Chronique de mon erreur judiciaire
lors, un éclair surgit en moi : le « Dave » dont il parlait, ce copain dont il employait seulement le prénom et qui le frappait « avec ses frères » c’était le fils Delay ! Si j’avais été averti de la teneur de ces exactions, peut-être aurais-je pu saisir l’ambivalence de cet enfant souffre-douleur voulant rester son copain malgré tout. Quand il me raconta, un jour, que le fameux Dave savait beaucoup de choses, que son papa était méchant, je n’avais pas réagi, croyant à des ragots de gosse, mais je pense désormais que si j’avais su, j’aurais consacré plus de temps à essayer de comprendre la fascination qu’il avait pour ce camarade perturbé. Et que si l’école nous avait alertés, nous aurions pu agir, avertir, mettre en garde, sauver aussi tant d’existences désormais endolories.
*
Mai 2004. Me voilà prêt. Mais l’est-on jamais dans ce genre d’affaire ?
Mon hébergement est prévu chez Dany et Bertrand à compter du 3. Ceci pour être à pied d’œuvre au tribunal le 4. Une date d’autant plus ancrée à jamais en ma mémoire qu’un mois auparavant, je dus faire la route Gy-Douai pour m’entendre dire par le président de la cour d’assises : « Vous vous appelez bien Alain Marécaux, vous êtes bien domicilié chez votre nièce à Gy, vous devrez vous présenter au procès le 4 mai… Bon retour. »
Quel retour, en effet !
Chapitre 27
Ce qu’on me reproche
ou
Les mots de l’accusation
C’est le juge d’instruction Cyril Lacombe, successeur du magistrat Fabrice Burgaud, qui a signé l’ordonnance de mise en accusation en date du 13 mars 2003 devant la cour d’assises où je suis renvoyé. Un document où il est écrit que je suis mis en examen des chefs de viols aggravés sur mineurs de quinze ans, agressions sexuelles aggravées sur mineurs de quinze ans, corruptions de mineurs de moins de quinze ans dans les termes suivants :
Alain Marécaux avait épousé le 27 octobre 1987 Odile Polveche et de leur union devaient naître trois enfants, Cécile, Sébastien et Thomas (12) . Alain Marécaux exerçait les fonctions d’huissier de justice à la résidence de Samer tandis que son épouse intervenait en qualité d’infirmière scolaire depuis 1988 à l’EREA de la Côte d’Opale géré par le rectorat de Lille. Auparavant elle œuvrait au sein d’un laboratoire privé de Boulogne-sur-Mer. Tous deux indiquaient ne pas connaître la famille Delay, ni aucune autre des personnes impliquées dans la procédure, du moins sur un plan personnel. En effet, M. Marécaux admettait avoir eu à traiter dans son Étude un dossier de recouvrement concernant Thierry Delay.
Le couple possédant plusieurs habitations et appartements, des perquisitions étaient organisées dans les différentes résidences qui étaient à sa disposition après que M. et M me Marécaux aient été mis en cause pour la commission d’abus sexuels par Myriam Badaoui, Aurélie Grenon et David Delplanque. Seule une de ces opérations, celle réalisée à leur habitation principale de Samer, s’avérait positive ayant autorisé l’appréhension d’une revue gay qui se trouvait disposée à l’intérieur d’une publicité pour les jouets Playmobil, le tout ayant pris place dans une armoire garnissant la chambre conjugale. Interrogée sur la présence insolite d’une publication réservée à un public adulte, dans un document à usage exclusif des enfants, M me Polveche expliquait que la première avait été acquise par ses soins dans l’intention de faire une blague à sa sœur ; elle ne pouvait cependant avancer d’hypothèse susceptible d’expliciter le fait que les deux revues avaient été découvertes roulées l’une dans l’autre.
Alain Marécaux et Odile Polveche devaient, au stade de l’enquête de police, puis de l’information judiciaire, nier toute implication dans les agressions de nature sexuelle qui leur étaient imputées. Cependant, Odile Polveche paraissait ébranlée après que lui aient été révélées les indications procurées par Sébastien Marécaux mettant en cause son père. Elle déclarait aux enquêteurs qui l’entendaient qu’elle prenait un gros coup de massue. Elle ne tardait toutefois pas à se ressaisir affirmant notamment que sa tentative de suicide récente n’avait aucun rapport avec d’éventuels abus sexuels, étant seulement la conséquence de ce qu’elle se sentait de trop à la maison. Elle n’avouait qu’avec
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