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Claude, empereur malgré lui

Claude, empereur malgré lui

Titel: Claude, empereur malgré lui Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Robert Graves
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Tu ne peux parler d’Hérode Agrippa, César   ?
    —  Je ne parle de personne d’autre, gronda Tibère.
    Hérode s’élança et faillit se prosterner aux pieds de Tibère. Mais il retint son geste, il savait que Tibère détestait être traité comme un monarque oriental. Il se contenta donc de tendre les bras en un geste de supplication, protestant qu’il était le plus fidèle serviteur de l’empereur, qu’aucune pensée criminelle ne pouvait lui traverser l’esprit, encore moins lui venir aux lèvres. Puis il se mit à évoquer avec éloquence son amitié avec le fils mort de Tibère (accusé à tort, comme lui-même, de trahison) dont il n’avait jamais cessé de pleurer la perte irréparable, et de l’extraordinaire honneur que l’empereur lui avait fait en le nommant tuteur de son petit-fils. Mais Tibère posant sur lui un regard torve ricana   :
    —  Tu pourras faire ce discours pour te défendre, mon noble Socrate, quand j’aurai fixé la date de ton procès.
    Puis il ordonna à Macron   :
    —  Conduis-le à la prison là-bas. Il peut utiliser la chaîne abandonnée par cet honnête cocher.
    Hérode ne prononça pas un mot de plus, sinon pour remercier ma mère de ses efforts généreux mais vains en sa faveur. Il fut emmené à la prison, les mains enchaînées derrière le dos. Les citoyens romains coupables de divers délits qui avaient fait appel à Tibère après avoir été condamnés par des tribunaux de basse instance, y étaient enfermés dans des locaux surpeuplés et insalubres, mal nourris, couchant à même le sol, jusqu’à ce que Tibère ait pris le temps de régler leur sort. Certains d’entre eux y pourrissaient depuis de longues années.
     

CHAPITRE 4
     
     
    Comme on le conduisait vers la prison, Hérode aperçut un esclave grec de Caligula qui attendait aux portes. L’esclave était essoufflé comme s’il avait couru et tenait une cruche à eau à la main. Hérode espéra que Caligula le lui avait envoyé là pour lui témoigner une amitié qu’il ne pouvait lui déclarer ouvertement, de crainte d’offenser Tibère.
    —  Thaumastus, lança-t-il au jeune garçon pour l’amour de Dieu, donne-moi à boire.
    Il faisait une chaleur accablante pour un mois de septembre et, comme je l’ai dit, on avait servi très peu de vin au cours du dîner. L’esclave s’avança aussitôt, comme s’il n’attendait que le signe d’Hérode. Celui-ci prit la cruche et la vida presque. Elle contenait non pas de l’eau mais du vin.
    —  Tu as gagné pour ce breuvage la gratitude d’un prisonnier déclara-t-il à l’esclave et je te promets qu’une fois libre à nouveau, je saurai t’en récompenser. Je veillerai à ce que ton maître, qui n’est certes pas homme à abandonner ses amis, te donne ta liberté dès qu’il aura assuré la mienne, et je te confierai alors un poste de confiance dans ma maison.
    Hérode par la suite put tenir sa promesse et Thaumastus devint son régisseur en chef. Il est toujours en vie à l’époque où j’écris ceci, au service du fils d’Hérode, bien qu’Hérode lui-même soit mort.
    Lorsque Hérode pénétra dans l’enceinte de la prison, c’était l’heure de l’exercice, mais une règle stricte interdisait aux prisonniers de converser entre eux sans la permission expresse des gardiens. Chaque groupe de cinq détenus était placé sous l’étroite surveillance d’un gardien. L’arrivée d’Hérode provoqua une grande agitation parmi ces hommes déjetés et minés par l’ennui, l’apparition d’un prince oriental portant une cape de véritable pourpre tyrienne offrait en effet un spectacle qu’ils n’avaient encore jamais contemplé dans ces lieux. Sans daigner les saluer, Hérode se contenta de rester immobile, le regard fixé sur le toit lointain de la villa de Tibère, comme s’il pouvait y déchiffrer son destin.
    Parmi les prisonniers se trouvait un vieux chef germain dont l’histoire, semble-t-il, est la suivante. Officier des auxiliaires germains sous le commandement de Varus lorsque Rome tenait encore la province au-delà du Rhin, il avait reçu la citoyenneté romaine en reconnaissance des services rendus sur les champs de bataille. Lorsque Varus, trahi, tomba dans une embuscade et que son armée fut massacrée par le célèbre Hermann, ce chef de guerre, bien qu’il n’eût pas servi (du moins l’assurait-il) dans l’armée d’Hermann et ne l’eût en rien assisté dans ses plans ne fit rien pour

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