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C'était le XXe siècle T.2

C'était le XXe siècle T.2

Titel: C'était le XXe siècle T.2 Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Alain Decaux
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fabriqué le dossier dont Heydrich pense qu’il constitue un piège génial dans lequel Staline ne va pas manquer de s’enferrer.
    Or, à l’origine de ce plan, se trouve Staline lui-même . Le NKVD a littéralement téléguidé toute l’entreprise en dictant son rôle à Skobline. De sorte que les SS sont simplement devenus les exécutants de la volonté stalinienne !
     
    L’encerclement du président Beneš suit son cours. À Paris, un certain Nikola Alexeïev, membre de l’Organisation mondiale des militaires russes en émigration – et lui aussi agent du NKVD ! – est capturé par la police au moment où il tentait de dérober les plans secrets d’un sous-marin français. On l’écroue à la prison militaire du Cherche-Midi. L’affaire paraît bizarre car les plans du sous-marin ont été depuis longtemps abandonnés.
    En vérité, Alexeïev a tout fait pour être pris. Les instructions qu’il a reçues de Skobline portent qu’il doit laisser échapper, devant le juge d’instruction, des confidences soigneusement préparées. Au cours de l’un de ses interrogatoires, il « lâche » le nom de Toukhatchevski : à l’en croire, celui-ci complote avec les nazis. Les services secrets français, avertis aussitôt, en informent le gouvernement.
    Il semble bien que Léon Blum se soit montré très impressionné par ces accusations. Postérieurement à l’émission que j’ai présentée à la télévision  (63) , M Édouard Depreux, ancien ministre, a bien voulu me le confirmer « Alors président du Groupe des avocats socialistes, j’ai envoyé un télégramme à Staline pour protester contre les conditions dans lesquelles était intervenue la condamnation [de Toukhatchevski]. Léon Blum, alerté par Beneš, tout en comprenant parfaitement l’esprit de mon intervention, m’a mis en garde contre des illusions touchant l’innocence du maréchal  (64) . » Après les « aveux » d’Alexeïev, l’attaché militaire tchécoslovaque à Paris, alerté le premier, a averti le président Beneš qui a tout naturellement interrogé Blum sur le sérieux des informations venues à sa connaissance.
     
    Il reste au SD à acheminer le fameux dossier jusqu’à Moscou. Par l’intermédiaire d’un agent diplomatique en poste à Prague – et correspondant du SD –, on avertit Beneš de son existence. Selon Schellenberg, le président Beneš aurait adressé immédiatement une lettre personnelle à Staline.
    Ce qui nous confirme que la mise en condition de Beneš, à cette époque, atteint une véritable perfection. Le président tchécoslovaque, convaincu par tant d’informations venues à lui par des voies si différentes, convoque l’ambassadeur d’URSS Alexandrovski et lui livre, en bloc, tout ce qu’il croit savoir. Alexandrovski adresse aussitôt un long rapport à Staline. Victoire absolue du NKVD.
    Un peu plus tard, Naujocks reçoit la visite d’un agent très évidemment soviétique qui, informé par la filière tchèque, croit savoir qu’il serait possible d’avoir accès à un dossier intéressant. Il explique que, s’il prend contact avec Naujocks, c’est parce qu’on lui a laissé croire que l’on pourrait s’entendre avec lui. Immédiate, la réponse de Naujocks. Il va jouer à merveille le rôle du traître.
    — Le dossier est en ce moment dans mon bureau, mais je ne puis le garder que jusqu’à demain matin… Vous voyez donc que je suis pressé. Je pense pouvoir photographier les documents cette nuit mais, si j’y parviens, il ne faut pas que les photos traînent ici pendant des jours. Aucune cachette n’est suffisamment sûre pour ce genre de papiers. Je veux en finir au plus vite. Trop de personnes sont déjà au courant de cette affaire à mon gré. Je ne puis attendre votre réponse que jusqu’à demain.
    — Combien ? demande l’agent soviétique.
    — 50 000 marks.
    — C’est ridicule ! Nous ne paierons jamais ce prix.
    Naujocks hausse les épaules.
    — Croyez-vous que je vais m’exposer pour moins que cela ? Pas d’argent, pas de dossier.
    Déjà, il prend congé.
    — Un instant, intervient l’agent soviétique. Comment puis-je reprendre contact avec vous ?
    Naujocks réfléchit un court moment puis tend à son interlocuteur un carré de papier sur lequel il a noté un numéro de téléphone.
    — Si vous avez décidé de conclure l’affaire, appelez-moi demain à 18 heures. Autrement, ne prenez pas la peine de me téléphoner.
    Le

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