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Charly 9

Charly 9

Titel: Charly 9 Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Jean Teulé
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appris les langues étrangères ?
    Personne ne lui répond, ni sa femme
(bien sûr), ni madame Portail, ni les gardes dont les archers aux arcs bandés
font craindre qu’un accident n’arrive.
    — Quittez aussi cette salle,
gens de mon escorte. Ma vie n’est point de si grande conséquence qu’elle doive
être continuellement gardée telle qu’au coffre les joyaux de la Couronne.
    Soldats sortis sur le palier, dans
l’ombre de la reine réchauffante qui le soulage un peu – « Heureux le jour
où vous êtes née, Élisabeth, pour m’être si secourable » – le roi observe
d’un regard circulaire la chambre où tout son passé, disons son remords, ricane
à travers la fenêtre du château donnant sur les brumes et soudain il s’exclame
comme sortant du brouillard :
    — Ah, mais que je suis bête
encore ! Dire que j’étais venu pour cela. Qu’est-ce qu’ici dans ce berceau
soudain ?
    — Majesté, né ce matin, c’est
le premier fruit de vos entrailles ! s’enthousiasme madame Portail. Ma
cadette l’allaitera puisque j’ai passé l’âge.
    Charly 9 prend entre ses mains
celles de la reine :
    — Et quoique très pâle, vous
êtes déjà debout comme l’exige la pénible Étiquette. Avez-vous souffert ?
Comment s’est passé l’accouchement ?
    La nourrice du roi relate :
    — L’enfant est apparu
facilement… comme dans un éternuement, ajoute-t-elle alors qu’Arenberg revient
en râlant qu’on se passe d’elle pour les conversations entre le roi et la
reine.
    — Quel prénom, mon épouse,
donnerons-nous à ce dauphin ?
    — Marie-Élisabeth ! répond
la traductrice dont le souverain se demande maintenant si seulement elle
comprend le français.
    — Marie-Élisabeth… articule
lentement la reine, de sa douce voix, en écartant les paumes d’un air navré de
ne pas avoir offert un héritier à la Couronne, mais Charly 9 la rassure
aussitôt :
    — Une fille ? J’en suis
ébahi ! s’exclame-t-il comme, habituellement, ne disent jamais les rois de
France. Je serais, pour ma part, charmé de ne laisser aucune postérité mâle. Ah
ça, ce n’est pas une chose pour quoi je veuille me ronger les ongles.
    Il se met à discourir des rois et
des dauphins :
    — Un héritier du trône doit
apprendre son arbre généalogique et les hauts faits de ses aïeux. Alors moi,
quand mon fils m’aurait demandé : « Et vous, qu’avez-vous accompli
comme exploit, papa ? » qu’est-ce que je lui aurais répondu ?
« La Saint-Barthélemy » ?
    — On peut oublier cet
événement… se mêle au discours l’interprète qui ferait mieux de traduire en
allemand les propos de Sa Majesté.
    — Non, on ne peut pas,
Arenberg. Vous n’avez pas vu cette nuit déplorable ! lui rappelle
sèchement le monarque aux nerfs fragiles. Mon fils m’aurait détesté, lisant en
pâlissant mes sanglantes annales. Avec un long effroi, il aurait contemplé ce
Louvre et maudit les jours où je régnais. Mon œuvre lui aurait fait dresser
d’horreur puis tomber ses cheveux. Je sais que dorénavant dans le monde tout
s’enfuit, tout s’étonne, et gémit à mon nom.
    Observant le nourrisson dans le
berceau, il regrette même sa propre naissance :
    — Ah, si l’on m’avait dit en
cette enfance molle et rose ceci !
    Maintenant, des tics à l’œil et à la
lèvre, dans son manteau bleu ciel des rois, il se dirige vers sa fille :
    — Petit passereau, je suis
content que tu ne sois pas un roitelet mais une alouette…
    Sa main s’approche sous le menton du
bébé. Madame Portail intervient avec autorité :
    — Holà ! Holà ! On ne
touche pas trop au cou de l’oiseau !
    — Je vais lui jouer du cor,
annonce Sa Majesté en portant les doigts au huchet accroché à sa ceinture.
    — Non, non, tout comme la main,
plus loin aussi la trompe de chasse, mon petit Charl…
     

 
17
    Fleurs de camomille flottant à la
surface d’une eau bouillante dans un gobelet d’argent qu’il tient entre ses
doigts dépassant de mitaines en laine, Charly 9, caressant aussi avec
tendresse le long museau d’un lévrier, ne comprend pas :
    — Comment ça, toute la France
rurale est maintenant malade et même, en partie, se meurt à cause de
moi ?!
    — Ben oui, Sire, argumente un
secrétaire assis devant la tapisserie au cerf dans le cabinet du monarque. Vous
avez, l’automne dernier, exigé qu’on mette enfin en application l’édit de
Roussillon qui change la date du début

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