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Christophe Colomb : le voyageur de l'infini

Christophe Colomb : le voyageur de l'infini

Titel: Christophe Colomb : le voyageur de l'infini Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Patrick Girard
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lesdites trois caravelles, au prix payé
aux autres gens qui iront sur lesdites trois caravelles, y compris celle que
nous lui avons donné ordre de fréter, prix que, communément, on est accoutumé
de payer sur cette côte aux gens qui partent en mer sur une flotte. Et qu’une
fois partis, vous suiviez la route que, de notre part, il vous ordonnera de
suivre, et que vous obéissiez à ses ordres et gouvernement, en sorte que ni
vous, ni ledit Cristobal Colon, ni aucun autre de ceux qui iront sur lesdites
caravelles, n’aillent à La Mine, ni nulle part qui soit de son ressort qui appartient
au sérénissime roi du Portugal, notre frère, parce que notre volonté est
d’observer et qu’on observe ce qu’avec ledit roi du Portugal nous avons traité
et établi à ce sujet. Et vous, portant ce qui fera foi, par seing de notre dit
capitaine, de son contentement de votre service sur les deux dites caravelles
affrétées, nous vous tiendrons absous de ladite peine qui par ceux de notre
Conseil vous fut imposée. Et dès à présent jusqu’alors, et dès lors à présent,
nous, nous nous estimons bien servis de vous avec lesdites caravelles, et selon
et comme il vous fut ordonné par tous ceux de notre Conseil, avec
l’avertissement que nous faisons pour le cas où vous n’obéiriez pas, ou nous
opposiez excuse ou moyens dilatoires, nous donnerions ordre d’exécuter sur vous
et sur chacun d’entre vous et vos biens les peines prévues par ladite sentence
qui contre vous fut prononcée. En conséquence que ni les uns ni les autres
d’entre vous n’agissiez d’autre sorte sous peine d’encourir notre défaveur et
le paiement de chacun dix mille maravédis à notre Chambre…
    Un cri monta de la foule rassemblée dans l’église. Elle
n’avait rien compris à ce qu’avait lu le frère Perez. Il parlait dans la langue
dont usaient les prêtres et les seigneurs, comme si les puissants prenaient un
malin plaisir à affirmer leur supériorité sur les pauvres en les privant
également de l’entendement. Mais les derniers mots étaient clairs. Chaque feu
se voyait frapper d’une amende de dix mille maravédis. C’était trois fois plus
que ne gagnait un bon matelot en une année quand il trouvait à s’employer douze
mois sur douze. La ruine les menaçait tous. Une femme commença à hurler, vite
imitée par ses commères qui poussaient leurs cris stridents en se signant et en
brandissant le poing contre les alcades. Le frère Juan Perez eut bien du mal à
rétablir l’ordre et à expliquer, en termes simples et clairs, que les dix mille
maravédis ne seraient jamais exigés de quiconque si la ville de Palos
fournissait effectivement les deux caravelles que réclamait la Couronne. Bien
mieux, ajouta le moine, c’était une véritable aubaine pour les marins du lieu.
Ils seraient recrutés en priorité par les capitaines, son ami l’amiral des mers
Océanes s’y étant engagé auprès de lui. Il lui avait d’ailleurs remis une liste
de ceux qu’il jugeait particulièrement méritants. Pour donner du poids à ses
paroles, il contempla la foule et interpella joyeusement ceux qu’il
reconnaissait : « Je t’ai désigné, Francisco Garcia Vallegas, et toi
aussi, Juan de Merida, et toi aussi, Sancho de Ramza ! » Chacun des
hommes ainsi nommé sortait du rang, le sourire aux lèvres, se dandinant
maladroitement comme pour mieux faire admirer sa force et sa vigueur. Les
femmes, qui avaient séché leurs larmes, se mirent à tenir des propos joyeux,
avant que le moine ne les invite à se taire et ne convie l’assistance à
entonner le Salve Regina.
    Quand la foule se fut dispersée, Martin Pinzon se tourna
vers les alcades et leur dit d’un air mauvais :
    — À vous de vous procurer ces deux caravelles dans les
plus brefs délais. Faites diligence car vos administrés, à ce qui m’en semble,
ne vous pardonneraient pas un échec.
    Diego Rodriguez Prieto protesta :
    — C’est nous assassiner froidement. Vous êtes le
premier à savoir que tous les navires disponibles ont pris la mer ou ont été
affrétés par vous.
    — Trouvez-en d’autres.
    — C’est impossible. Le départ des Juifs a fait monter à
ce point les prix qu’aucun armateur n’acceptera nos propositions. Il préférera
faire fortune sur le dos des proscrits.
    — Comme vous le faisiez jadis en trafiquant
illégalement avec la côte de Guinée. Tout se paie un jour, messeigneurs.
Néanmoins, par le souci que j’ai non de

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