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Christophe Colomb : le voyageur de l'infini

Christophe Colomb : le voyageur de l'infini

Titel: Christophe Colomb : le voyageur de l'infini Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Patrick Girard
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prison. Elle avait ajouté que, même condamné à une peine légère, il ne
trouverait plus jamais à s’embarquer et qu’ils seraient tous deux condamnés à
la misère.
    Même s’il n’y avait pas eu mort d’homme, l’affaire était
grave. Des dizaines de marins s’étaient rassemblés pour entendre le verdict, se
demandant ce que ce damné Pedro allait leur réserver comme surprise. Ils ne
furent pas déçus. Les amis de Rodrigo poussèrent des cris déchirants quand le
juge, un mauvais sourire aux lèvres, déclara en désignant le coupable :
    — Nul ne pourra me reprocher mon indulgence envers un
parent. Je le condamne à la pire peine qui soit à ses yeux.
    Cette phrase avait provoqué un véritable tumulte.
Quoi ? Le malheureux serait roué ou écartelé pour ce qui n’était au fond
qu’une peccadille ? Puis un gigantesque rire avait secoué la foule quand
Pedro Vasques avait ajouté :
    — Ceux qui sont amateurs de sang versé en seront pour
leurs frais. Je condamne Rodrigo de Triana à partir avec la flotte de Don Cristobal
et le dispense de toute autre peine. J’en ai le pouvoir de par le mandement de
la reine et du roi.
    Juan Arias l’interrompit :
    — C’est faux et tu le sais bien.
    — Gare à toi si tu persistes dans cette insolence. Elle
pourrait te coûter cher. Écoute plutôt ceci qui a été paraphé par Leurs
Majestés : À ceux de notre Conseil et auditeurs de notre Audience,
corregidors, assistants, alaces et alguazils, mérinos et autres magistrats, de
quelques villes, bourgs et lieux que ce soit de nos royaumes et seigneuries, et
à chacun quel qu’il soit parmi vous à qui notre lettre sera présentée, ou sa
copie conforme à l’original, signée par un notaire, salut et grâce !
    Sachez que nous envoyons Cristobal Colon sur la mer
Océane pour y accomplir certaines choses de notre service et que, pour y mener
les gens dont il a besoin sur les trois caravelles avec lesquelles il part, il
dit qu’il est nécessaire de donner sécurité aux personnes qui partiront avec
lui, sinon personne ne voudrait l’accompagner en ce voyage. Et, pour sa part,
il nous a suppliés que nous donnions cet ordre, et nous l’avons trouvé bon.
Ainsi, par la présente, nous accordons ladite sécurité à toutes et quelles que
soient les personnes qui iront sur lesdites caravelles avec ledit Cristobal
Colon dans ledit voyage qu’il accomplit sous notre commandement sur ladite mer
Océane, comme il est dit, pour que ne leur soit fait aucun mal ni tort ni
dommage aucun en leurs personnes et biens, ni aucune autre chose, en raison
d’aucun délit encouru ou commis jusqu’au jour de la date de cette nôtre
présente lettre, et durant le temps qu’elles seront parties, et y compris leur
retour en leurs maisons et deux mois après. Et pour ce, nous vous ordonnons à
tous et à chacun de vous en vos lieux et juridictions, de ne juger aucune cause
criminelle touchant les personnes qui partiront avec ledit Cristobal Colon sur
lesdites trois caravelles et pendant le temps susdit ; parce que notre
désir et volonté est que tout cela soit ainsi suspendu. Et que ni les uns ni
les autres ne fassiez ni ne fassent par conséquent aucune autre chose, sous
peine d’encourir notre défaveur, et dix mille maravédis pour notre Chambre, de
chacun qui le contraire ferait.
     
    La foule se dispersa. Rodrogo de Triana paraissait déconfit.
Ainsi donc, il se voyait condamné à partir sur la mer Océane, ce à quoi il
s’était refusé avec la plus grande force. Ses amis se moquaient de lui,
l’accablant de leurs sarcasmes et lui faisant remarquer qu’il se trouvait en
bien mauvaise compagnie.
    Quatre autres personnes avaient bénéficié d’une mesure
similaire, des criminels endurcis. L’un d’entre eux, Bartolomé de Torres, avait
tué un marin et été condamné à mort. Il avait réussi à s’évader de sa prison
grâce à trois de ses compagnons qui avaient assommé les gardes et laissé pour
morts deux d’entre eux. Dans l’impossibilité de se cacher plus longtemps, ils
avaient négocié avec l’alcade leur grâce et s’étaient engagés à partir sur la Pinta.
    Deux semaines après l’audience, Rodrigo de Triana et son
épouse avaient rendu visite à Pedro Vasques de la Frontera pour le remercier.
Le vieil homme avait grommelé quelques mots incompréhensibles. Par contre, il
s’était fâché tout court quand sa petite-nièce lui avait confié en secret
qu’elle avait bien

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