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C’était le XXe siècle T.4. De Staline à Kennedy

C’était le XXe siècle T.4. De Staline à Kennedy

Titel: C’était le XXe siècle T.4. De Staline à Kennedy Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Alain Decaux
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confirmation écrite ! –, on apprend en septembre la naissance de la République fédérale allemande, dont le contour géographique épouse étroitement les limites des zones d’occupation française, britannique et américaine. Konrad Adenauer devient chancelier du nouvel État. Quinze jours plus tard, en octobre – réponse du berger à la bergère –, c’est la création de la République démocratique allemande, capitale Berlin-Est, placée sous la houlette de Walter Ulbricht.
    Consommée, la rupture. Désormais, il existe deux Allemagne, chacune à l’image d’un régime choisi ou imposé. La RFA, avec l’aide notamment du plan Marshall, panse ses plaies, reconstruit ses villes et ses industries. La république d’Adenauer – et son microcosme Berlin-Ouest – se mue en vitrine d’un capitalisme triomphant. La RDA – et sa capitale Berlin-Est – se traîne loin en arrière. L’économie piétine, la productivité se maintient à un niveau très bas, les salaires se révèlent fort inférieurs à ceux pratiqués en Allemagne de l’Ouest. De plus, le régime, accepté seulement par une minorité, ne parvient à imposer son autorité que par l’exercice d’une vigilance policière de plus en plus mal supportée.
     
    À partir de 1949, le courant d’émigration de l’Est vers l’Ouest va croissant. Les différences se creusent entre les modes de vie des deux États. Il suffit de passer de Berlin-Ouest à Berlin-Est pour en prendre conscience. Si, à l’Ouest, les ruines ont été relevées ou effacées, à l’Est il n’en est rien. Le Berlin capitaliste se hérisse de buildings flambant neufs ; des magasins sophistiqués proposent des marchandises venues du monde entier ; jusqu’à une heure avancée de la nuit, dans des avenues éclairées comme en plein jour, des voitures ultramodernes transportent des hommes et des femmes dont la joie de vivre, souvent bruyante, éclate à tous les yeux. À peine a-t-on franchi la limite de la zone soviétique que l’on découvre une ville lugubre où les traces de la guerre se lisent sur chaque avenue, dans chaque rue ; devant les rares magasins ouverts, s’étirent de longues files d’attente, composées de gens mal vêtus dont les visages ne reflètent qu’apathie et tristesse.
    Du coup, les Berlinois de l’Ouest se réjouissent que le sort les ait placés dans le bon camp. Les Berlinois de l’Est qui, à cette époque, circulent librement dans les zones, rentrent de chaque visite à Berlin-Ouest en traînant avec eux une amertume accrue. D’ailleurs, beaucoup prennent l’habitude de venir travailler à l’Ouest où non seulement les salaires sont plus élevés, mais où le mark fait prime. Ils y gagnent de toute façon.
    Conscient de son retard, le gouvernement de Walter Ulbricht préconise, dans les usines de l’Est, des cadences telles que pas un ouvrier des pays capitalistes ne les tolérerait.
     
    Le 17 juin 1953, des émeutes éclatent dans toute l’Allemagne de l’Est. Des émeutes populaires – et c’est là l’inquiétant. Ce sont des ouvriers qui, dans tous les centres industriels, dans toutes les grandes villes, mettent à sac les bureaux du Parti, brûlent des archives, molestent des fonctionnaires communistes. Presque partout on ouvre les prisons, on libère des détenus incarcérés pour raisons politiques. On voit même les polices locales collaborer avec les émeutiers. À Berlin-Est, la tentative insurrectionnelle est plus violente qu’ailleurs. Sur l’Alexander-platz, en l’honneur d’Ulbricht, une foule immense chante à pleine voix :
     
    Il n’y pas deux solutions :
    Le barbichu doit s’en aller.
    Bouc, brioche et besicles
    Ne sont pas la volonté du peuple !
     
    Dans le bâtiment du Comité central assiégé, « Vieille Barbe à pointe » ronge son frein. Puisque sa propre police est débordée, il ne lui reste qu’une solution : faire appel aux troupes soviétiques. Celles-ci ne se font pas prier et écrasent le soulèvement dans le sang. D’un espoir vite éteint, va découler un bilan tragique : 267 morts, 1 071 blessés  (110) .
    Conséquence évidente des événements de juin, le courant d’émigration vers l’Ouest fait un bond en avant.
    Peu à peu, il va devenir pratiquement impossible de franchir sans un laissez-passer la frontière qui, sur 1 381 kilomètres, sépare les zones orientale et occidentale. D’ordre d’Ulbricht, de part et d’autre d’un no man’s land de cinq

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