C'était le XXe siècle T.2
soldats polonais s’est emparé la nuit dernière, peu avant 20 heures, du bâtiment de la radio de Gleiwitz. Seuls quelques employés se trouvaient à cette heure-là en service. Il est manifeste que les assaillants polonais connaissaient parfaitement les lieux. Ils ont attaqué le personnel et fait irruption dans le studio, assommant ceux qu’ils rencontraient sur leur chemin.
« Les agresseurs coupèrent la ligne du relais de Breslau et lurent au micro un discours de propagande préparé à l’avance, en polonais et en allemand.
« Ils ont déclaré que la ville et la station-radio étaient aux mains des Polonais et ils ont insulté l’Allemagne, faisant mention du “Breslau polonais” et du “Dantzig polonais”…»
Un « encadré » donne le texte du discours lu par Heinrich. Heydrich commente :
— Hitler est très content. Il m’a appelé à 5 heures du matin.
Voilà donc la raison de la satisfaction de Heydrich. Hitler est satisfait. Donc, Reinhard Heydrich l’est aussi.
Pour le Führer, l’affaire de Gleiwitz s’est révélée la première bonne nouvelle de la journée. Il a passé une excellente nuit : « Führer calme, a bien dormi…», peut-on lire dans le journal du général Halder. « Opposé à l’évacuation : preuve qu’il espère que la Grande-Bretagne et la France resteront tranquilles. » Quelques heures plus tard, Adolf Hitler annoncera au Reichstag que les forces armées allemandes sont entrées en Pologne. Il se réclamera du faux attentat de Gleiwitz :
— Pour se défendre contre les coups de main polonais, les troupes allemandes sont entrées en action ce matin à l’aube. Cette action, présentement, ne peut être considérée comme un acte de belligérance, mais simplement comme une riposte aux attaques polonaises…
L’ Opération Himmler a rempli son but. Hitler avait besoin d’un alibi. Alfred Helmut Naujocks le lui a fourni.
— La Pologne, cette nuit, dit encore Hitler, pour la première fois et sur notre territoire, a fait ouvrir le feu par ses soldats réguliers. Depuis 5 h 45 du matin, nous tirons de notre côté. À partir de maintenant, à toute bombe répondra une bombe !
Cette guerre, où tant de mensonges seront déversés, commence par un mensonge. Dans ses premiers communiqués, le haut commandement allemand osera qualifier de « contre-attaques » les opérations militaires entreprises dès l’aube. La Wilhelmstrasse contribuera de son mieux à répandre cette version fallacieuse.
Même les soldats allemands auront droit à la version officielle. À leur intention, Hitler lui-même, le 1 er septembre, donne encore de la voix :
« L’État polonais a rejeté le règlement pacifique recherché par moi. Il préfère en appeler aux armes… Une série de violations de frontières insupportables pour une grande puissance démontre que les Polonais ne veulent plus respecter la frontière du Reich.
« Pour mettre fin à ces folles menées, il ne me reste pas d’autre moyen que d’opposer dès maintenant la force à la force. »
À Londres, à Paris – à Rome aussi –, on négocie encore. Un Suédois, Dahlerus, assure la liaison entre Goering et le gouvernement britannique. À 8 heures du matin, il s’est rendu chez le Reichsmarshall qui lui a annoncé que « la guerre avait éclaté parce que les Polonais avaient attaqué la station de radio allemande de Gleiwitz et fait sauter un pont près de Dirschau ». Aussitôt, Dahlerus a appelé le Foreign Office.
— J’ai averti mon interlocuteur, déclarera-t-il à Nuremberg, que, selon les renseignements qui m’avaient été communiqués, les Polonais étaient passés à l’attaque.
À 10 h 30, Henderson, l’ambassadeur de Grande-Bretagne, confirme l’ attaque polonaise !
À 21 h 40, le même Henderson et, une heure plus tard, l’ambassadeur de France Coulondre font connaître à Ribbentrop que, faute pour l’Allemagne de retirer ses troupes du territoire polonais, la France et la Grande-Bretagne rempliront leurs obligations envers la Pologne. Avec beaucoup d’énergie, Ribbentrop affirme encore « qu’il n’est pas question d’une agression allemande » mais d’une agression polonaise puisque, la veille au soir, des troupes « régulières » polonaises ont attaqué le sol allemand.
Le mensonge a fait long feu. Personne ne voudra plus le croire. Rien désormais ne peut éviter le cataclysme le plus meurtrier que des hommes aient
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