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Christophe Colomb : le voyageur de l'infini

Christophe Colomb : le voyageur de l'infini

Titel: Christophe Colomb : le voyageur de l'infini Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Patrick Girard
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bénédiction.
    Je me fais un devoir de t’informer que mon neveu, Jacob
de Torres, s’est lié d’amitié avec un fils d’Edom qui a longtemps séjourné dans
ton pays et qui affirme t’y avoir rencontré. Je ne sais trop s’il faut accorder
le moindre crédit à ses dires. Jacob est un brave garçon mais je redoute pour
lui le peu d’importance qu’il attache à nos saintes lois et à nos préceptes.
Les anciens de notre communauté l’ont à maintes reprises mis en garde, en vain.
    Pour une fois cependant, il a fait preuve de sagesse car
le fils d’Edom dont je t’ai parlé semble être très en faveur à la cour où il a
été reçu. La reine Isabelle lui aurait promis assistance et protection et
aurait chargé ses conseillers d’étudier un projet dont je n’ai rien pu
apprendre de précis.
    Je tenais toutefois à t’en prévenir pour te remercier,
une fois de plus, des bontés que tu as toujours eues pour tes frères en Israël,
partout où notre Dieu nous permet de vivre et de prospérer.
     
    Abraham d’Avila.
     
    *
     
    Le 20 avril de l’an de grâce
1487
    De Juan de Coloma, secrétaire de
la chancellerie de
    la très haute et très puissante
Dona Isabelle,
    reine de Castille, au frère
Antonio de Marchena
     
    Sa Majesté vous fait savoir qu’Elle a bien reçu le
rapport que lui adresse votre Commission et qu’Elle estime indispensable de
poursuivre vos travaux pour vérifier le bien-fondé des affirmations faites par
le nommé Cristobal. Certaines sont sujettes à caution, d’autres demandent à
être analysées de plus près, sans qu’il en soit informé et tente d’influencer
votre jugement.
    Sa Majesté prend très à cœur cette question et, en signe
de l’intérêt qu’Elle porte à ce que la Castille soit la première à tirer
éventuellement profit de cette entreprise si elle se fait, Elle a ordonné à Don
Alonso de Quintanilla de verser audit Cristobal, en trois échéances, la somme
totale de quinze mille maravédis.
    Ce dont il sera informé par vos soins.
    Je suis votre fidèle serviteur,
     
    Juan de Coloma.
     
    *
     
    Le 15 mai de l’an de grâce
1487
    De Paolo de Negri à Filippo
Centurione
     
    J’ai rencontré lors de mon séjour à Valence l’abbé de
Montserrat Garcia Jimenez de Cisneros, l’un des plus proches conseillers du roi
Ferdinand d’Aragon.
    Cela te surprendra sans doute mais il m’a beaucoup
interrogé à propos de ton ancien commis et du sérieux qu’il fallait accorder à
ses projets de se rendre à Cypango par la mer Océane.
    Comprenant qu’il cherchait à me sonder et me rappelant
les efforts que lui et les siens ont déployés pour nous chasser d’Alexandrie et
de Beyrouth en payant aux Maures deux fois le prix que nous leur donnions pour
leurs épices et leur poivre, j’ai pris sur moi de lui jouer un tour à ma
manière.
    J’ai feint, auprès d’un marchand aragonais de ma
connaissance, d’être profondément contrarié par la présence à la cour de ton
commis et de la perte que constituait, à nos yeux, ce que j’ai appelé sa
trahison d’un de nos secrets les mieux gardés.
    Je suppose que ces propos ont été rapportés à qui de
droit et que, de la sorte, les Castillans et les Aragonais vont s’aventurer sur
la mer Océane à poursuivre je ne sais trop quelles chimères.
    Fais-moi savoir si j’ai sagement agi.
     
    Paolo di Negri.
     
    *
     
    Le 20 août de l’an de grâce
1487
    De Filippo Centurione à Paolo di
Negri
     
    Non seulement tu as sagement agi mais je vais avoir à
nouveau recours à tes talents. Il est de la plus haute importance que tu
tournes désormais en dérision ce Cristoforo que j’ai eu grand tort de prendre
pour un fieffé imbécile. Fais en sorte que tes interlocuteurs lui attachent un
crédit qu’il est loin de mériter, tant ses lectures lui ont tourné la tête.
Emploie à son égard les termes les plus crus et les plus moqueurs afin
d’éveiller leurs soupçons et de leur faire croire que nous ne serions pas
mécontents de son éventuelle disgrâce.
    Je t’en dirai plus à ton retour.
     
    Filippo Centurione.

 
8
Un rêve en suspens
    Les coups redoublaient d’intensité sur les lourds vantaux de
la boutique. Bien au chaud dans son lit, Bartolomeo se demandait qui pouvait, à
pareille heure de la nuit, faire un tel tapage. Des marins chassés de la
taverne voisine pour avoir trop bu ou refusé de payer leur écot ? La chose
était possible. Mieux valait dans ce cas ne point se montrer.

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