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Christophe Colomb : le voyageur de l'infini

Christophe Colomb : le voyageur de l'infini

Titel: Christophe Colomb : le voyageur de l'infini Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Patrick Girard
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conséquences
pour lui et les siens. Pis, il l’avait comme poignardé en plein cœur en lui
racontant qu’il avait fait venir de La Mine, pour son service personnel, une
esclave nommée Maria au récit de laquelle il avait, tout naturellement, refusé
de croire. Elle ne pouvait avoir épousé le cartographe, avait-il murmuré d’un
air mauvais, enfin, c’est ce qui lui semblait. Il était prêt à fermer les yeux
sur cette affaire ou à renvoyer la bougresse à son Afrique natale, pour autant
qu’il ait la certitude et l’assurance que sa confiance ne serait pas trahie.
    Quelques jours plus tard, en croisant le frère Juliao,
Bartolomeo n’avait pu s’empêcher de lui reprocher d’avoir trahi leur pacte. Le moine
avait baissé la tête, grommelant qu’il y avait été contraint et forcé par la
faute de l’un de ses cadets. Cet idiot avait dérobé une grosse somme d’argent à
un négociant florentin et aurait risqué de périr sous la hache du bourreau,
place du Vieux Pilori, s’il n’avait pas accepté d’exécuter les ordres de José
Vizinho. Bartolomeo lui avait fait remarquer que c’était la seconde fois qu’il
lui servait pareille menterie. La première fois, cela avait été pour le
contraindre à recopier une lettre et une carte destinées à son frère.
Devrait-il vivre constamment sous la menace du chantage, tout cela parce qu’il
n’avait pas su maîtriser ses sens dans sa jeunesse ? Si c’était le cas, il
préférait encore que la vérité éclate. Juliao, visiblement ému par sa détresse,
lui avait juré que plus jamais il n’aurait à craindre quoi que ce soit de sa
part. Il avait feint de le croire.
    Reste qu’il avait indéniablement commis une nouvelle faute
en ne prévenant pas son aîné de cette expédition. À quoi bon d’ailleurs ?
Elle s’était soldée par un échec retentissant. Fernao d’Ulimo s’était associé
avec un négociant de Terceira, Joao Estreito. Ils avaient envoyé deux navires
en direction de l’ouest. L’un d’entre eux avait sombré, l’autre avait rebroussé
chemin non sans mal après s’être trouvé, des journées durant, immobilisé sur
une mer aussi calme qu’un cimetière. Fernao d’Ulimo s’était bien gardé de
reparaître à la cour. Il avait liquidé ses biens à Terceira et était reparti
pour la Flandre où il avait repris son nom de Ferdinand van Olmen et sa place
dans le château familial.
    Cristoforo avait écouté les explications de son frère. Comme
à l’habitude, celui-ci racontait par le menu tous les détails de l’affaire mais
se gardait bien d’expliquer les véritables raisons de sa conduite. Surtout,
même s’il avait été contraint d’agir de la sorte, ce qui se laissait concevoir,
rien ne lui interdisait de le prévenir. Il aurait préféré l’apprendre par une
lettre de sa part plutôt que d’en être informé par les confidences d’un marin
pris de boisson dans une taverne de Séville. Cet imbécile s’était vanté auprès
d’autres ivrognes d’avoir échappé à la mort lors d’un périple aventureux sur la
mer Océane, et avait clamé que le capitaine du navire s’était laissé induire en
erreur par les cartes que lui avait fournies un marchand génois de Lisbonne
dont le frère avait fui le Portugal dans d’étranges circonstances.
    Les agents de la Santa Hermandad lui avaient mis la main au
collet et l’avaient longuement interrogé avant de prévenir Cristobal. Ce
dernier savait que cette mystérieuse confrérie faisait régner l’ordre en
Castille, tant dans les campagnes que dans les villes, et qu’elle disposait
d’une véritable nuée d’espions et de délateurs. Elle avait recours à des
tribunaux spéciaux habilités à rendre la justice et réputés plus sévères que
les tribunaux royaux. Quand il avait évoqué cette histoire avec Antonio de
Marchena, le custode avait souri :
    — Je connais bien l’un de ses dignitaires, un nommé
Luis de Santangel, un fils de Nouveaux Chrétiens attaché au service de la reine
Isabelle. Vous ne l’avez jamais vu et vous ne le rencontrerez peut-être jamais.
Il sait toutefois qui vous êtes et en quelle estime vous tient notre
souveraine. Il ne me surprend donc guère qu’il vous en ait prévenu
indirectement par l’un de ses commis. C’est en tous les cas une information de
première importance. Passons sur la faute inexplicable commise par votre frère
et que des membres de la commission, s’ils le savaient, pourraient

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