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Christophe Colomb : le voyageur de l'infini

Christophe Colomb : le voyageur de l'infini

Titel: Christophe Colomb : le voyageur de l'infini Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Patrick Girard
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confession. Je puis même affirmer qu’il a refusé de répéter ces propos quand
tu as exigé qu’il le fasse en se confessant.
    — Effectivement.
    — C’est bien la preuve qu’il avait tout inventé, depuis
le début jusqu’à la fin.
    — Je ne saurais l’affirmer. C’était un pauvre hère et
je pense qu’il était sincère. Son père lui avait effectivement raconté cette
histoire.
    — Il pouvait mentir.
    — Les petites gens peuvent exagérer, ils n’inventent
jamais totalement. C’est le plus sûr moyen de les distinguer des savants.
Ceux-là sont capables de forger des légendes, mais pas les pauvres ou les
ignares.
    Juliao ignorait que Cristovao avait été bouleversé par sa
confidence. Les jours suivants, à la taverne, dérogeant à ses habitudes, il
avait pressé de questions plusieurs marins, leur racontant à son tour cette
histoire, et leur demandant s’ils en avaient entendu parler. La plupart
s’étaient esclaffés.
    Deux l’avaient regardé, cherchant à deviner s’il n’était pas
un espion. Le premier, un Flamand, lui avait raconté, en cherchant ses mots,
qu’il avait jadis navigué avec un pilote, Vicente Diaz, qui prétendait avoir
aperçu au large des Açores une île inhabitée. Il s’y était rendu à quatre
reprises, faisant financer ses expéditions par un armateur de Terceira, Luca de
Cazzara. Cristovao s’était renseigné. Le Flamand avait bien navigué avec
Vicente Diaz mais ce dernier l’avait renvoyé après l’avoir surpris en train de
voler de la nourriture. Depuis, il ne cessait de se répandre en calomnies sur
le compte de Diaz, cherchant à le discréditer auprès de ses pairs.
    Le second marin, un nommé Antonio Leme, avait meilleure
réputation. Cristovao le connaissait de vue et avait dû insister pour qu’il
consente à lui en dire plus. L’homme, visiblement, se méfiait. Finalement,
après avoir longuement hésité, il lui avait raconté ce qui lui était arrivé
lors d’un voyage de Lisbonne à Bristol. Au large des côtes d’Irlande, son
navire avait été pris dans une tempête et avait dérivé vers l’ouest, atteignant
une terre où vivaient des hommes nus et à la peau cuivrée. Lui et ses
compagnons avaient mis plusieurs semaines à réparer leurs avaries. C’est par
miracle qu’ils avaient trouvé des vents favorables pour les ramener à Bristol.
L’équipage en avait éprouvé une si grande frayeur qu’ils avaient juré de
conserver le secret sur cette affaire. De plus, comme ils avaient bu le vin et
mangé les biscuits qui composaient leur cargaison, ils avaient prétendu avoir
été attaqués par des corsaires qui les avaient retenus prisonniers avant de les
autoriser à reprendre la mer.
    Si Antonio Leme avait consenti à transgresser le serment
fait jadis, c’était, expliqua-t-il à Cristovao, parce qu’il était l’un des deux
seuls survivants de cette expédition.
    Tous les autres étaient morts, emportés par un mal mystérieux,
à l’exception d’un certain Diogo, un borgne qui vivait, croyait-il, à Porto
Santo d’où il avait fait serment de ne plus bouger tant il avait eu peur.
    Parce que Cristovao ne l’avait pas tenu informé de ces
conversations, Juliao ne pouvait comprendre pourquoi son ami avait, une fois de
plus, changé d’avis. Il était à nouveau persuadé qu’il existait des terres
situées à l’ouest et qu’il lui revenait de les découvrir.
     
    *
     
    Bartolomeo savait son frère sujet à de brefs accès de
colère. Lorsque cela arrivait, il évitait de se trouver près de lui. Cristoforo
pouvait perdre tout contrôle de lui-même et ne maîtriser ni ses gestes ni ses
paroles. Généralement, il retrouvait très vite son calme et cherchait par mille
moyens à obtenir le pardon de ceux qu’il avait insultés, voire souffletés.
    Cette fois-ci, c’était différent. Bartolomeo savait
pertinemment qu’il avait commis une faute et que rien ne pourrait justifier la
légèreté avec laquelle il avait agi. Il y avait plusieurs semaines de cela,
tandis que Cristoforo était parti pour Porto Santo sous le prétexte qu’il
devait liquider les quelques biens qu’il y possédait encore, un homme s’était
présenté dans leur boutique. C’était un Italien, sans nul doute un Florentin.
Il avait affirmé être porteur d’une lettre destinée à Cristoforo. Bartolomeo
lui avait expliqué que son frère ne serait pas de retour avant plusieurs
semaines. Le visiteur avait paru très modérément

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