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C’était le XXe siècle T.4. De Staline à Kennedy

C’était le XXe siècle T.4. De Staline à Kennedy

Titel: C’était le XXe siècle T.4. De Staline à Kennedy Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Alain Decaux
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cesser de verser de l’huile sur le feu et chercheront à fanatiser les insurgés en écartant toute éventualité de transaction. C’est ainsi que, le 27 octobre, Radio-Europe Libre déclare tranquillement que la première condition du retrait des Soviétiques doit être « l’évacuation immédiate de la Hongrie par les troupes russes arborant le drapeau blanc …».
     
    Le 28 octobre, la radio de Budapest diffuse un communiqué capital : « Pour éviter de nouvelles effusions de sang et assurer le retour à la paix, le gouvernement de la République populaire ordonne un cessez-le-feu général et immédiat. Il enjoint aux forces armées de ne tirer que si elles sont attaquées. » À 18 heures, Imre Nagy, s’adressant de nouveau au peuple hongrois, fait état d’un accord signé avec les Soviétiques, selon lequel leurs troupes procéderaient à leur retrait définitif dès que les nouvelles forces de sécurité hongroises seraient en place. On l’entend dire avec force :
    — Le gouvernement se refuse à considérer le formidable élan populaire comme une contre-révolution !
    Il convient que des éléments contre-révolutionnaires se sont mêlés au mouvement mais :
    — C’est aussi un fait que s’est développé un grand élan démocratique et national qui a embrasé et unifié notre peuple tout entier.
    Quant aux différents conseils révolutionnaires et comités, il les reconnaît. Il va plus loin : il déclare qu’ils seront intégrés dans l’administration de l’État.
    Tous les commentateurs ont estimé que ce discours, dans l’histoire de la participation de Nagy au mouvement de 1956, a marqué une heure essentielle. Peu à peu, le vieux lutteur se dégage du carcan doctrinaire qui a orienté sa vie depuis tant d’années. On dirait que, pour la première fois, il perçoit, dans sa totalité, le grand courant à la fois socialiste et libéral qui secoue le peuple hongrois. Il vient d’accomplir un grand pas vers lui.
    Au reste, quand il parle d’éléments contre-révolutionnaires, il a raison. D’anciens horthistes mal repentis rêvent d’une restauration du pouvoir fasciste. Les uns et les autres sont au premier rang quand commence la chasse aux AVH. Pendant l’époque stalinienne, nombre d’entre eux se sont conduits avec une sauvagerie inouïe. On leur rend la monnaie de leur pièce. On ne se contente pas de les arrêter, on les assassine froidement, on les pend aux réverbères, aux balcons. On va plus loin : la chasse aux AVH va se doubler d’une chasse aux communistes. Des groupes sans mandat passent les immeubles au peigne fin, se font désigner les étages où habitent des membres du Parti. Bonne façon souvent d’assouvir des vengeances personnelles. De simples militants, dénués de toute responsabilité, payent de leur vie leur appartenance au parti communiste. L’antisémitisme – éternel péché de l’Europe centrale – montre également le bout de l’oreille.
     
    Le 29 octobre, nouvelle apparition à Budapest des inséparables, Mikoyan et Souslov. Ils apportent à Imre Nagy et à Janos Kadar une déclaration du gouvernement soviétique, lequel exprime « sa conviction que les pays socialistes ne permettront pas aux forces réactionnaires de l’étranger et de l’intérieur d’ébranler les bases du régime de démocratie populaire… et qu’ils renforceront leur unité fraternelle et l’aide fraternelle des pays socialistes afin de consolider la grande cause de la paix et du socialisme ». On reconnaît que des erreurs ont été commises par l’URSS en violation du principe de l’égalité en droit des États socialistes. On les condamne. On se dit prêt à engager des négociations avec le gouvernement hongrois concernant la présence des troupes soviétiques sur le territoire de la Hongrie. On est disposé aussi à ouvrir une négociation avec toutes les puissances signataires du pacte de Varsovie.
    Une déclaration conciliatrice. En apparence, tout serait donc pour le mieux dans le meilleur des mondes. Erreur : avant même que Mikoyan et Souslov aient quitté Budapest, Imre Nagy s’est résolu à jouer le tout pour le tout.
     
    Ce que le Vieux a bien dû constater, c’est le gigantesque essor – une véritable explosion – des comités et des conseils dans toute la Hongrie. Partout s’exprime la volonté d’une nouvelle démocratie. À quoi bon feindre de l’ignorer ? S’il veut préserver une influence communiste dans le

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