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Charly 9

Charly 9

Titel: Charly 9 Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Jean Teulé
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s’aille
réveillant,
    Bénissant votre nom de louange
immortelle.
     
    Je serai sous la terre et, fantôme
sans os,
    Par les ombres myrteux je prendrai
mon repos ;
    Vous serez au foyer une vieille
accroupie,
     
    Regrettant mon amour et votre fier
dédain.
    Vivez, si m’en croyez, n’attendez à
demain ;
    Cueillez dès aujourd’hui les roses
de la vie.
     
    Charly 9 casse le cou de
l’alouette.
     

 
16
    — Atchoum !
    27 octobre 1572, la comtesse d’Arenberg
éternue en ce jour d’automne soudain froid et pluvieux où l’on s’enrhume dans
les courants d’air des sombres couloirs du bâtiment destiné aux reines.
Catherine de Médicis loge au rez-de-chaussée et l’épouse du roi au premier
étage. Dehors, un brouillard dense, que le vent déplace en volutes lentes, rase
la ville. Paris et sa région semblent pris dans une vaste inondation.
    — Par la chiasse de la Vierge,
ce n’est pas un jour pour aller traquer la bête rousse en forêt, grommelle
Charly 9.
    Il gravit un escalier, escorté par
des gardes portant des flambeaux de cire dont la flamme fait bouillir dans
l’air les particules d’eau en suspension qui tournoient en vapeur. En haut des
marches, la grosse comtesse d’Arenberg, attendant le monarque debout devant la
porte fermée de l’appartement de la reine et mouchoir à la main, interprète la
météo :
    — Atchoum !… Mauvais temps
avant même les premiers jours de novembre veut dire que l’hiver sera glacial
jusqu’à mi-février… Vous voilà seulement, Majesté ? Votre femme se demandait
si l’on vous avait prévenu.
    — Comtesse, j’ordonnais
l’exécution enfin effective d’un inoffensif édit de 1564, alors désolé de
n’arriver que maintenant pour l’événement auquel je voulais pourtant assister.
Est-ce déjà fait ?
    — Oui.
    Le roi passe devant la traductrice
pour aller vers sa jeune femme qui se retourne et sursaute, surprise de voir la
porte de la chambre s’ouvrir.
    — Ce n’est pas le démon, ma
reine. C’est moi, votre époux !
    Un tronc d’arbre flambe dans la
cheminée où Arenberg vient se réchauffer et se moucher plutôt que de traduire
le bonjour du monarque. Une autre femme, assise sur un coffre, se lève et fait
chaleureuse révérence au roi fort content de la trouver là également :
    — Ah, ma nourrice que j’aime
beaucoup quoique huguenote ! Vous a-t-on déjà avertie que j’ai pris aussi,
ce matin, l’ordonnance de vous anoblir ainsi que votre mari. Parce que je vous
ai tant tétée en ma prime enfance, j’ai choisi que l’on représente sur votre
blason une vache d’argent à longs pis dans un champ de fleurs de lys.
    La nourrice simple avec sa robe de
bure et de gros seins qui tendent le linge, chapeau de laine velue sur une
chevelure couleur de châtaigne, en est bouleversée :
    — Oh, je l’ignorais Charl…,
Majesté. Désirez-vous aussi que je me convertisse ?… ce que je ferai sans
contrainte.
    — Le diable m’emporte, madame
Portail, si je me soucie de la religion de ceux qui me servent bien. Votre
époux barbier sera chargé de mes saignées.
    — Antoine vous satisfera !
Vous ne trouverez jamais plus précis que lui pour les piqûres.
    — J’en suis persuadé.
    Charly 9 est de bonne grâce et
agréable, gentil en toutes paroles, courtois, affable, à l’égard de sa nourrice
tout comme il l’est avec son épouse vers qui il pivote :
    — Élisabeth, rayon de soleil à
travers le brouillard…
    Il lui demande excuse de ne plus
venir depuis fin août la visiter très souvent en ses appartements :
    — Mais quand je ne vous vois
pas je me souviens de vous. Traduisez cela Arenberg.
    — Atchoum !
    La jolie reine de dix-huit ans se
passe d’interprète car elle comprend parfaitement les angoisses qui plissent le
front et crispent le sourire de son mari. Elle entrouvre les lèvres sans doute
pour lui dire en son langage : « Votre cœur à moi pour
toujours » et toutes les choses d’usage dans un couple uni mais son époux
ferme de ses doigts la bouche aux louanges. Des mêmes doigts, il baisse ensuite
les paupières de sa femme qui le regardait trop amoureusement.
    — Toujours en moi, Élisabeth,
le remuement de la chose coupable dans ma solitude où s’écœure le cœur.
    Jolie formule qu’Arenberg traduit
par une subite quinte de toux tellement inextinguible qu’elle sort de la
chambre alors que le roi demande :
    — Quelqu’un sait-il où cette
interprète a

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