Clio Kelly et l'éveil de la gardienne
pensées. D'une démarche chancelante, elle alla décrocher. Elle retira aussitôt le combiné de son oreille en gémissant lorsque des cris lui percèrent le tympan.
— Allo… Allo… Clio…tu… m'entends ?
— Je ne suis pas sourde ! hurla-t-elle. Mais, à présent, grâce à toi, oui ! Qu’est ce qu’il y a, Nicolas ?
—Viens tout de suite au journal !
— Pour…
Comme à son habitude, Nicolas avait raccroché avant qu’elle ne puisse poser la moindre question. Le soleil n’était pas encore levé et, connaissant le caractère lunatique de son patron, elle regretta d’avoir répondu. La dernière fois qu'il l’avait appelée aux premières lueurs du jour, cela avait été pour lui présenter son nouveau partenaire et leur annoncer qu’ils partaient dans l’heure en Grèce couvrir une série de meurtres…
Elle prit une douche brûlante, attrapa les premiers vêtements qui lui tombèrent sous la main et quitta son appartement habillée chaudement. Lorsqu’elle arriva au journal, elle ne fut pas surprise de voir Morgan assis à son bureau, des lunettes noires sur le nez. S’il pensait lui faire croire qu’il était perdu dans ses pensées au lieu de dormir, il se trompait !
Un vacarme de tous les diables provenait du bureau de Nicolas. Clio se contenta d'un haussement d'épaules, habituée à ces crises de colère, et s'intéressa de nouveau à son partenaire. Depuis quelques jours, leur chef lui demandait beaucoup et il n’y avait rien d’étonnant à ce qu’il soit épuisé.
— Allez, la belle au bois dormant, il est l’heure de se réveiller, le taquina-t-elle.
Il protesta pour dormir encore un peu mais elle le secoua avec fermeté.
— Debout, si tu ne veux pas perdre ta place !
Comprenant qu’elle ne le laisserait pas en paix, il ouvrit les yeux et retira les lunettes de soleil qui dissimulaient ses cernes. Il fut surpris de la découvrir rayonnante et il lui adressa ce sourire idiot qu’elle seule savait faire naître sur son visage.
— Tiens, tu ne me mords pas aujourd’hui ?
— J’ai pitié de toi, je cède ce plaisir à Nico, répondit-elle en retrouvant son mordant familier.
La fatigue du jeune homme l’attendrit un peu.
— Comment tu te sens ?
— Crevé ! Et toi, mec ? dit-il en se levant.
— Le mec te répond qu’il va bien. Et la prochaine fois que tu m’appelles ainsi, je te jette du troisième étage !
— Pardon chef ! Oui chef !
La journaliste dut puiser dans toute sa volonté pour ne pas trahir l’amusement que son compagnon lui inspirait. Sans un mot, elle alla jusqu'à la tanière où le directeur du journal s’était retranché et frappa à la porte.
Morgan réalisait soudain en découvrant la fureur de Nicolas qu’il aurait aimé être de la même taille que sa partenaire. Ainsi, s'il se mettait à balancer les objets éparpillés dans son bureau, comme il en avait coutume lorsqu’il était dans l’une de ses colères noires, il aurait une petite chance de s’en sortir entier.
Clio, elle, restait totalement indifférente à l’état d’énervement de leur patron ; elle le connaissait maintenant depuis trop longtemps pour y prêter encore attention. Elle s’installa près de la fenêtre et attendit qu’il se soit calmé et qu’il se rende compte de leurs présences. Suivant son exemple, Morgan prit place près d’elle, effleurant sans faire exprès sa peau. Tous deux sursautèrent en se sentant envahis par le même bien-être.
Le cœur battant plus vite, Clio se colla un peu plus contre le mur pour éviter tout nouveau contact, le visage en feu. Elle risqua un coup d’œil dans la direction de Morgan. Celui-ci la fixait sans aucun faux-semblant. Dieu, qu’elle aimait ce regard bleu qui la faisait frissonner jusqu’au plus profond de son être !
De son côté, Morgan se perdit dans ses iris d'émeraude. Il n’avait qu’une envie : la prendre dans ses bras et l’embrasser avec toute la force de son désir. Lorsque ses yeux s’arrêtèrent sur les lèvres pulpeuses, il pensa aussitôt à un fruit défendu, un fruit tendre et mûr qu’il aimerait dévorer jusqu'à plus faim.
Nicolas choisit ce moment précis pour leur porter attention.
— Ah ! Vous voilà vous deux ! Quelqu’un est entré ici cette nuit et a déposé ça sur mon bureau !
— Qu’est-ce que c’est ? demanda Morgan.
Clio se raidit : il s’agissait de la même enveloppe que celle que Remus lui avait donnée… Comment Nicolas
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