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C’était le XXe siècle T.4. De Staline à Kennedy

C’était le XXe siècle T.4. De Staline à Kennedy

Titel: C’était le XXe siècle T.4. De Staline à Kennedy Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Alain Decaux
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portent des noms divers : conseil révolutionnaire, conseil national révolutionnaire, comité révolutionnaire, conseil d’ouvriers et soldats, conseil révolutionnaire de travailleurs, comité national révolutionnaire, conseil national, comité national, conseil socialiste de la Révolution. S’étant saisis du pouvoir administratif, ils adressent au gouvernement l’exposé de leurs revendications. Cela se résume presque toujours de la même manière : on réclame la cessation immédiate des hostilités, l’évacuation du territoire hongrois par les troupes soviétiques et des élections libres. On a pu définir ce mouvement comme « un amalgame d’inspiration socialiste, libérale, démocratique, nationale ». Conseils et comités déclarent hautement qu’ils veulent réconcilier le socialisme avec la liberté : avant tout celle de la presse.
    Un rêve ?
     
    D’évidence, ce rêve, les Hongrois sont de plus en plus nombreux à le nourrir. Un exemple : les chefs de l’armée envoient le colonel Maleter combattre un des principaux centres de résistance de la capitale, passage Corvin, en face de la caserne Kilian. Maleter est un communiste de stricte obédience. Ses chefs lui font une totale confiance.
    Il découvre d’abord que les insurgés, à coups de cocktails Molotov, s’attaquent avec une extraordinaire témérité aux chars russes redevenus ennemis. Le voilà étonné : on lui avait parlé de « bandits » et il voit des héros. Quand, sous ses yeux, une douzaine de véhicules blindés soviétiques écrasent sous leurs obus un quartier tout entier, il s’énerve, appelle au téléphone le ministre de la Défense pour qu’il fasse immédiatement cesser le feu des chars russes. Le ministre répond qu’il n’a pas qualité pour diriger les opérations militaires soviétiques. Réaction immédiate de Maleter :
    — Dans ce cas, je fais ouvrir le feu sur le premier char soviétique qui se hasarde dans mon secteur !
    Une heure plus tard, il se rallie aux insurgés qui, enchantés, le proclament chef militaire de l’insurrection. Sous son impulsion, la caserne Kilian deviendra le plus formidable bastion de la révolution.
    Le même jour, les premiers correspondants de presse arrivent à Budapest. Dès lors, le monde entier va vivre à l’heure hongroise. Journalistes et photographes se comptent bientôt par centaines. Après plusieurs essais infructueux, l’un d’eux parvient à pénétrer dans la caserne Kilian : « Des dizaines de chars criblés de balles, des maisons démolies et de nombreux cadavres jalonnent les alentours de l’Alcazar de Budapest. Derrière les murs épais sont rassemblés soldats, étudiants, jeunes ouvriers, tous des gars remarquables. Je rencontre un officier de stature impressionnante, le commandant de ces 1 200 hommes. Il se présente : « Colonel Acs. » Ce qu’il me dit alors, en pleine bataille, il devait, devenu héros célébré, le répéter plus tard : ce « colonel Acs » était, en fait, le légendaire Pal Maleter. « Pour nous, il n’y a que deux solutions. Ou bien nous vaincrons, ou bien nous tomberons. Il n’y a pas de troisième possibilité. Nous avons confiance en Imre Nagy, mais nous ne livrerons nos armes qu’aux troupes régulières hongroises et nous nous mettrons aussitôt à la disposition du nouveau gouvernement, si celui-ci est vraiment un gouvernement hongrois. »
    Le soir du vendredi 26 octobre, la révolution continue à faire tache d’huile à travers le pays. La nuit venue, les combats se poursuivent dans Budapest.
     
    Le 27, la radio annonce la formation d’un nouveau gouvernement. Pour la première fois depuis bien des années, des non-communistes y entrent, tel Bela Kovacs, l’ancien secrétaire général du parti des petits propriétaires – qui a subi dix ans de bagne en Sibérie –, trois autres membres du parti des petits propriétaires et un sans parti.
    Cependant que l’on se bat cruellement dans certains quartiers, dans d’autres on tente toujours de convaincre les Soviétiques que cette insurrection n’est pas contre-révolutionnaire. Des fils du peuple auront-ils le cœur de continuer à tirer sur d’autres fils du peuple ? Nombre de soldats russes paraissent ébranlés.
    Ce jour-là, Radio-Europe Libre entre dans la danse. Financée par les Américains, émettant de Munich, elle est aux mains d’émigrés dont la plupart sont des hommes d’ancien régime. Désormais ils ne vont pas

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