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Claude, empereur malgré lui

Claude, empereur malgré lui

Titel: Claude, empereur malgré lui Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Robert Graves
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certain jour Caligula avait questionné Hérode sur un prêt P.O.T. et qu’Hérode avait répondu   : «   Je t’en parlerai plus tard, car les murs ont des oreilles.   » Tibère comprit immédiatement ce que signifiait P.O.T. Cela indiquait certainement un prêt négocié par Hérode au bénéfice de Caligula et qui serait remboursable post obitum Tiberii, c’est-à - dire   : après la mort de Tibère. Tibère renvoya donc Gémellus en lui disant qu’un prêt P.O.T. était une chose sans importance et qu’il avait maintenant toute confiance en Hérode. Mais il envoya immédiatement un affranchi fidèle à la prison pour ordonner au cocher, au nom de l’empereur, de révéler ce qu’il savait. Le cocher cita les paroles exactes prononcées par Hérode et l’affranchi les répéta à Tibère. Tibère réfléchit un moment puis renvoya l’affranchi à la prison avec des instructions précises concernant le témoignage du cocher devant le tribunal. L’affranchi lui fit apprendre par cœur les phrases à prononcer et lui laissa entendre que s’il les répétait sans erreur, il serait mis en liberté et recevrait une somme d’argent.
    Ainsi donc ce fut sur le terrain de courses même que le procès eut lieu. Tibère demanda au cocher s’il plaidait coupable pour le vol des couvertures de voyage. Le prévenu répondit qu’il était innocent, Hérode, affirma-t-il, lui en avait fait cadeau mais pour se repentir ensuite de sa générosité. Hérode voulut alors interrompre la déposition en clamant son dégoût devant une ingratitude et une hypocrisie semblables, mais Tibère le pria de se taire et demanda au cocher   :
    —  Qu’as-tu à ajouter pour ta défense   ?
    Le cocher répondit   :
    —  Et même si j’avais volé ces couvertures, ce qui n’est pas le cas, cet acte aurait été excusable. Car mon maître est un traître. Un après-midi, peu avant mon arrestation, je conduisais une voiture en direction de Capoue avec ton petit-fils, le prince, et mon maître, Hérode Agrippa, assis derrière moi. Mon maître a dit   : «   Ah que vienne le jour où mourra le vieux guerrier et où tu seras désigné pour lui succéder sur le trône   ! Alors le jeune Gémellus cessera d’être un obstacle. Il sera facile de s’en débarrasser et bientôt tout le monde sera heureux, à commencer par moi.
    Hérode fut à ce point stupéfié par cette déclaration qu’il ne trouva tout d’abord rien à dire, sinon qu’elle était fausse de bout en bout. Tibère interrogea Caligula, et Caligula, homme d’une grande lâcheté, consulta anxieusement Hérode du regard, mais n’obtenant de lui aucune indication, répondit précipitamment que si Hérode avait jamais tenu pareil propos, il lui avait en tout cas échappé. Il se rappelait la promenade en voiture   ; un vent violent soufflait ce jour-là. S’il avait entendu des paroles aussi séditieuses, jamais il ne les aurait laissé passer, il les aurait au contraire rapportées sans délai à l’empereur. Caligula toujours prêt à trahir ses amis, lorsqu’il sentait sa vie en danger, était suspendu au moindre mot de Tibère   ; à tel point qu’on déclara à son sujet que jamais meilleur esclave n’avait servi pire maître. Mais Hérode intervint hardiment   :
    —  Si ton fils, qui était assis à côté de moi, n’a pas entendu les paroles criminelles que je suis censé avoir tenues, –  et nul n’a l’oreille plus prompte que lui à saisir les moindres perfidies dirigées contre toi –  alors le cocher, qui me tournait le dos, ne peut certainement pas les avoir entendues.
    Mais la décision de Tibère était déjà prise. Il ordonna d’un ton bref à Macron   :
    —  Passe les fers à cet homme. –  Puis tourné vers ses porteurs   :
    —  Allez   ! dit-il.
    Ils se remirent en route, laissant Hérode, Antonia, Macron, Caligula, Gémellus et les autres échanger des regards perplexes. Macron ne parvenait pas à comprendre à qui il devait mettre les fers, aussi lorsque Tibère, qu’on avait porté tout autour de l’hippodrome, revint sur les lieux du procès, il lui demanda   :
    —  Pardonne-moi, César, mais lequel de ces hommes dois-je arrêter   ?
    Tibère désigna Hérode en répondant   :
    —  Voilà l’homme dont je parle.
    Mais Macron, qui avait le plus grand respect pour Hérode et espérait peut-être fléchir Tibère en prétendant avoir mal interprété ses ordres, demanda une fois de plus   :
    — 

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