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Chronique de mon erreur judiciaire

Chronique de mon erreur judiciaire

Titel: Chronique de mon erreur judiciaire Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Alain Marécaux
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d’enfants et qu’ensuite ils avaient osé franchir le pas. « Ça s’est fait », dit-elle. Elle en profite pour parler du caractère violent de son concubin, homme qui la battait et lui interdisait de sortir de l’appartement. Poussée dans ses retranchements par maître Dupont-Moretti, avocat de la boulangère Roselyne Godard, elle ne varie pas d’un pouce, campe sur ses positions, et nous remet en cause.
    *
    Quand maître Delarue me convie à un déjeuner avec Odile, je me dis qu’il est arrivé quelque chose d’inhabituel. En effet, à table, j’apprends que ma femme a eu une altercation avec Aurélie Grenon à la fin de l’audience et lui aurait lancé : « J’espère qu’on aura ta peau et que tu vas en prendre pour vingt ans. » À la reprise, alors que nous pensions que personne n’en tiendrait compte, une des avocates des parties civiles réclame, au nom de ses confrères, que l’enceinte du tribunal retrouve sa sérénité parce qu’une des accusés a fait l’objet de menaces. Maître Bachira demande alors à Aurélie Grenon, appelée à la barre, de raconter ce qui s’est passé et celle-ci assène qu’Odile Marécaux l’a menacée de mort. Folle de rage, mon épouse se lève alors et se met à hurler sa haine contre cette accusée accusatrice, en lui lançant au visage que ses actes comme ses fausses accusations sont horribles, qu’on lui a arraché ses petits et qu’elle espère qu’elle en prendra pour vingt ans, avant de s’effondrer en larmes. Je me lève à mon tour, tout comme mes avocats, pour affirmer que ma femme n’a jamais souhaité la mort de quiconque, criant au scandale. Devant tant de mensonges et de parti pris, maître Berton intervient alors pour demander une suspension d’audience, tout de suite accordée. Quand Odile se lève pour sortir de la salle, en pleurs, elle se tourne vers moi et me lance : « Ces gens vont-ils prolonger nos souffrances encore longtemps ? »
    Tentant de reprendre mon calme, je reste quelques minutes dans la cour d’assises vidée de la foule, à l’exception de quelques policiers, et de Myriam Badaoui et Aurélie Grenon installées à leurs places respectives, pérorant entre elles. En témoin privilégié de la scène, j’observe à loisir « la reine Myriam », comme la qualifie mon avocat maître Delarue, donner des ordres et encourager sa soubrette Aurélie à camper sur ses positions. Je sors, dégoûté de ce spectacle, pour gagner la salle des pas perdus où, dans un brouhaha monstre, de vives discussions agitent avocats et journalistes. Je vais rejoindre Odile, assise sur une chaise dans les toilettes, un pompier à ses côtés surveillant sa tension, et l’accompagne dans une petite pièce afin qu’elle se repose un peu. Nous ne sommes plus un couple, certes, mais ma tendresse pour elle est aussi forte que ma solidarité.
    *
    À la reprise, Aurélie Grenon est vivement interpellée par les différents avocats des accusés, qui la questionnent avec méthode. Au terme des questions de maître Delarue, je me lève à mon tour pour lui demander calmement, et solennellement, si elle ne pense pas qu’il est temps de dire la vérité. Et là, sans se retourner, entêtée, elle répond qu’elle m’a bien vu.
    L’avocat général intervient alors, insistant encore pour lui demander d’être certaine de ses propos. Et là, dans une volte-face folle, elle les confirme pour finalement revenir en arrière et admettre qu’elle s’est peut-être trompée. Un des avocats de la partie civile monte aussitôt à l’assaut, lui rappelant la pénombre de l’appartement dans lequel se seraient déroulés ces terribles méfaits et là, elle doute puis lâche : « Ça se peut. » Tout et son contraire ! Ensuite, d’autres conseils de la défense l’interrogent jusqu’à la suspension de séance, à 17 heures, sans obtenir plus de certitudes de cette accusatrice majeure. L’audience révèle ainsi que l’accusation est en grande partie fondée sur les déclarations d’une femme qui n’est sûre de rien, sinon de mentir sans cesse.
    La séance reprend, mais avec un important retard. Ce qui, selon la collaboratrice de maître Delarue, maître Berriah, constitue un bon signe, le président, l’avocat général et les jurés commençant sans doute à s’interroger sur la solidité des pièces maîtresses de l’accusation. Aurélie Grenon se voit à nouveau mise sur des charbons ardents, questionnée avec précision et

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