Clio Kelly et l'éveil de la gardienne
en direction d’Alexia, n'hésite pas à utiliser les pouvoirs des filles des mers, puisque je sais par Melicerte que tu les maîtrises.
— Pas de souci. Par contre, tu n’aurais rien pour lui éviter de souffrir de ses blessures et du froid ?
— J’ai peut-être quelque chose mais tu ne pourras t’en servir qu’une seule fois, pendant une heure.
Sautant en l’air, le renard roula sur lui-même et aussitôt un long tissu d’argent apparut et tomba aux côtés de Clio.
― La cape de Nessos [6] ! s’exclama Alexia avec surprise.
Clio caressa l'étoffe aussi douce que de la soie.
— Très bien, allons-y.
— Je commence à me demander si c’était une bonne idée ! gémit Alexia dont les dents s’entrechoquaient sous l'effet de la faible température.
Les deux femmes venaient d’arriver aux abords de la forêt qui longeait le Mont Mouchet et, pour l’instant, chacune avait l’estomac noué, se demandant ce qui les attendait.
— Nous n’avons pas le choix ! rappela Clio avec sérénité.
Ou du moins c’était le sentiment qu’elle espérait projeter car, au plus profond d’elle-même, elle était tout aussi terrorisée que sa compagne. Contrairement à son habitude, Alexia avait perdu de sa morgue habituelle. Pâle comme si elle venait de rencontrer un fantôme, elle ne souhaitait que faire demi-tour et rentrer à l’hôtel en laissant le soin à Janus de s’occuper de la Bête... Plus Clio l’observait, moins elle parvenait à croire qu'Alexia parviendrait à vaincre la créature. Mais puisque Janus avait annoncé qu’elle était la véritable gardienne, elle devait posséder des ressources insoupçonnées.
« Tu es bien bête d’avoir voulu l’accompagner, ma pauvre fille, si jamais les choses tournent mal, tu ne lui seras d'aucun secours, tu ne pourras pas l'aider ! » pensa Clio en pinçant si fort ses lèvres que celles-ci ne formèrent plus qu’une seule ligne.
Puisant dans son courage, elle lança d’une voix décidée :
— De toute façon, nous ne pouvons plus reculer ! Alors autant aller de l’avant !
Mais à peine avaient-elles repris leur marche qu’Alexia poussa un cri strident, faisant sursauter Clio qui se retourna ; la scientifique leva un doigt tremblant et se mit à bégayer.
— Que se passe-t-il ?
— L… là ! Re… rega... regarde ! parvint-elle à prononcer.
Tout droit sorti de la forêt, un magnifique loup au pelage blanc grimpait sur le rocher le plus proche. La jeune Muse ne put s’empêcher d’être fascinée par la beauté de l’animal ; sur son front, une tache en forme d’éclair la rassura : il portait le symbole de Zeus. Malgré les protestations de sa consœur, elle avança jusqu'à lui et le caressa avec douceur.
— Il est là pour nous guider, Alex. Il ne nous fera aucun mal.
Comme pour confirmer ses dires, le loup vint lui lécher la main, ce qui rendit Alexia de plus en plus nerveuse. L’animal se redressa sur ses pattes et, tout en sautant de pierre en pierre, entreprit de leur indiquer le chemin.
— Viens ! Nous ne devons pas le perdre de vue !
Emmitouflées dans leurs longues vestes, les deux femmes progressèrent avec lenteur et difficulté ; bientôt, il se remit à neiger, tandis que Clio et Alexia, haletantes, se hissaient tant bien que mal sur les rochers afin de suivre leur guide.
Au bout d’une demi-heure, elles étaient complètement épuisées. Pour leur laisser le temps de reprendre des forces, le loup les conduisit jusqu'à une caverne dissimulée par l'entrelacs des racines d’un vieil arbre.
Les mains gelées, Clio arriva jusqu'à l’abri, Alexia derrière elle. Elles allèrent aussitôt se réfugier au fond de la grotte pour mieux se protéger de la tempête. Alexia était frigorifiée et Clio, dont les lèvres avaient viré au bleu, ne l’était pas moins. La première pensée d'Alexia fut de prendre les mains de sa compagne dans les siennes pour les réchauffer mais son orgueil l’arrêta ; au lieu de cela, elle se contenta de dire d’une voix froide :
— Tu n’aurais jamais dû venir avec moi ! Non mais regarde dans quel état tu es ! Tout ce que tu vas faire, c’est me ralentir !
Alexia combattait sa peur en rejetant la faute de leur lente ascension sur la Muse. Cependant, tout en remontant son écharpe sur son visage, elle devait bien s’avouer qu’elle était heureuse de ne pas être seule dans cette aventure ! Sa belle assurance et sa fierté d’être la
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