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Christophe Colomb : le voyageur de l'infini

Christophe Colomb : le voyageur de l'infini

Titel: Christophe Colomb : le voyageur de l'infini Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Patrick Girard
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et lorgnent comme vous le savez sur
l’Italie. Ce n’est pas Gênes et son port qui attisent leur envie, c’est le
Milanais et ses champs. Croyez-m’en, vous faites une erreur et réaliserez
rapidement que vous avez frappé à la mauvaise porte. D’autres ici sont prêtes à
s’ouvrir.
    — Qu’entendez-vous par là ?
    — J’ai des navires et de bons équipages avec lesquels
je travaille depuis des années. Il ne me déplairait pas de vous voir venir
travailler avec moi. J’ai l’argent, vous avez les projets, associons-nous, vous
verrez que vous ne regretterez pas d’être resté en Castille.
    — Je vous remercie de cette proposition. Mais l’on a dû
vous dire que je n’étais pas le maître de mon destin. Je suis au service de
votre reine ou, plus exactement, celle-ci m’interdit de lui prouver mon
dévouement et ne m’autorise pas à m’employer auprès d’autres. Voilà pourquoi
mieux vaut pour moi partir pour la France et rompre à tout jamais avec la
Castille. Ne prenez pas mal ce que je vais vous dire. Je n’ai nulle intention
de me contenter de menus trafics avec la côte de Guinée. Car c’est pour cela
que vous souhaitez mon aide. La richesse ne m’intéresse pas.
    Le frère Juan Perez avait baissé la tête. Sans doute se
sentait-il responsable des malheurs de Cristobal, et impuissant à les réparer.
Aussi est-ce en criant presque au miracle qu’il avait laissé éclater sa joie en
recevant, deux semaines plus tard, une invitation de la reine Isabelle à
paraître, avec son protégé, à la cour dès que celle-ci aurait achevé son
transfert sous les murs de Grenade. La reine se souvenait, dit-il à Cristobal,
qu’il avait été son confesseur et souhaitait sans doute leur annoncer une bonne
nouvelle. Le frère Juan Perez avait ajouté qu’il y en avait déjà une. Émue de
la situation matérielle de Cristobal privé de pension depuis bientôt deux ans,
la souveraine lui avait octroyé une aide de vingt mille maravédis et fait
parvenir les documents attestant que lui et le moine seraient logés et nourris,
durant tout le temps de leur mission, aux frais de la Couronne, par les
autorités des villes où ils séjourneraient.
    C’est ainsi qu’ils étaient arrivés, fin septembre 1491, au
camp de Santa Fé établi à proximité de Grenade. Loin d’être un simple camp de
tentes, c’était une véritable ville organisée autour du croisement de deux rues
principales bordées de maisons édifiées à la hâte. Une ville prévue pour durer.
Isabelle de Castille et Ferdinand d’Aragon avaient juré d’y résider jusqu’à la
chute de Grenade. Il n’était pas question pour eux de repartir, à l’automne,
vers leurs résidences de prédilection. Ils entendaient rester au milieu de
leurs troupes, des troupes dont les bivouacs s’alignaient à perte de vue dans
la plaine aux alentours. Pourtant, les combats entre Maures et Chrétiens
avaient cessé. Les deux partis s’observaient de loin, se gardant de toute
provocation inutile. À Cristobal qui s’en étonnait, le frère Juan Perez
expliqua que de délicates tractations étaient en cours entre l’émir Boabdil et
les souverains. Le monarque musulman était enclin à capituler après avoir fait
mine de résister mais savait que toute précipitation pourrait entraîner sa mort
lors d’une émeute déclenchée par les partisans de la résistance à outrance.
Mieux valait attendre le moment propice où, à court de vivres et désespérant de
l’arrivée de renforts, les défenseurs de la cité consentiraient à en ouvrir les
portes aux Chrétiens.
    La reine avait fait bon accueil à son ancien confesseur et à
son protégé :
    — Vous le voyez, messire Cristobal, Grenade est sur le
point de tomber sans que le Soudan de Babylone ait mis à exécution sa menace de
raser le Saint-Sépulcre.
    — Grâces en soient rendues à Dieu ! Mais il nous
faut toujours songer à la délivrance du Tombeau de Notre-Seigneur.
    — J’entends bien et ne l’oublie pas mais je songe à
d’autres moyens plus propices à hâter le triomphe définitif de la vraie foi.
C’est mon secret et frère Perez est tenu de n’en rien dire. Sachez que mes
conseillers me pressent fort de donner une réponse à leur rapport. Je leur ai
dit que je ne le ferai pas avant que Grenade ne se rende. Restez ici pour
assister à cet événement sans précédent puisqu’il nous plaît de pourvoir à
votre entretien. J’ai chargé l’un des conseillers de

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