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Claude, empereur malgré lui

Claude, empereur malgré lui

Titel: Claude, empereur malgré lui Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Robert Graves
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d’avoir soulevé ce problème   ; car son désir de voir ce cocher sévèrement châtié entraînera pour lui-même un châtiment plus sévère encore.   »
    Cette lettre pour Hérode fut un avertissement   : cet homme devait être jugé à tout prix, et en sa présence. Silas, qui était venu à Rome, le dissuada d’insister, citant le proverbe   : «   N’interviens pas à Camarina.   » (Près de Camarina, en Sicile, se trouvait un marécage pestilentiel que les habitants avaient drainé par mesure d’hygiène. Ces travaux mettaient la ville à la merci de l’ennemi   ; elle fut attaquée et détruite.) Mais Hérode refusait d’écouter Silas, le vieil homme était devenu de plus en plus ennuyeux après cinq années de prospérité sans nuages. Il apprit bientôt que Tibère, résidant alors à Capri, avait donné des ordres pour que sa vaste villa de Misène, où il devait mourir plus tard, fût préparée afin de l’accueillir. Il s’arrangea aussitôt pour se rendre dans cette région, avec Gémellus, comme invité de Caligula qui possédait une villa tout près de là, à Bauli   ; et en compagnie de ma mère qui était, souvenez-vous-en, la grand-mère à la fois de Caligula et de Gémellus. Bauli est proche de Misène sur la côte nord de la baie de Naples. Il était donc tout naturel qu’ils aillent de conserve présenter leurs respects à Tibère lors de son arrivée. Tibère les invita tous à dîner le lendemain. La prison où languissait le cocher n’était pas loin, aussi Hérode persuada-t-il ma mère de demander en public à Tibère de juger l’affaire l’après-midi même. J’avais été moi aussi invité à Bauli, mais avais refusé, car l’empereur et ma mère supportaient également mal ma compagnie. Mais l’histoire m’a été relatée en détail par plusieurs personnes présentes. Le dîner fut délicieux, gâché seulement par le manque de vin. Tibère suivait maintenant les conseils de son médecin et ne buvait plus, aussi par délicatesse et prudence, personne, après avoir vidé sa coupe, ne demandait à être resservi   ; et les serviteurs, de leur côté, se gardaient d’en présenter. La privation de vin avait toujours mis Tibère de mauvaise humeur, cependant, ma mère aborda de nouveau hardiment le problème du cocher. Tibère l’interrompit, comme par distraction, en lançant un nouveau sujet de conversation et elle s’en tint là jusqu’après le dîner, lorsque le groupe tout entier sortit faire quelques pas sous les arbres entourant le champ de courses local. Tibère ne marchait pas   ; on le promenait en chaise à porteurs, et ma mère, très alerte en dépit de son grand âge, allait à son côté.
    —  Tibère, commença-t-elle, puis-je te parler de ce cocher   ? Il est certes grand temps que son affaire soit jugée et nous serions tous fort soulagés, je pense, si tu avais la bonté de la régler aujourd’hui, une fois pour toutes. La prison est à deux pas d’ici et tout pourrait être terminé en quelques minutes.
    —  Antonia, répondit Tibère, je t’ai déjà laissé entendre que le mieux était l’ennemi du bien, mais si tu insistes, je ferai ce que tu demandes.
    Il appela alors Hérode qui marchait en arrière en compagnie de Caligula et de Gémellus et lui dit   :
    —  Je vais maintenant interroger ton cocher, Hérode Agrippa, sur l’insistance de ma belle-sœur, Dame Antonia, mais je prends les Dieux à témoin que je ne le fais pas de mon plein gré mais parce que j’y suis contraint.
    Hérode le remercia avec effusion de sa complaisance. Tibère appela alors Macron, présent lui aussi, et lui ordonna de faire comparaître immédiatement le cocher devant lui.
    Tibère avait eu, semble-t-il, une conversation en privé avec Gémellus la veille au soir. (Caligula, un an ou deux plus tard, força Gémellus à lui faire un récit de cet entretien.) Tibère avait demandé à Gémellus s’il avait quelque grief à formuler contre son tuteur, et Gémellus avait répondu qu’il n’avait constaté nulle action ni surpris nuls propos déloyaux   ; cependant il ne voyait plus guère Hérode ces derniers temps   ; ce dernier passait son temps en compagnie de Caligula et laissait Gémellus étudier tout seul dans ses livres au lieu de lui donner lui-même des cours. Tibère demanda ensuite au jeune garçon si Hérode et Caligula avaient jamais discuté de prêts en sa présence. Gémellus réfléchit un instant et répondit qu’un

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