Clio Kelly et l'éveil de la gardienne

et représentait deux rameaux entrelacés.
    — Cela ne peut plus continuer comme ça ! gronda quelqu’un derrière elle.
    Au premier coup d'œil, elle ne vit rien ; seule la voix lui parvenait. Puis, petit à petit, elle distingua des silhouettes qui s’approchaient. Elle n’eut aucun mal à reconnaître Janus, même s’il était bien différent de celui qu’elle connaissait. Sous sa véritable apparence, il avait une tête à double visage et son front était orné d’une couronne de lauriers. Dans sa main, il serrait une clé en or. Il était vêtu d’une toge et se tenait appuyé sur une canne ; ses traits portaient les marques de sa froideur habituelle mais trahissaient un sentiment qu’elle ne lui avait jamais vu… l’inquiétude.
    — Je le sais aussi bien que toi, répondit son compagnon. Cette guerre a assez duré : les mortels perdent leur foi dans les dieux et nous ne pouvons nous le permettre.
    Clio sentit son cœur faire un bond dans sa poitrine lorsqu’elle observa le second individu, à un peu moins d'un mètre d'elle.
    Grand, l’air noble, fier et majestueux, il avait des cheveux et une longue barbe d’un noir de jais. Une tunique d’or l’habillait.
    — Il est temps que toi et ton jumeau fassiez la paix ! C’est de votre faute si cette créature est venue au monde ! À présent, elle recrute dans les deux camps ! Hier, Pierre m’a confié que deux Anges, Lucifer et Azraël, l’ont rejointe ainsi que deux Célestes : Uriel et Djabraïl ! Et aujourd’hui, nous avons Lycaon et Éris qui se rangent à ses côtés !
    — Silence ! N’oublie pas à qui tu parles ! Je suis Zeus, Roi des Dieux, et non pas un mortel que tu peux sermonner à loisir !
    — Pardonne-moi, Roi des Dieux, mais je crains pour notre avenir.
    — Je le sais, Janus ! Tes conseils nous ont toujours été d’un grand secours et ils sont d’une immense sagesse.
    Zeus posa les yeux sur le corps sans vie et poussa un soupir résigné.
    — Que me conseilles-tu ?
    — Si nous nous plongions tous dans le sommeil, Elle s'endormirait avec nous. Ce ne serait malheureusement qu'une solution temporaire, puisque ses pouvoirs lui permettraient de se réveiller avant nous. Et à ce moment-là, nous ne pourrions plus rien faire pour l'arrêter... Les Anges ne sont pas assez nombreux pour la vaincre, leurs forces ne sont pas assez puissantes. Elle cumule nos pouvoirs et ceux des Anges !
    Janus observa son compagnon et comprit que celui-ci avait déjà son idée sur ce qu’ils devaient faire, mais comme toujours, c’était à lui d’exprimer à voix haute les pensées de son seigneur et maître.
    — Nous devons désigner un gardien ou une gardienne pour s’assurer qu’Elle ne soit jamais libérée de sa prison et je me doute que tu as déjà arrêté ton choix, puissant Zeus !
    — Je ne peux rien te cacher, sourit le Roi des Dieux. Pour plus de sécurité, nous tromperons la vigilance de l’ennemie et nous désignerons deux sentinelles. L’une devra créer diversion tandis que l’autre s’éveillera.
    — Une de ces idiotes de Nymphes ! se renfrogna Janus. Lesquelles vas-tu prendre ? Muses, Charités, Néréides ou que sais-je encore ?
    — Cela, mon ami, est mon affaire ! Toi-même, tu n’en sauras rien. Tu devras garder un œil sur les deux jusqu'à ce que l’élue soit en mesure de combattre.
    — Et comment ferai-je pour la protéger et lui transmettre notre savoir ? grogna Janus.
    — C’est ça le plus amusant ! Tu devras te laisser guider par ton instinct !
    — Tu n’es pas drôle !
    — Ainsi, nous verrons si ce monde est digne de survivre. J’ai confiance en elle et en toi. Tu sauras la reconnaître.
    Sur ces mots, il s’éloigna. Il prit ensuite la forme d’un aigle et s’envola, laissant Janus seul et outré. Celui-ci lança un dernier regard vers le cadavre et espéra que Zeus ne commettait pas une erreur et que, lui non plus, ne se tromperait pas… avant de disparaître à son tour.
    Quand elle ouvrit les yeux, Clio était en sueur. La respiration saccadée, elle resta plusieurs secondes sans aucune réaction. Que s’était-il passé ? Comment s’était-elle retrouvée là-bas ? Elle était sûre qu’il ne s’agissait pas d’un rêve mais bel et bien d’une vision.
    Ainsi, c’était à cela que ressemblait Zeus… Elle frissonna. Il était si beau ! Sans comprendre pourquoi, ses yeux se remplirent de larmes.
    La sonnerie du téléphone l’arracha à ses