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C’était le XXe siècle T.4. De Staline à Kennedy

C’était le XXe siècle T.4. De Staline à Kennedy

Titel: C’était le XXe siècle T.4. De Staline à Kennedy Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Alain Decaux
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message d’atterrissage du DC3 à 16 h 24 à Palma. Aussitôt, le directeur de la compagnie Air Atlas-Air Maroc informe le représentant du gouvernement chérifien du message reçu à 16 h 22 et sollicite des instructions.
     
    À l’aéroport de Palma, les « cinq » du FLN et les journalistes se sont installés au bar. Mlle Lambert et le mécanicien Benauges se sont assis à une table toute proche. De chaque côté, on bavarde sans que les conversations se mêlent. Les journalistes évoquent la possibilité d’une paix prochaine en Algérie. Dans le DC3, Ait Ahmed s’est confié :
    — Nous ne voulons pas seulement l’indépendance politique, mais aussi l’indépendance économique. Il faut que les trois pays d’Afrique du Nord s’unissent. Il faut une fédération.
    Mohammed Boudiaf, lui, ne pense pas que le gouvernement de Guy Mollet puisse entamer une véritable négociation :
    — Les socialistes ont les mains liées. Peut-être d’ici trois mois le prochain gouvernement pourra négocier. Peut-être Pinay. Peut-être un gouvernement fort. Ils ont fait la paix avec le Maroc. Ils peuvent la faire avec nous.
    Le commandant Grellier est resté dans l’appareil. Il attend toujours une réponse aux demandes d’instructions qu’il a adressées à sa compagnie. Rien ne vient.
    De nouveau, je cite le capitaine Chambaud : « À 17 h 16, le radio du contrôle recevait de l’avion l’annonce de son décollage de Palma à 17 h 14 en demandant toujours des instructions de sa compagnie. À 17 h 18, le contrôle recevait du chef des opérations de la compagnie Air Atlas-Air Maroc un message à transmettre au F-OABV lui donnant l’ordre de retourner à Palma et d’y attendre des instructions. J’interceptai à nouveau ce message tout en rendant compte et demandant des ordres à mon commandement.
    « 17 h 30. M. Séguier, chef des opérations de la compagnie Air Atlas-Air Maroc me téléphonait en me demandant de faire transmettre son message à l’avion ainsi que l’accusé de réception de ce dernier. Je lui répondis que je m’en occupais personnellement, mais que j’ignorais si mon opérateur radio était toujours en contact. C’est alors que je compris que M. Séguier avait été averti (officieusement) des ordres que j’avais donnés à l’opérateur radio. Puis, à 17 h 55, je recevais l’ordre du commandant de l’Air au Maroc de faire donner l’ordre à l’appareil d’aller atterrir à Alger   (53) . Ce qui fut exécuté aussitôt. »
    18 heures : le DC3, qui a repris l’air, signale à Air Atlas : « Arrivée prévue Tunis à 21 h 25. »
    À Alger, ce dernier message produit l’effet d’une gifle. Cela va mal. Désormais, c’est la tour de contrôle de Maison-Blanche qui va « causer » avec le DC3. M. Roger Détrie m’a adressé un témoignage très précis à ce sujet :
    « J’étais, à l’époque, commandant de la Base aérienne d’Alger Maison-Blanche. Je ne suis pas intervenu dans la première phase de l’opération, c’est-à-dire pendant le trajet Rabat-Palma du DC3 transportant les chefs du FLN, le 26-10-56.
    « Dans l’après-midi, un colonel de la 5 e Région aérienne m’informa de l’atterrissage de l’avion à Palma, me fit part de sa déception devant l’échec de la tentative d’interception, convaincu qu’il n’y avait plus rien à faire.
    « C’est alors que j’ai eu l’idée de faire intervenir un organisme civil, stationné sur ma base, responsable de la circulation aérienne en Méditerranée. Je demandai donc à M. Dupas, directeur de la Circulation aérienne, de bien vouloir transmettre au DC3 l’ordre de venir se poser à Maison-Blanche. M. Dupas, d’abord opposé à toute intervention, finit par accepter. Le contrôleur, ayant pris en compte le DC3, se chargea avec enthousiasme de convaincre le pilote, commandant de bord Grellier, de se diriger sur Alger. Son travail fut facilité par l’active compréhension du radio, M. Dubos. Leur mérite à tous deux est grand, car le commandant Grellier fut très difficile à convaincre  (54) . »
    De son côté, M. Denis Dubos confirme : « Le commandant Grellier m’a précisé que cette affaire fut aussi, cela va de soi, l’affaire de son équipage : un mécanicien, une hôtesse et un radio, le trafic, graphie et phonie, ayant été assuré par mes soins à plus de 90 %… Seul l’équipage a vécu et souvent orchestré le déroulement de cette

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