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C’était le XXe siècle T.4. De Staline à Kennedy

C’était le XXe siècle T.4. De Staline à Kennedy

Titel: C’était le XXe siècle T.4. De Staline à Kennedy Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Alain Decaux
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Eisenhower aurait-il pensé – et agi – autrement ? Les Soviétiques avaient combattu héroïquement, leurs pertes étaient immenses, pourquoi ne pas leur laisser la gloire de la prise de Berlin ? À ces beaux sentiments, le Premier ministre britannique Winston Churchill avait refusé de souscrire. Cigare en bouche, il ne cessait de rugir qu’il fallait prendre Berlin avant les Russes. Il répétait que si les Soviétiques s’installaient en Europe centrale, on ne les en délogerait plus  (109) .
    Peine perdue. Eisenhower avait déjà averti Staline que les Alliés de l’Ouest ne participeraient pas à la prise de Berlin. Il n’en voulait pas démordre. Fou de colère, le maréchal britannique Montgomery fut à deux doigts, pour son propre compte, de se ruer sur la capitale allemande. On le raisonna, il renonça. Ce fut l’éternel regret de sa vie. Il écrira plus tard : « Les Américains ne pouvaient comprendre qu’il ne sert pas à grand-chose de gagner stratégiquement une guerre lorsqu’on la perd politiquement… La guerre est un instrument politique ; dès qu’on s’aperçoit qu’on la gagne, les considérations politiques doivent décider de son déroulement ultérieur. »
    Après une bataille de trois semaines dans laquelle Staline jeta un million d’hommes, Berlin fut pris le 2 mai 1945. Le 8 mai, l’Allemagne capitula. Américains, Britanniques, Français vinrent repérer, dans la capitale, les secteurs qui leur avaient été réservés. Pas plus qu’en septembre 1944, on ne songea à garantir par un texte l’accès des Occidentaux à Berlin.
    Une exception, une seule, fut obtenue de Joukov. À plusieurs reprises les avions américains volant entre l’Ouest et Berlin dans les couloirs aériens attribués par les Soviétiques, avaient failli se heurter à des chasseurs russes. Les pilotes occidentaux étaient venus démontrer à Joukov qu’une réglementation éviterait des accidents tout aussi préjudiciables aux aviateurs soviétiques qu’aux autres. Joukov en était convenu et avait signé des documents définissant les corridors aériens et pouvant être considérés comme une reconnaissance écrite d’un droit d’accès à Berlin par voie aérienne.
     
    Le 17 juillet 1945, à la Conférence de Potsdam, ultime rencontre au sommet de la Seconde Guerre mondiale, Staline, Truman, Churchill puis Atlee entérinèrent les accords sur l’occupation de Berlin. Le 26 juillet, les troupes occidentales s’installèrent dans les différents quartiers de la ville. Les Français occupaient deux arrondissements (Wedding et Reinickendorf), les Britanniques quatre, les Américains six, les Soviétiques huit. Bon gré mal gré, il allait falloir vivre les uns avec les autres.
     
    En juin 1948, dans les trois zones occidentales d’Allemagne, les Alliés annoncent une réforme monétaire. Dorénavant, coexisteront un mark occidental et un mark oriental. À Berlin, dans les secteurs américain, britannique et français, seul le mark occidental aura cours. Furieux, les Soviétiques bloquent les voies d’accès terrestres à Berlin mais, s’en rapportant aux accords signés par Joukov, ne s’en prennent pas aux corridors aériens. Berlin-Ouest importe tout son ravitaillement, toute son énergie, toutes les matières premières qui permettent de faire tourner ses usines : la ville va-t-elle mourir physiquement affamée et économiquement étouffée ? Il n’en est rien. Washington décide de transporter par avion tout ce qui est nécessaire aux Berlinois. C’est le pont aérien, l’une des plus extraordinaires aventures de l’histoire contemporaine. Songeons que, l’hiver venu, c’est par voie aérienne que parviendra le charbon destiné aux Berlinois ! La tension redouble quand il est mis fin, le 1 er juillet 1948, à l’administration quadripartite. Le 30 novembre, en instituant une municipalité dans leur secteur, les Soviétiques prennent une décision qui consacre la coupure de la ville en deux.
    Les Alliés occidentaux n’ont plus à se gêner : le 5 décembre, le social-démocrate Ernst Reuter est élu bourgmestre de Berlin-Ouest. Le 12 mai 1949, les Soviétiques lèvent le blocus de Berlin. Le pont aérien a vaincu, mais il a coûté aux Alliés la bagatelle de 170 millions de dollars.
    Le processus de partition s’accélère. Si, le 21 juin, les accords Jessup-Malik, négociés à Paris, paraissent garantir enfin la liberté d’accès à Berlin-Ouest – mais sans

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