Bücher online kostenlos Kostenlos Online Lesen
C’était le XXe siècle T.4. De Staline à Kennedy

C’était le XXe siècle T.4. De Staline à Kennedy

Titel: C’était le XXe siècle T.4. De Staline à Kennedy Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Alain Decaux
Vom Netzwerk:
générales concernant la sécurité des frontières.
    La responsabilité du ministère de l’Algérie, soit ! Mais que faire quand le ministre n’est pas là ? Reste le président du Conseil, Guy Mollet. On apprend que, pas davantage, il n’est accessible. Il est en tournée dans son département, le Pas-de-Calais.
    À Alger, on a conscience de perdre de précieuses minutes. Le général Lorillot parvient – enfin – à joindre un sous-ministre : le secrétaire d’État aux Forces armées, Max Lejeune. Un socialiste, lui aussi. En quelques paroles pressantes, Lorillot expose la situation :
    — Ben Bella va traverser l’espace aérien de l’Algérie. Peut-on arraisonner l’avion ?
    Aucune hésitation de la part du secrétaire d’État :
    — Oui, je vous couvre.
    Néanmoins, Max Lejeune veut être informé très précisément sur l’opération projetée, sur la nationalité de l’appareil et celle de son équipage. Le secrétaire d’État ordonne au général de le tenir au courant de l’évolution des événements :
    — Vous pouvez me rappeler, suivant l’heure, soit à mon ministère, soit à mon domicile où on saura me toucher.
    De fait, jusqu’au soir, Max Lejeune ne quittera pas son bureau – sans néanmoins juger utile d’informer de l’opération en cours aucun membre du gouvernement.
    Ici, une précision est nécessaire. On a souvent épilogué sur cette sorte de vacance du pouvoir constatée dans la journée du lundi 22 octobre 1956. Il faut considérablement nuancer cette affirmation au vu de la version des faits relatée par Alain Savary : « S’il est exact que Robert Lacoste était dans son département et Bourgès-Maunoury à Londres, j’atteste que cinq personnes au moins étaient en mesure pour une affaire urgente de joindre sur l’heure le président du Conseil, Guy Mollet. De 8 h 30 à 18 heures, ce lundi 22 octobre 1956, aucune de ces personnes, ni moi-même, n’ont été contactées. L’affaire a été montée par les militaires, avec le seul accord de Max Lejeune, secrétaire d’État auprès de M. Bourgès-Maunoury, alors qu’une décision en l’espèce était du seul ressort de la présidence du Conseil et que personne ne l’ignorait. La dégradation des rapports entre pouvoirs civil et militaire n’était pas encore telle qu’ils en vinssent à s’affronter ; mais il est caractéristique de noter que tout ce qui n’avait pas autorité directe sur les militaires dans le gouvernement a été tenu à l’écart. Il est clair, et la suite l’a prouvé, que la décision d’arraisonner le DC3 n’aurait jamais été prise si l’appareil d’État avait été correctement consulté et il pouvait l’être. De là à penser que c’est pour cela qu’il ne l’a pas été, il y a un pas que personnellement je franchis. »
    Donc les militaires s’en tiennent – et d’évidence préfèrent s’en tenir – à la position catégorique de Max Lejeune : « Je vous couvre. »
     
    À Alger, Lorillot contacte Frandon. Lequel exige un ordre écrit. Nouveau problème. Pierre Chaussade trouve la réponse : il rédige sur-le-champ une « instruction générale » antidatée prescrivant l’interception de tout appareil étranger qui survolerait sans autorisation préalable le territoire algérien.
    À 10 heures, on constate que les plans de vol du Super-Constellation de Mohammed V n’ont pas encore été communiqués aux autorités françaises. Donc l’appareil est en faute ! Donc il tombe sous le coup de l’instruction générale. On franchit le Rubicon : ordre est donné d’arraisonner l’avion.
    10 h 30 : on signale au général Destaillac, commandant la zone de défense aérienne, que l’on n’a toujours pas reçu le plan de vol. L’appareil de Mohammed V est toujours en faute. On met en état d’alerte les Mistral de la base militaire d’Oran.
    11 h 30 : les Marocains transmettent enfin officiellement à Alger les plans de vol du Super-Constellation . À la même heure, une dépêche de l’ Agence centrale de presse fait connaître que les délégués du FLN voyageront, non pas dans l’avion du sultan, mais dans un autre appareil, un DC3. Aussitôt, la V e Région aérienne ordonne à la chasse d’abandonner la surveillance. Dans son Super-Constellation, le sultan, suivi par les radars, va donc traverser l’espace aérien de l’Algérie sans que se produise le moindre incident. Et sans se douter le moins du monde du

Weitere Kostenlose Bücher