C'était le XXe siècle T.2
Junkers surpassent, de très loin, les vieux Breguet français dont disposent les républicains.
L’aide allemande, pour extraordinairement efficace qu’elle se révèle, ne peut – et de loin – se comparer à l’assistance italienne. Il n’y aura, pendant toute la guerre d’Espagne, que quelques milliers d’Allemands au service de Franco. Mussolini enverra 50 000 hommes, sans compter un matériel militaire considérable : 2 000 canons, 10 000 armes automatiques, 200 000 fusils, 800 avions, 1 700 tonnes de bombes, 10 000 000 de cartouches, etc.
La guerre d’Espagne, pour les puissances européennes ? Un champ de manœuvre et une répétition générale.
Franco a compris que, pour le moment, il ne prendrait pas Madrid. Il va donc regarder ailleurs. Du côté des Basques.
Les libertés basques sont nées de la nuit de temps. Forts de leurs fueros – autrement dit privilèges –, les Basques se sont toujours voulus, même au temps de la monarchie absolue, relativement autonomes. Il s’y est ajouté, au XX e siècle encore, une foi catholique exemplaire. Si les statistiques, dans toute l’Espagne, confirment une déchristianisation des milieux populaires, elles permettent aussi de découvrir, en Pays basque, une quasi-unanimité de pratiquants.
Le paradoxe est que ces catholiques ardents ont choisi la république et veulent lui demeurer fidèles. Les soldats de Franco s’avancent en brandissant des crucifix. Les républicains massacrent des prêtres et des religieuses. Peu importe aux Basques catholiques. À leurs yeux, seul le gouvernement de Madrid est légitime.
Ces Basques, dont nul ne connaît l’origine, qui parlent une langue qui ne ressemble à aucune autre, ont résisté aux envahisseurs d’où qu’ils vinssent. Au temps où l’Islam occupait l’Espagne, les disciples de Mahomet ne sont jamais parvenus à les asservir. Dans l’affirmation de leur fidélité, ils mêlent terre et foi.
Regardons une carte d’Espagne. Cherchons le pays des Basques. Ce qui saute aux yeux, c’est l’étroitesse et la longueur du territoire qu’ils occupent, borné au nord par l’océan et demeuré jusque-là hors d’atteinte des coups de boutoir franquistes.
Dès le 19 juillet 1936, la radio de Bilbao a diffusé une proclamation du parti nationaliste basque : « En face des événements qui ont eu lieu dans l’État espagnol et qui pourraient avoir une répercussion directe et douloureuse sur l’Euzkadi et sur son destin, le parti nationaliste basque déclare – en dehors de tout ce à quoi son idéologie l’oblige et qu’il ratifie aujourd’hui solennellement – qu’en vue de la lutte entre les citoyens et les fascistes, entre la République et la monarchie, ses principes le placent inévitablement aux côtés des citoyens et de la République, en accord avec le régime républicain et démocratique qui fut une des caractéristiques distinctives de notre peuple durant des siècles de liberté. »
À la fin du mois d’août 1936, les franquistes avancent vers Irún. Après avoir été incendiée par ses défenseurs anarchistes, la ville tombe le 3 septembre. Dix jours plus tard, Saint-Sébastien succombe à son tour. L’armée basque doit se retirer jusqu’à la limite de la province de Biscaye. Les franquistes, qui digèrent leurs conquêtes, ne tentent rien pour les poursuivre. Pendant plus de six mois, le front se stabilise. On ne se bat plus guère.
Le 1 er octobre, le gouvernement de Madrid accorde aux Basques l’autonomie tant souhaitée. Ils forment un gouvernement présidé par José Antonio de Aguirre.
En Pays basque, on en est presque venu à oublier la guerre. Le 31 mars 1937, tout change. Franco a décidé d’en finir. La campagne commence. Il s’agit de prendre Bilbao, siège du gouvernement basque. L’armée engagée est composée de soldats de la Légion étrangère, de Maures, de troupes italiennes. Elle dispose d’avions et de pilotes italiens, des avions et des pilotes allemands de la légion Condor.
À un tel déferlement, que peuvent opposer les Basques ? La faiblesse de leur armement est connue de tous. Leur aviation est quasi inexistante.
D’abord, les nationalistes bombardent Durango. Puis ils attaquent à l’est et au sud de la province d’Alava. Pour affamer Bilbao, ils proclament le blocus par la mer. Le 20 avril, les forces franquistes, retardées par les pluies, attaquent de nouveau avec vigueur sur l’ensemble du
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