Christophe Colomb : le voyageur de l'infini
Latam
Sachez, noble seigneur, que je vous suis infiniment
reconnaissant de vos bontés pour les habitants de cette île de Porto Santo.
Grâce à votre générosité, ils ont désormais un endroit où
prier Dieu. Je suis d’autant plus honoré de votre geste qu’il émane du parent
d’un de mes amis à l’université de Coïmbra, Joao, dont j’ai pu apprécier
l’intense piété.
Votre commis a déployé un grand zèle pour exécuter vos
ordres. C’est un jeune homme fin et intelligent, curieux de tout, qui est conscient
de l’insuffisance de ses connaissances en ce qui concerne les différentes
régions du monde.
Il s’est beaucoup confié à moi et m’a raconté longuement
origines de sa famille. Il se prétend noble et je veux bien le croire car, même
s’il occupe un rang fort modeste, il a en lui une fierté qui en dit long sur la
qualité de son lignage. Il est dévoré par une ambition qui ne demande qu’à être
canalisée et mise au service d’un grand dessein.
Si vous décidiez de le rappeler à Lisbonne, où il
trouvera à s’employer mieux qu’ici, il pourrait tirer grand profit des leçons
que pourrait lui dispenser l’un de mes amis, le frère Juliao, portier du
monastère de Tous les Saints dont vous gérez, à ce que je sais, les biens.
Ce serait le moyen pour nous de vous payer en retour de
toutes les bontés que vous avez eues pour nous.
Antonio Pereira.
*
Le 25 Iyar 5240
À notre maître vénéré, Rabbi
Eleazar Latam,
lumière de la Torah et juge
renommé en Israël
Ton fidèle serviteur, Abraham de Tolédano, juge au
tribunal rabbinique de Séville, t’informe que l’un des nôtres, Barouch de
Lucena, un négociant que tu connais bien, a reçu mission d’acheter 2 000
arrobes de sucre à Madère. Un fils d’Edom, Ludovigo Centurione, a déposé auprès
de notre frère 13 000 ducats d’or pour l’exécution de ce contrat. Barouch
de Lucena m’a demandé de t’en informer discrètement et te charge de lui
procurer la marchandise. Il m’a remis la somme en question et je la fais
fructifier pour ton compte ainsi que nous en avons convenu.
Je suis ton serviteur dévoué et remercie chaque jour le
Dieu d’Abraham, d’Isaac et de Jacob pour les bontés dont il te couvre et dont
tu fais bénéficier tes frères.
Abraham de Tolédano.
*
Le 20 mai 1479
D’Eleazar Latam à Giovanni
Esmeraldo,
négociant génois à Funchal
J’ai demandé à mon commis à Porto Santo, l’un de tes
compatriotes, de se charger de l’achat de 2 000 arrobes de sucre qu’il
doit livrer à Gênes.
J’agis pour le compte de Paolo di Negri et de Ludovigo
Centurione, dont les noms te sont connus et sont une garantie suffisante pour
les bénéficiaires de cette commande.
C’est la raison sans doute pour laquelle ils ne m’ont
remis que 1 000 ducats d’avance, somme que je porte à ton crédit sur mes
livres, en te demandant d’aider mon commis à réunir la quantité demandée de
sucre.
S’il s’avérait qu’une partie seulement de cette cargaison
puisse être expédiée, je te prie de le faire sans délai, et veille à ce que mon
commis assure son transport jusqu’à Gênes, à charge pour toi de lui faire
parvenir ensuite le reste de la marchandise.
Eleazar Latam.
*
Le 23 août 1479
De Michele da Cuneo à Antonio
Lappela
J’ai appris qu’un juge s’apprêtait à faire arrêter l’un
de mes amis qui se trouve dans cette ville pour le compte d’un marchand de Lisbonne.
C’est l’homme pour lequel je te remets, chaque année, une certaine somme et
dont tu as le nom. Certains motifs privés m’interdisent de le rencontrer car je
le crois brouillé avec moi pour des raisons inexplicables. Fais en sorte de le
prévenir dangers qui pèsent sur lui et de lui conseiller de quitter Gênes le
plus rapidement possible. Dans le cas contraire, je me verrais dans
l’obligation de retirer de la banque plusieurs des sommes que je t’ai confiées.
S’il faisait des difficultés à te croire, fais-lui savoir que cet avertissement
émane du « vicomte de Hébron » – il comprendra cette
allusion – mais ne le fais que dans la dernière des extrémités.
Michele da Cuneo.
*
Le 2 septembre 1479
De Giovanni de Felice, notaire à
Gênes,
à Eleazar Latam, Juif de nation,
négociant à Lisbonne
Conformément aux ordres que j’ai reçus de toi par
l’intermédiaire de Barouch de Lucena, et
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