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C’était le XXe siècle T.4. De Staline à Kennedy

C’était le XXe siècle T.4. De Staline à Kennedy

Titel: C’était le XXe siècle T.4. De Staline à Kennedy Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Alain Decaux
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l’arrestation des délégués du FLN, on répandra dans Alger un tract qui résume tout : « Le FLN n’a jamais cru dans la bonne foi des gouvernants français. Il ne s’est jamais fait d’illusion sur le désir sincère que la France avait d’une solution au problème algérien conforme à la volonté du peuple algérien… Le seul langage que les Français comprennent est celui de la guerre. La guerre, nous n’avons jamais songé à l’arrêter sur les seules promesses des Français. Cinq de nos dirigeants sont donc arrêtés, mais la machine reste en place…»
    Un peu plus tard, éclatera la bataille d’Alger.
    L’échec de l’expédition de Suez renforcera la rébellion algérienne. Il n’est plus question de négocier. Adieu, les espoirs si concrets exprimés à Rome. Adieu, la participation de Mohammed V et de Bourguiba à une négociation. Marocains et Tunisiens se déchaînent contre la France. En revanche, la presse française de l’époque exprime, quant à l’opération du 22 octobre, un consensus quasi général. On approuve, on exulte. Presque seul – tragiquement – François Mauriac annonce les conséquences à venir de l’événement. L’avenir vérifiera ses alarmes.
    Donc, la guerre continuera. De part et d’autre, les hommes tomberont. En 1956, il était encore temps pour les deux communautés de vivre sous le même ciel : réconciliées. En 1963, l’heure aura passé.
     
    Des prisons. Encore des prisons. Tel sera, pendant six années, le sort de « Ben Bella et consorts ». Ils passeront de la prison de la Santé à l’île d’Aix, puis du château de Turquant au château d’Aunoy.
    Par dérision, en le présentant aux journalistes après son arrestation, un policier avait appelé Ben Bella : « M. le président du Conseil. » Il a fallu six ans pour que se réalise la prédiction. Le 22 octobre a fait, à retardement, d’Ahmed Ben Bella le premier président de la République algérienne indépendante.
    Dans les pays nouvellement libres, l’histoire côtoie sans cesse l’imprévisible. Après trois années de pouvoir, Ben Bella sera chassé par le colonel Boumediene, nouveau chef de l’Algérie, qui l’emprisonnera. Quinze années encore de captivité. Quand Ben Bella est rendu à la liberté, il n’est plus rien.
    Les autres passagers du DC3 ?
    Mohammed Boudiaf, en désaccord avec Ben Bella dès la captivité française, s’est trouvé jeté en prison un an à peine après son retour en Algérie. Ait Ahmed, accusé de fomenter une rébellion en Kabylie, a été arrêté sur l’ordre du même Ben Bella et condamné à mort. Gracié, ce qui l’attendra, c’est l’exil.
    L’exil aussi pour Mohammed Khider, hostile au régime de Boumediene comme il l’avait été à celui de Ben Bella. Il détenait ce qu’on a appelé le « trésor de guerre du FLN » : six milliards d’anciens francs. Le 3 janvier 1967, deux Algériens l’ont attendu à la porte de sa résidence madrilène – et abattu.
    Reste Lacheraf, mêlé par hasard à cette incroyable aventure. Seul, le petit professeur d’arabe à Louis-le-Grand n’a eu à souffrir ni de Ben Bella ni de Boumediene. Il a fait carrière. Il est devenu député, ambassadeur.
    Vraiment, fallait-il détourner l’avion de Ben Bella ?

V

Tragédie à Budapest
    6 octobre 1956
1. Le gibet pour Laszlo Rajk
    Le cimetière de Kerepesi, à Budapest, le 6 octobre 1956. Un fleuve humain. Des hommes et des femmes de tout âge, de toutes conditions qui marchent de ce pas lent et solide qu’adoptent les foules quand elles savent exactement ce qu’elles veulent.
    Face au mausolée de Kossuth – chef de l’insurrection hongroise en 1848 –, une estrade. Devant elle, quatre cercueils. C’est pour honorer ces morts que les gens défilent. Laszlo Rajk, Szönyi, Szalai et Palffy ont été exécutés en 1949, à la pire époque de la dictature de Rakosi, le Staline hongrois. Parmi les 250 000 personnes qui piétinent en silence, en est-il une seule qui ne se souvienne du procès de Rajk, intégralement radiodiffusé ? Toute la Hongrie, de gré ou de force, l’avait entendu. Accusé d’avoir été de tout temps un espion, un mouchard de la police de Horthy, un agent de l’impérialisme américain, un valet du révisionniste Tito, ce communiste exemplaire avait reconnu tous ces crimes. Même, face au procureur, il avait raffiné, ajoutant des détails inédits qui l’accablaient plus encore. Comment douter de sa

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