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Christophe Colomb : le voyageur de l'infini

Christophe Colomb : le voyageur de l'infini

Titel: Christophe Colomb : le voyageur de l'infini Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Patrick Girard
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les
pousse à induire en erreur ceux qui pourraient contrarier leurs projets ou les
reprendre à leur compte.
    Pour ce faire, ils ont forgé un abominable complot et
m’ont fait croire à l’existence d’une autre route, abusant de ma faiblesse et
de ma crédulité. Je le sais par un message que m’a fait passer, peu de temps
avant sa mort cruelle, l’évêque de Ceuta, qui a sans doute rejoint au paradis
mes amis, frère Juliao et le père Pereira, eux aussi disparus de manière
tragique.
    Ces soupçons que je nourrissais depuis longtemps, sans
jamais avoir le courage de les exposer ouvertement, m’ont amené à retarder le
plus longtemps possible mon départ. Au point d’éveiller la méfiance et la
colère de l’un de mes associés, Martin Alonso Pinzon.
    Je m’en suis ouvert en confession à mon directeur de
conscience, le frère Juan Perez, que je sais être muet comme une carpe. Je l’ai
supplié de me délivrer de ce poids insupportable à porter et d’obtenir de Leurs
Majestés leur pardon.
    Il n’a rien voulu savoir et m’a ordonné d’apposer ma
signature en bas de tous les documents qui lui avaient été remis et de préparer
ce voyage comme si Cypango n’attendait que moi. Selon lui, les rêves sont plus
forts et plus vrais que les faits et ils se réalisent quand Dieu le juge
nécessaire et indispensable à Sa gloire comme ce serait le cas maintenant.
    Me voilà donc réduit à partir pour habiller mes mensonges
d’un peu de vraisemblance, en laissant à Notre-Seigneur et à Sa Très Sainte
Mère le soin de me guider le long de ma route et d’atténuer mon probable échec
par la douleur que certains éprouveront à la perte de cette flotte. C’est la
condition pour que le rêve reste intact et qu’aux yeux des générations à venir,
je passe pour un précurseur malheureux et non pour le trop docile instrument
d’intérêts qui me dépassaient.
    C’est te dire combien il est urgent que tu te rendes à
Cordoue pour prendre soin des miens.
     
    Ton frère,
Cristoforo.

 
10
Des mirages sur les flots
    Les bannières de Castille et d’Aragon avaient été hissées
dans un grand concert d’acclamations sur les murailles de la ville. De partout,
ses habitants se précipitaient en dehors de l’enceinte pour accueillir l’armée
qui chevauchait à travers les collines arides. Ce n’étaient que cris de joie
poussés dans toutes les langues par des milliers de poitrines. L’enthousiasme
atteignit son paroxysme quand apparut le cortège des souverains vainqueurs. Le
roi Ferdinand d’Aragon et la reine Isabelle de Castille chevauchaient aux côtés
du Grand Khan et du Prêtre Jean, juchés sur de somptueux destriers.
    Un homme se détacha de la foule pour les saluer. Il était
revêtu de la robe des tertiaires de saint François. À sa grande surprise, il
vit les quatre monarques mettre pied à terre à sa hauteur et s’incliner
profondément devant lui comme s’il eût été leur suzerain et seigneur. C’est
alors que tous purent entendre la reine Isabelle proclamer :
    — Amiral, c’est à vous que la Chrétienté est redevable
de ce miracle, notre entrée dans la sainte cité de Jérusalem délivrée de
l’esclavage où la tenaient les Maures cruels. Tout cela grâce à l’or de Cypango
et au concours de nos loyaux vassaux, le Grand Seigneur et le Prêtre Jean,
auprès desquels nous vous avions envoyé. Désormais, la ville où notre Sauveur
est mort appartient à nouveau à ses légitimes propriétaires. Sans vous, rien de
tout cela n’aurait été possible. Prenez place à nos côtés afin que, tous
ensemble, nous allions prier au Saint-Sépulcre, sur le Tombeau de
Notre-Seigneur et Sauveur.
    Au moment même où il s’apprêtait à franchir, en compagnie
des souverains, la porte de Sion, Cristobal fut tiré de son sommeil par la
prière du mousse de quart :
     
    Bénie soit
la lumière du jour.
    Et la Sainte
Croix, disons-nous,
    Et le
Seigneur de Vérité,
    Et la Sainte
Trinité.
    Bénie soit
l’âme immortelle
    Et le
Seigneur qui l’a faite telle.
    Bénie soit
la lumière du jour
    Et celui qui
dissipe la nuit.
     
    Le capitaine ne pouvait pas en vouloir au jeune garçon. Il
faisait son devoir et, s’il s’en était abstenu, aurait reçu au mieux quelques
taloches, au pis quelques coups de fouet, afin de lui apprendre à vivre et à
respecter les usages. C’était là le triste sort des mousses, des gamins à peine
sortis de l’enfance, placés par leurs parents

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