C’était le XXe siècle T.4. De Staline à Kennedy
utiliser abondamment son récit (52) . On y trouvera notamment le texte des messages – jamais publiés – échangés avec l’avion.
À 12 h 24, le DC3 décolle de Rabat-Salé. Dès le départ, le commandant Grellier contacte le centre de contrôle pour annoncer qu’il transforme son plan de vol et change son itinéraire. Cette information est transmise en phonie sur la fréquence 126.7 Kcs. Aussitôt, selon la réglementation en vigueur, le contrôle de Casablanca informe le contrôle d’Alger.
Dès son décollage, l’appareil est suivi normalement par contacts VHF phonie jusqu’à sa sortie de zone. C’est-à-dire jusqu’à la balise radio d’Arbaoua.
En apparence, rien de particulier dans ces contacts radio. Il en va ainsi pour tous les appareils. Cependant, le capitaine Chambaud attache une attention particulière à ce DC3. Depuis la veille, il sait que les chefs du FLN sont à Rabat. Le matin même, le capitaine de réserve Vuillemin, directeur commercial de la compagnie Air Atlas-Air Maroc, s’est rendu dans son bureau pour lui communiquer des renseignements plus précis sur le vol de l’appareil. Le capitaine Chambaud a compris que le DC3 transporterait à son bord les chefs du FLN. Il a aussitôt averti le commandant de l’Air au Maroc, en la personne du général Ernoul de La Chenelière, et a demandé des instructions.
Depuis l’envol de l’appareil, Chambaud tient son commandement informé par la voie téléphonique directe. Je le cite : « Après le dernier contact phonie entre l’appareil et notre contrôle, c’est en graphie que le contrôle s’est effectué. À ce moment, je demandai à mon opérateur de ne plus perdre le contact, même après la sortie de notre zone de contrôle, ce qu’il fit avec le plus grand empressement. Effectivement, le DC3 se reportait :
« — à 15 h 15 verticale cap Gata dans la zone de contrôle de Séville,
« — à 16 heures à Ibiza toujours sous le même contrôle.
« Entre-temps, l’opérateur radio interceptait divers messages transmis par d’autres stations à ce même appareil, et en particulier celui d’Oran lui demandant de se faire fixer par les stations d’Oran et Palma toutes les six minutes (signé Lacoste).
« Cette opération avait pour but de situer l’avion, de connaître son cap et sa vitesse, afin d’effectuer une opération d’interception par les chasseurs "Mistral" de la base aérienne d’Oran. »
Il faut savoir que l’espace aérien est divisé en zones dotées chacune d’une longueur d’ondes particulière. Le nouveau plan de vol permet au DC3 de passer dans le secteur relevant de Séville, mais le centre régional algérien ne s’est pas laissé prendre de court. Il s’est branché sur la longueur d’ondes espagnole. À 15 heures, toutes les stations radar d’Algérie sont à l’écoute.
16 heures : l’équipage du DC3 s’apprête à se mettre en rapport avec la tour de contrôle de Séville. Tout à coup, dans les écouteurs, la voix d’un tiers. Une voix française :
— Prétextez une panne. Venez vous poser à Oran.
Réaction stupéfaite de l’équipage :
— Qu’est-ce que c’est que cette histoire ?
— Vous avez cinq salopards à bord. Il nous les faut.
— Qui transmet l’ordre ?
— Le ministère de la Défense nationale.
Dans la cabine du DC3, une immense perplexité. Tout en bas, on aperçoit les replis épais des monts d’Andalousie.
À 16 h 22, le DC3 contacte l’opérateur radio du capitaine Chambaud pour lui demander de transmettre un message « Urgent » à sa compagnie. Voici le texte de ce message : « Allons atterrir Palma – Stop – Avons reçu ordre Défense nationale atterrir Oran – Stop – Demandons instructions après décollage Palma. Fin. »
Au moment où ce message arrive, le capitaine Chambaud se trouve en communication téléphonique avec son commandement. C’est donc à son insu que le message est transmis au directeur de la compagnie Air Atlas-Air Maroc, qui fait répondre aussitôt par son chef des opérations, M. Séguier : « Suite votre message 16 h 22 avant atterrissage Palma – Stop – Attendez instructions après atterrissage Palma – Stop – Fin. »
Le capitaine Chambaud regagne la cabine radio. Il intercepte le message et fait donner l’ordre de ne plus transmettre à l’avion sans son accord. Il en rend compte à l’état-major de Rabat.
À 16 h 28, le contrôle au Maroc reçoit le
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