Bücher online kostenlos Kostenlos Online Lesen
Christophe Colomb : le voyageur de l'infini

Christophe Colomb : le voyageur de l'infini

Titel: Christophe Colomb : le voyageur de l'infini Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Patrick Girard
Vom Netzwerk:
comportement. Je lui ai fait miroiter que, grâce à
mon influence, il obtiendrait cette fameuse flotte. Je l’ai bercé de fausses
promesses et de belles illusions. J’ai outrepassé mon rôle et je dois être le
premier à en supporter les conséquences. Qu’on me punisse comme il se
doit ! Perdre ma charge de prieur ne sera pas un très lourd châtiment.
    Luis de Santangel avait alors tonné :
    — Vous dites avoir outrepassé votre rôle ! Ne vous
en déplaise, mon frère, c’est arranger la vérité à votre guise et vous fournir
des excuses à bon compte. Il serait bien plus exact de dire que vous n’avez
rien fait. Le reproche vaut aussi pour les autres membres de la commission.
Tous, vous avez refusé de lui apporter votre aide au moment où il en avait le
plus besoin. Aucun d’entre vous n’a eu le courage de se lever et d’affirmer à
ses pairs que l’homme qui se trouvait devant eux disait la vérité et qu’il
méritait d’être encouragé et soutenu. Ce que vous appelez l’amitié, c’est
seulement le fait de l’avoir autorisé à s’exprimer. Il aurait été autrement
plus décisif de parler en sa faveur, en oubliant les blessures d’amour-propre
qu’il vous avait infligées à chacun en particulier. Depuis des semaines,
j’étudie ce dossier et je me suis rendu compte qu’il aurait suffi de peu pour
que ce malheureux obtienne justice et réparation.
    — Qu’entendez-vous par là ?
    — Il aurait suffi que l’un d’entre vous abonde dans son
sens et affirme que ses dires n’étaient pas de simples hypothèses, qu’ils se
fondaient sur certains faits dont le moindre matelot a connaissance.
    Le moine dévisagea Luis de Santangel.
    — Êtes-vous sérieux ?
    — Croyez-vous que j’aie envie de m’amuser ? Cette
affaire tourne à la farce de par votre faute et celle de vos collègues. Ce
n’est pas à la reine que vous devez demander pardon mais à votre protégé. Dieu
me préserve d’avoir des amis tels que vous ! Et puisse Dieu éviter à
l’Espagne d’avoir à l’avenir pareils serviteurs ! Vous préférez la priver
de fabuleuses richesses plutôt que de blesser la sensibilité de vos pairs. Leur
susceptibilité vous tient plus à cœur que les intérêts de la Couronne.
    Luis de Santangel était sur le point de prendre congé du
prieur quand il vit que ce dernier avait le visage baigné de larmes. Il lui
tendit un gobelet de vin que le moine but d’un trait avant de lui expliquer
qu’il avait d’importantes choses à lui dire. Jusque-là, il n’avait pas voulu en
parler car il était tenu par le secret de la confession. L’affaire était
toutefois trop grave pour qu’il continuât à s’abriter derrière ce prétexte. Il
était prêt à mettre en danger son propre salut plutôt que de laisser commettre
une injustice sans nom si ce que disait Santangel était vrai. Peu importe ce
qu’il adviendrait de lui, il était prêt à témoigner, sous serment, que
Cristobal lui avait confié, en se confessant à lui, que deux matelots de sa
connaissance lui avaient affirmé être parvenus jusqu’à une terre habitée,
située à l’ouest des Açores, et en être revenus grâce aux vents et aux courants
favorables qu’ils avaient trouvés sans mal à une certaine période de l’année.
Les deux hommes étaient malheureusement morts.
    Luis de Santangel le questionna brutalement :
    — Cristobal est-il le seul à avoir eu vent de leurs
déclarations ?
    — Il m’a affirmé, en pesant ses mots, que l’un de ces
matelots s’en était sans doute confessé à un prêtre de sa connaissance.
    — Qui est-il ?
    — Il m’en a dit le nom.
    — Et vous n’avez pas cherché à en savoir plus ?
    — J’ai écrit à l’un de mes amis, l’évêque de Ceuta, lui
demandant d’interroger ce prêtre.
    — L’a-t-il fait ?
    — J’attends encore sa réponse. Je le connais assez bien
pour savoir que s’il n’entendait pas donner suite à ma pressante demande, il me
l’aurait fait immédiatement savoir.
    — Que se passerait-il s’il vous confirmait le
fait ?
    — Je ne préfère pas l’imaginer. Je serais alors encore
plus coupable que je ne le suis actuellement.
    Luis de Santangel, en proie à une vive émotion, avait planté
là le moine, prétextant qu’une affaire urgente l’appelait. En se rendant à
l’Alhambra, où vivaient désormais les souverains, il avait croisé l’un de ses
pires ennemis, Pablo de Santa Maria. Les deux hommes se

Weitere Kostenlose Bücher