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C’était le XXe siècle T.4. De Staline à Kennedy

C’était le XXe siècle T.4. De Staline à Kennedy

Titel: C’était le XXe siècle T.4. De Staline à Kennedy Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Alain Decaux
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danger auquel il s’est trouvé exposé !
    Reste ce fameux DC3 qui va transporter « Ben Bella et consorts ». De celui-là, il va falloir sérieusement s’occuper.
     
    — Le commandant Grellier et son équipage vous souhaitent la bienvenue à bord. L’avion à bord duquel vous vous trouvez est un DC3 de la compagnie Air Atlas. Nous volerons à 2 500 mètres. Nous ferons escale à Palma de Majorque. Nous atteindrons Tunis vers 21 heures.
    La voix stéréotypée de toutes les hôtesses de l’air du monde. Celle-ci est française, mince et blonde. Elle se nomme Michelle Lambert. Bien sûr, le commandant Grellier est français, comme le mécanicien Benauges et le radio Dubos.
    Si cet équipage sait naturellement qu’il va transporter des passagers d’exception, il ne peut se douter que, dans quelques heures, il va se trouver confronté à un terrible dilemme. C’est du moins ce que l’on a pensé. Gaston Grellier a entrouvert à mon intention une porte nouvelle qui laisse quelque peu songeur. Je le cite : « C’est vers 11 heures, à Oran, au passage de l’avion régulier Air Atlas-Air Maroc faisant Alger-Oran-Casa que l’affaire était pratiquement réussie. À bord de cet avion, le radio, ancien du 2 e Bureau, fut contacté par les services secrets d’Oran, afin de savoir qui j’étais et s’il y avait des chances de réussite. Cet ami – décédé depuis – leur répondit en des termes ne laissant aucun doute sur la décision que j’aurais à prendre. Les responsables d’Oran, à cette heure-là, étaient certains de la réussite. Pourquoi ? C’est mon histoire… Ce n’est pas par hasard qu’en tant que sous-officier (premier maître), pilote de l’Aéronavale, j’ai reçu la croix de guerre (deux citations), la médaille militaire, et la Légion d’honneur  (49) . »
    Tout au long de la journée, le commandant Grellier va pourtant manifester avec force son hésitation à se plier aux ordres reçus d’Alger. Ne serait-ce qu’une comédie, jouée avec maîtrise, pour la galerie ?
    À Rabat, le DC3 va décoller. Ben Bella ressent toujours ce malaise qu’il ne parvient pas à chasser. Dans l’avion, en même temps que les Algériens, se trouvent un photographe et des journalistes marocains. Aussi des journalistes français : Christiane Darbor, de l’hebdomadaire Al Istiqlal , Eve Deschamps, de France Observateur , René Lezy, de l’ Agence centrale de presse , et un Américain : Thomas Brady, correspondant du New York Times .
    Avant le décollage, Mohammed Douiri, ministre marocain des Travaux publics, s’est adressé aux « cinq » :
    — L’avion évite les eaux territoriales françaises. Vous faites une seule escale aux Baléares  (50) .
    Rassurant. Pourquoi le malaise de Ben Bella ne se dissipe-t-il pas ? Il sursaute quand il voit l’hôtesse placer, en lui parlant, la main sur le siège qui se trouve devant le sien. Là, dans la poche où voisinent les instructions en cas d’accident et le sac de papier réservé aux nauséeux, Ben Bella a placé son revolver. Une arme peu ordinaire, semblable à celle qu’avaient utilisée les oustachis en 1934 pour assassiner Alexandre de Yougoslavie. Devant le geste de la jeune fille, Ben Bella a réagi avec brusquerie :
    — Laissez donc. J’ai mis là mes affaires.
    En général, Ben Bella aime voyager en avion. Là seulement il se sent en sécurité. Il ne peut oublier que l’on a voulu, à deux reprises au moins, attenter à sa vie. Au Caire, un chauffeur de taxi lui a apporté un paquet. Méfiant, il l’a refusé, conseillant au chauffeur de le rapporter à l’expéditeur. Quelques centaines de mètres plus loin, le taxi et le chauffeur se sont volatilisés.
    À Tripoli, un certain Jean David, colon tunisien, a voulu lui écraser le crâne d’un coup de matraque. Un mouvement de côté l’a sauvé. La matraque n’a fait que glisser le long de sa tête.
    Logiquement, dans ce DC3 il ne risque rien. Logiquement.
     
    En préparant une émission de télévision sur l’affaire Ben Bella, j’ai pu entrer en contact avec un officier appartenant au cadre de réserve, le commandant André Chambaud qui, le 25 octobre 1956, alors capitaine et en tant que chef de la partie militaire du Centre de contrôle de la navigation aérienne au Maroc, avait suivi par radio, heure par heure, le vol du DC3 qui transportait les chefs du FLN  (51) . Il a bien voulu me communiquer des informations précieuses. Je vais désormais

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