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Christophe Colomb : le voyageur de l'infini

Christophe Colomb : le voyageur de l'infini

Titel: Christophe Colomb : le voyageur de l'infini Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Patrick Girard
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Maures n’auraient pas manqué de nous barrer le chemin.
    — Admettons. Cela ne me dit pas ce qui provoque chez
toi une telle joie.
    — C’est que je viens d’avoir confirmation qu’il est
possible de gagner Cypango en bateau, en partant de Lisbonne. Celui qui me l’a
appris n’est autre que Toscanelli, dont il est impossible que tu n’aies point
entendu parler. Voilà pourquoi j’ai envie de chanter et de glorifier le
Seigneur pour Ses bontés.
    — Je croyais que tu avais oublié Cypango et que tu ne
te préoccupais que des îles aperçues, dit-on, par nos marins. Tu n’y crois pas
mais tu n’en interroges pas moins les matelots à ce sujet, comme le bruit m’en
est revenu.
    — J’ai mis du temps à comprendre que le Malin, l’ennemi
du genre humain, cherchait de la sorte à m’égarer. Il avait gonflé mon cœur
d’orgueil et de vaines prétentions en me faisant miroiter l’illusion de
découvrir un jour ces chiures de terres déposées à la surface des flots. Je me
suis laissé abuser. En fait, ainsi que je te l’ai dit, je suis le plus sot et
le moins intelligent des hommes, incapable de nourrir de lui-même de grands
desseins ou d’épouser de nobles querelles. Il faut que l’on m’en donne l’idée.
Je suis un rustaud qui se satisfait du peu qu’il a car il en exagère
l’importance. Tout enfant déjà, je m’imaginais que la rivière qui traverse
Mocònesi était une mer infranchissable. Quand on a jeté un pont sur elle, j’ai
déchanté. J’ai cru alors que Gênes était la plus grande ville au monde. Je ne
connaissais pas encore Lisbonne. Je suis alors parti pour Porto Santo. Là, au
moins, j’avais un domaine à ma taille, à la mesure de mes capacités, une île
dont je pouvais faire le tour en une seule journée. J’y étais bien. Pour une
raison qui te surprendra peut-être. C’est que je n’avais plus à prendre la mer.
Je suis un piètre marin quoi qu’on en dise. Certes, je sais tout de l’art de la
navigation, du tracé des côtes et des courants. J’ai toutefois peu voyagé par
rapport à d’autres. C’est pour cela qu’il m’était impossible d’imaginer que la
mer Océane ne se termine pas par un gouffre et qu’elle n’a pas l’étendue que
nous lui prêtons. Toscanelli m’a ouvert les yeux. Surtout, il m’a appris que
Madère, les Açores, Antilia et l’île des Sept Cités ne sont pas des buts en
soi. Ce ne sont que des étapes sur la route de Cypango, des signes envoyés par
Dieu pour nous guider dans notre quête de cette terre.
    — Si je comprends bien, tu as reçu une lettre de
Toscanelli, l’un des plus illustres savants de notre temps. Voilà qui est peu
commun.
    — Je te demande humblement pardon de ne pas t’avoir
prévenu que je lui avais écrit. Pour être franc, je ne pensais pas qu’il
daignerait me faire l’aumône d’une réponse. Tu peux donc juger de ma surprise
et de ma joie en lisant ces lignes.
    Juliao parcourut la lettre et regarda d’un œil distrait la
carte qui l’accompagnait :
    — Cela change tout. Confie-moi ces documents. Te
connaissant, je suppose que tu en as d’ores et déjà fait une copie. Je les
montrerai à des amis sûrs et je te ferai savoir ce qu’ils en pensent.
    Cristovao n’avait d’autre choix que de s’exécuter. Il
réprima les paroles imprudentes qui affleuraient sur ses lèvres. Ces amis sûrs
n’étaient-ils pas les hommes de Sagres dont un frère de Juliao avait évoqué
l’existence et laissé entendre que le moine était un de leurs affidés ?
Mieux valait ne pas aborder ce sujet, pour l’instant du moins.
     
    *
     
    Le 20 janvier de l’an de
grâce 1482
    À Antao Ortiz, aubergiste sur le
port de Lisbonne
     
    Tu n’as aucune inquiétude à te faire concernant les
agissements que tu nous as dénoncés d’un marchand génois établi dans notre
ville.
    Ceux-ci nous sont connus et ton silence, si tu ne les
avais pas signalés, aurait pu te valoir des ennuis.
    Sache que, pour l’instant, il est de notre intérêt qu’il
puisse converser librement avec les marins qui fréquentent ta taverne, à
condition que tu continues à nous en faire un fidèle rapport.
     
    Diogo Correa,
ouvidor de la chancellerie.
     
    *
     
    Le 4 février 1482
    De José Vizinho, médecin de la
cour,
    à Diogo Cao, écuyer du très
grand, très excellent et
    très puissant prince le roi Dom
Joao II du Portugal
     
    J’apprécie tout particulièrement le zèle que tu déploies
au service de

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