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C’était le XXe siècle T.4. De Staline à Kennedy

C’était le XXe siècle T.4. De Staline à Kennedy

Titel: C’était le XXe siècle T.4. De Staline à Kennedy Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Alain Decaux
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Millions de travailleurs hongrois : protégez et renforcez – par votre détermination révolutionnaire, votre travail plein d’abnégation et par la consolidation de l’ordre – notre pays, la Hongrie libre, indépendante, démocratique et neutre  !
    Neutre. Tout est là. Moscou ne veut – à aucun prix – de cette neutralité-là. En toute hâte, les dirigeants soviétiques entreprennent un tour de l’Europe de l’Est. Il s’agit d’expliquer l’intervention engagée – et de convaincre qu’il n’existe pas d’alternative. Le 1 er novembre, Khrouchtchev et Malenkov rencontrent Gomulka. Pour la cause hongroise, le Polonais n’éprouve – comme tous ses compatriotes – que de la sympathie, mais quand on déclare à ce militant que la Hongrie s’oriente tout droit vers la restauration d’une démocratie parlementaire, il se cabre. Il se range aux côtés de l’URSS. Comme le font Dej et Novolny que Khrouchtchev et Malenkov viennent visiter à Bucarest. Ils sont infatigables, Khrouchtchev et Malenkov : ils s’envolent pour Sofia où ils parlent avec Liu Shao-Chi. Oui, le Chinois. Car la Chine – qui n’est pas encore brouillée avec l’URSS – verse de l’huile sur le feu. Abandonner la Hongrie à ses errements serait un crime. Un crime ! Les propos de Khrouchtchev et de Malenkov rassurent Liu Shao-Chi. Le 2 novembre, voici les têtes de file soviétiques à Brioni où, de fort mauvaise humeur, les attend Tito. Il juge – et dit avec force – que, dans toute cette affaire, les Soviétiques se sont conduits comme des enfants. Depuis le 23 octobre, le Yougoslave a reconnu en Imre Nagy un autre lui-même. Il n’a pu qu’applaudir à sa volonté d’indépendance. Mais que les Hongrois veuillent maintenant basculer leur pays vers un régime parlementaire, Tito ne peut, pas plus que les Soviétiques, l’accepter. Les Soviétiques reçoivent son approbation, assortie néanmoins d’une mise en garde. Tito demande que l’on ne retombe pas dans les erreurs rakosistes, que la nouvelle Hongrie bénéficie, dans l’esprit du XX e Congrès, d’un statut « positif » et qu’il soit fait appel aux conseils ouvriers et aux comités révolutionnaires surgis spontanément au cours des derniers jours.
    Le 3 novembre au matin, Khrouchtchev et Malenkov quittent Brioni. Rassurés. Nul, dans le monde communiste, ne les condamnera. Pas même Tito.
     
    Dans la matinée du 1 er novembre, Nagy a convoqué l’ambassadeur d’Union soviétique, Andropov. Il l’interroge : pourquoi de nouvelles unités soviétiques sont-elles acheminées en Hongrie ? Face à une telle violation caractérisée du traité de Varsovie, le gouvernement hongrois ne peut que protester solennellement. L’ambassadeur en prend acte et déclare qu’il va informer son gouvernement. Il fera connaître sa réponse dès que celle-ci lui sera parvenue.
    Nagy adresse un télégramme au président du Praesidium du Soviet suprême de l’URSS. Il réclame l’ouverture de négociations immédiates sur le retrait de Hongrie des troupes soviétiques. Il demande que deux délégations soient désignées d’urgence et que, pour leur rencontre, soient fixés un lieu et une date.
    Midi. Andropov appelle Nagy au téléphone. Rassurant : les nouvelles unités russes qui ont franchi la frontière ne l’ont fait que pour relever celles qui ont participé aux combats et pour protéger les ressortissants russes de Hongrie. Quant à la négociation, le gouvernement soviétique donne un accord entier : deux délégations seront rapidement constituées, l’une qui examinera les questions politiques, l’autre qui se penchera sur les problèmes techniques de l’évacuation.
    Dans l’après-midi, averti de toutes parts que l’arrivée des nouvelles forces soviétiques se mue en invasion, Nagy appelle Andropov : puisqu’il en est ainsi, le gouvernement hongrois adressera une plainte au secrétaire général des Nations unies, Hammarskjöld. Dès à présent, la Hongrie dénonce le pacte de Varsovie. Avec effet immédiat.
    17 heures. Convoqué au Parlement, Andropov se voit remettre par Nagy, en présence du Conseil des ministres, une déclaration de la neutralité hongroise.
    Neutralité et indépendance  : les deux mots fulgurants seront le lendemain à la première page de tous les journaux hongrois. L’une et l’autre ne vivront que deux jours.
     
    Lors de la réception de l’ambassadeur Andropov au Parlement, on a particulièrement

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