Chronique de mon erreur judiciaire
salvatrice, mais à quel prix ? Celui de l’enfance et de l’innocence bafouées par l’arrogance des uns, la suffisance des autres, et le conformisme de tous.
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Alain Marécaux vous convie à partager son incompréhension douloureuse, à cheminer dans la quotidienneté des jours qui se ressemblent, dans la nuit carcérale, dans sa vie volée, détruite, à travers cette chronique de la souffrance et du mépris ordinaire.
Dans ce récit où vous allez le suivre, jour après jour, pendant un peu plus de vingt-trois mois, le mythe de la prison « quatre étoiles » est totalement dissipé. C’est la crasse, la promiscuité, les injures, les bagarres, les trafics en tout genre, et « la fiole » pour dormir, pour tenir, pour oublier cet enfer carcéral d’autant plus douloureux qu’il est totalement injustifié.
La prison surpeuplée est une zone de non-droit, d’arbitraire parfois, la face cachée, honteuse de la justice française.
Vous l’accompagnerez aussi dans les hôpitaux psychiatriques, où il sera conduit quand, aux portes de la folie, il tentera de retrouver sa liberté volée dans le suicide ou la mort lente, et découvrirez une galerie de portraits, émouvante, d’hommes et de femmes également blessés, brisés, oubliés.
L’hospitalisation d’office, c’est la prison, avec la folie en plus.
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La mort ne voudra pas de lui, mais c’est un mort-vivant qui quitte l’hôpital-prison de la maison d’arrêt de Fresnes, après quatre-vingt-dix-huit jours de grève de la faim dans une indifférence quasi générale.
Pour les médecins qui le soignaient, avec dévouement et sollicitude, le pronostic vital était engagé.
Le garde des Sceaux en avait été averti par mes soins. De guerre lasse, il sera remis en liberté et domicilié chez une nièce dans le Doubs, où il aura pendant plusieurs mois à s’occuper des trois jeunes enfants du couple… comprenne qui pourra.
Dans cet univers carcéral et médical glauque et insupportable, Alain Marécaux va rencontrer quelques bons samaritains, gardiens de prison, infirmiers, compagnons de misère, qui redonnent un peu de chaleur et d’humanité à cet hiver sans fin.
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Que pouvait-il faire ou dire, que l’on aurait pu voir ou entendre alors que sans la moindre preuve, au mépris de la raison élémentaire et du bon sens, avec son épouse Odile, on les avait en quelque sorte « jetés aux chiens » ?
En quelques instants, les vies d’Alain Marécaux, de son épouse Odile et de leurs trois enfants ont basculé pour toujours.
Il devient ce notable dévoyé et perverti qui s’en allait faire son marché d’innocence, satisfaire ses turpitudes et ses fantasmes dans les quartiers défavorisés de la banlieue boulonnaise.
L’émotion, la réprobation légitime que suscitent ces crimes terribles, a tout emporté sur son passage.
Les digues de la raison se sont rompues, les sécurités judiciaires évanouies, nous étions seuls, désemparés, découragés parfois, mais en même temps convaincus de la justesse de notre combat. Il n’était pas possible que, confrontés à une telle somme de mensonges, d’incohérences, les protagonistes de ce drame, et au premier chef les magistrats chargés de le conduire, de le contrôler, et enfin de le juger, ne finissent pas par convenir que la justice tout entière s’était fourvoyée.
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Une question reste lancinante, sans réponse : pourquoi a-t-il fallu tant et tant de temps pour que l’on s’aperçoive enfin que le dossier d’Outreau reposait principalement sur la parole d’une femme fantasque, manipulatrice et perverse et sur celle d’enfants blessés, tourmentés que l’on avait sexuellement pervertis ?
C’est en apportant un crédit immodéré à la parole, et principalement à la parole de l’enfant, en la sacralisant au-delà de tout, sans se soucier des conditions dans lesquelles elle avait été recueillie, sans chercher à la vérifier, à la décrypter, à la replacer dans le contexte traumatique et pollué des quartiers d’Outreau, que l’on a commis la première erreur.
C’est en refusant de prendre en compte les éléments matériels, médicaux, scientifiques, qui venaient combattre et contredire le déluge de mots incohérents, fantasques et contradictoires entre eux, que l’on a commis la deuxième erreur.
Enfin, c’est en s’abandonnant aux passions et aux modes et en s’affranchissant des grands principes fondateurs de notre justice, que sont le
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