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Christophe Colomb : le voyageur de l'infini

Christophe Colomb : le voyageur de l'infini

Titel: Christophe Colomb : le voyageur de l'infini Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Patrick Girard
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peur d’être veuve. Rien ne garantissait en effet que son
Rodrigo reviendrait de son périple. Certes il avait échappé aux foudres de la
justice mais son parent le condamnait de facto à mort en le faisant partir avec
la flotte.
    Il avait laissé éclater sa colère :
    — Tu es encore plus bête que lui. Crois-moi, si cela ne
tenait qu’à moi, je serais le premier à partir avec cette flotte. J’ai navigué
au large des Açores et, à chaque fois, j’ai été déçu quand notre navire devait
rebrousser chemin car sa progression était freinée par d’immenses champs d’herbes
qu’il nous était impossible de contourner. Dommage, car je suis sûr qu’il
existe une terre vers l’ouest.
    — Que ne pars-tu à la place de mon Rodrigo ?
    — Il est jeune et je suis trop vieux. L’amiral n’a pas
voulu de moi, même s’il a écouté avec attention mes récits. Il me les a fait
répéter hier devant tous les marins réunis à l’église Saint-Georges. D’après
lui, mes propos ont convaincu ces coquins. Il n’a plus eu aucun mal à recruter
les hommes dont il avait besoin : vingt-quatre pour la Niña, vingt-six
pour la Pinta et quarante pour la Gallega qu’il a décidé de
rebaptiser la Santa Maria et d’en faire son navire amiral. C’est à son
bord que voyagera ton mari, je me suis arrangé avec le chirurgien du bord, un
certain Juan Sanchez, pour qu’il le prenne à son service. Profite bien de ton
époux pendant les quelques jours qui te restent. Leur départ est prévu au
vendredi 3 août.
     
    *
     
    Le 15 février de l’an de
grâce 1492
    De Diogo Ortiz de Vilhagas,
évêque de Ceuta,
    à Luis de Santangel, trésorier de
la Maison d’Aragon
     
    Mon cher fils,
    C’est avec plaisir que je te confirme ce que je t’ai dit
lors de ma visite à Grenade où j’étais venu, avec les ambassadeurs de mon
maître, le roi Dom Joao II de Portugal, féliciter Leurs Majestés
catholiques pour la prise de cette cité.
    Voilà nos deux royaumes débarrassés à jamais de cette
engeance maudite, les Maures. Je m’en réjouis d’autant plus que Grenade était
comme une épée pointée contre ma bonne ville de Ceuta. Nous pouvons enfin
respirer et ne plus craindre pour notre avenir grâce à l’exploit de l’Aragon et
de la Castille.
    S’agissant de ce que t’avait confié mon excellent ami, le
prieur de la Rabida, l’illustre et très pieux frère Juan Perez, j’avais fait
diligence dès réception de sa lettre, jugeant toutefois plus prudent de ne rien
lui communiquer avant la fin de mon enquête.
    J’étais bien résolu à rechercher la vérité, y compris en
levant exceptionnellement le secret de la confession auquel étaient astreints
certains. Malheureusement, cela n’a pas été nécessaire. Les deux personnes que
je comptais interroger ont péri de manière violente et inexpliquée. Le frère
Juliao, portier du monastère de Tous les Saints à Lisbonne, a été retrouvé
assassiné dans sa cellule, au retour d’un entretien qu’il avait eu à la Maison
de La Mine et des affaires de Guinée. Le père Antao Pereira, curé de Porto
Santo, a disparu lors d’un séjour qu’il avait effectué à Funchal. Son corps a
été retrouvé dans une llevada au-dessus de la ville.
    Ces deux morts ont suscité une intense émotion et la
rumeur publique affirme que les victimes ont payé le fait d’avoir éventé
certains secrets dont elles étaient détentrices. Si tel était réellement le
cas, d’autres et non des moindres pourraient connaître le même sort.
    Je confie cette lettre à un cousin de mon homme de
confiance. C’est un matelot portugais, Juan Arias, qui se rend à Palos dans
l’espoir d’y trouver un embarquement. C’est un joyeux luron, fort en gueule
mais le plus excellent et le plus habile des hommes, que tu pourrais employer
utilement à ton service.
    Je suis ton obligé,
     
    Diogo, évêque de
Ceuta.
     
    *
     
    Le 1 er  mars de
l’an de grâce 1492
    De Luis de Santangel, trésorier
de la Maison
    du roi d’Aragon, à Juan de
Coloma, secrétaire
    de Leurs Majestés
     
    La volonté de Leurs Altesses royales est d’accorder tout
ce que le nommé Cristobal requiert et exige pour prendre le commandement de
trois caravelles qui doivent mener une certaine mission sur la mer Océane.
    Ces requêtes ont beau être extraordinaires et hors du
sens commun, les renseignements dont je dispose me laissent à penser qu’elles
sont peu de choses au regard de ce que nous

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