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Christophe Colomb : le voyageur de l'infini

Christophe Colomb : le voyageur de l'infini

Titel: Christophe Colomb : le voyageur de l'infini Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Patrick Girard
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portaient leur
camarade bien mal en point. Beatriz regarda avec stupéfaction Cristobal :
    — Vous m’avez tiré d’une très mauvaise passe. L’une des
servantes a été quérir les gens du guet mais le temps qu’ils arrivent, si elle
les trouve, ces sacripants auraient mis à sac l’auberge. Vous faites un drôle
de rêveur. Je ne vous savais pas capable d’assener pareils coups. Encore moins
de faire détaler ces brigands en menaçant l’un d’entre eux de le dénoncer à
l’inquisition. Comment saviez-vous qu’il était recherché ?
    — Je n’en sais rien, j’ai tout inventé mais cela a eu
son effet. Je suis moi-même le premier surpris du résultat.
    — Pourquoi avoir pris tant de risques ? Ils
pouvaient vous assommer.
    Cristobal rougit :
    — Je ne tolère pas qu’un coquin vous manque de respect.
Il en sera toujours ainsi, ne vous en déplaise.
    Il la laissa là après ces mots, remontant dans sa chambre
pour reprendre sa lecture de l’ Imago Mundi. Tard dans la soirée, il
entendit la porte s’ouvrir très lentement. Ce devait être la servante, venue
vérifier l’état du feu, et il n’y prêta guère attention, profondément absorbé
par sa lecture. Quand il se décida enfin à gagner son lit, il s’aperçut que
Beatriz y avait pris place. Les cheveux dénoués, les yeux rieurs, elle lui
ouvrit ses bras.
     
    Le lendemain matin, alors qu’il s’apprêtait à retrouver les
deux Diego, il eut la surprise de trouver Rodrigo Enriquez de Harana attablé
dans la grande salle qui l’accueillit d’une rude bourrade dans les
épaules :
    — Voilà donc un fameux guerrier. J’ai appris que tu as
chassé de cette taverne quelques ivrognes qui en prenaient un peu trop à leur
aise. Je t’en sais gré, je crois que ces imbéciles ne reviendront pas de sitôt.
D’ailleurs, ils ont raconté leurs déboires à certains de leurs frères d’armes
et le bruit court déjà en ville que j’ai embauché un géant pour chasser les
mauvais clients. On dit même que c’est un Maure sorti d’Afrique. Il ne
m’étonnerait pas que, sous peu, l’on prétende que je tiens en laisse dans ma
cave des lions. Nos braves concitoyens ne savent pas quoi inventer. J’ai aussi
appris que tu as remporté une autre victoire.
    Cristobal esquissa un geste de dénégation. Rodrigo éclata de
rire :
    — Ne cherche pas à mentir. Beatriz m’a tout dit et j’en
suis heureux pour elle comme pour toi. Il n’est pas bon que tu restes seul.
C’est une excellente fille. Elle saura te rendre heureux et veiller sur toi.
Elle ne s’est pas mariée jusqu’à présent parce qu’elle pensait que je ne
l’autoriserais jamais à quitter mon service. C’est sa manière à elle de me
remercier de l’avoir élevée et de m’être aussi occupé de son frère Pedro. En
fait, je crois qu’elle n’avait trouvé personne qui ait été à son goût. Je vous
ai observé tous deux et je me doutais bien que, tôt ou tard, vous finiriez par
vous plaire.
    — Certes, mais j’ai scrupule à te confier certaines
choses. Je suis veuf.
    — Rassure-toi, je n’exige pas que tu l’épouses
maintenant. Tu as de grandes choses à accomplir et tu risques d’être absent de
cette ville pendant de longs mois. Nous aurons donc tout le temps de penser à
tes noces le moment venu.
    — C’est que je ne pourrai sans doute jamais me
remarier. J’ai déjà un fils et je sais qu’il m’en voudrait de me voir trahir la
mémoire de sa mère.
    — Cela l’honore.
    — Il y a plus, mes affaires m’appelleront sans doute à
la cour.
    — Et tu crains qu’on ne te fasse reproche d’avoir pour
épouse une femme qui n’est pas de noble extraction, comme l’était, m’a-t-on
dit, ton épouse. Je le comprends et Beatriz, je puis te l’assurer, le sait.
Aussi ne fera-t-elle aucune difficulté à se contenter de ton simple amour. Il
vaut cent fois mieux que le sang bleu qui fait tourner la tête à tant de gens.
Mais, je te préviens, si j’apprends que tu lui es infidèle, foi de Rodrigo, je
te briserai les os !
     
    *
     
    La brume s’était levée autour de la Rabida. Depuis plusieurs
jours, le monastère était envahi par les visiteurs. Parmi ces derniers, un
personnage de marque : le comte de Medina Celi, venu avec une nombreuse
suite assister à plusieurs fêtes votives dans la région. Le prieur avait eu
fort à faire pour veiller à ce que tous soient traités selon leur rang. Il ne
voulait surtout pas mécontenter

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