aube du samedi saint, le sous-marin allemand transportant Casement et ses deux adjoints débarque les Irlandais dans la baie de Tralee. Dès que le canot pneumatique les a déposés sur le rivage, Casement, épuisé par le mal de mer, s’effondre dans une prairie et s’endort. Les deux autres s’en vont prévenir les Volontaires voisins. Un peu plus tard, la police britannique, mise en alerte par l’affaire de l’ Aud , découvre le canot pneumatique sur la plage. Une battue est aussitôt entreprise. On met la main sur Casement qui est arrêté sur-le-champ.
    Vers la fin de l’après-midi, MacNeill est averti de l’arrestation de Casement. Décidément, il ne reste plus rien des illusions de naguère. Pas d’armes, pas d’aide allemande : à quoi bon faire tuer inutilement tant de patriotes irlandais ? Sûr de lui, MacNeill décide d’annuler la mobilisation des Volontaires annoncée pour le dimanche. Des messages partent pour Belfast et Cork. Les journaux de Dublin insèrent des avis ordonnant aux Volontaires de rester chez eux.
    Mais le Conseil militaire de l’I.R.B., de son côté, a envoyé d’autres messages, signifiant aux Volontaires de reporter la mobilisation au lundi matin. Confusion absolue. Ambiguïté totale. Finalement, à Dublin, 700 Volontaires seulement répondront à l’ordre de mobilisation. Préparant les plans du soulèvement, Joseph Plunkett avait, quelques jours plus tard, estimé qu’il en fallait 10 000 pour que l’on pût envisager une chance de réussite.
    Dans le cours de la journée du dimanche 23, les autorités britanniques – sir Matthew Nathan, lord Winborne –, alarmées par l’arrestation de Casement et l’affaire de l’ Aud , décident d’incarcérer quelques dizaines de leaders irlandais. Une liste est dressée. Sans hâte. Rien ne presse.
     
    L’aube se lève sur le lundi de Pâques 1916. Des hommes s’engouffrent dans le lourd bâtiment appelé Liberty Hall qui abrite les douanes mais aussi les syndicats. C’est là que Connolly tient ses réunions. Devant le Liberty Hall coule la rivière de Dublin, la Liffey.
    Sur la façade, une banderole gigantesque avec cette inscription : « Nous ne servons ni le roi ni le kaiser mais l’Irlande. »
    Au premier étage, les hommes se retrouvent. En uniforme. Ils sont là, tous, les chefs de l’insurrection qui va commencer : Patrick Pearse, MacDonagh, Ceannt, Plunkett – en train de mourir de tuberculose, que l’on vient d’opérer de la gorge et qui tient à peine debout – et aussi Tom Clarke, et MacDiarmada, fer de lance de l’I.R.B.
    Il est 9 heures. La séance peut commencer. Sur tous les visages, une infinie gravité. Chacun a conscience que, pour l’Irlande, l’heure est capitale. Aujourd’hui, ils vont proclamer l’indépendance, ils vont proclamer la République.
    Pas de débat. Patrick Pearse est élu président du gouvernement provisoire et généralissime des forces de la République. James Connolly est élu vice-président et commandant en chef des forces de Dublin. Les autres se répartissent des portefeuilles et des commandements, les uns et les autres fort symboliques.
    — Dès le premier coup de feu, s’écrie James Connolly, il

Weitere Kostenlose Bücher