Clio Kelly et l'éveil de la gardienne

était occupé à soigner. Sans bruit, la jeune femme s’approcha, prête à proposer son aide, mais sans se retourner son frère lui dit :
    — Père te cherche, va le retrouver, je n’ai pas besoin de toi.
    Sa voix, contrairement à d’habitude, était froide. Comme pour lui donner un peu de force, la Muse caressa son épaule et reprit sa route.

    Le fouet s’abattit sur la peau fine d’Alexia qui hurla de douleur. Il n’avait suffi que de quelques coups pour que la chair se déchire et que le sang coule le long de son dos.
    Anaïs était assise un peu plus loin. Sur ses lèvres flottait ce sourire qui ne la quittait plus depuis qu’elle avait livré la gardienne à sa maîtresse. Dans ses yeux brillait la folie. Ils allaient enfin prendre leur revanche ; en servant la déesse céleste, l’énergie vitale lui assurait fortune et puissance pour elle et santé et liberté pour son frère.
    Jean-François, quant à lui, marmonnait dans sa barbe des paroles incompréhensibles. Malgré sa faiblesse, Alexia parvenait à saisir quelques bribes tels que « libre », « maître », « blonde à moi », « bon frère »…
    Celui-ci leva son arme et frappa la jeune femme qui cria de plus belle. Alors qu’il s’apprêtait à l’abattre une nouvelle fois, sa sœur l’arrêta. Quelque chose lui avait sauté aux yeux ; avec l’agilité d’un chat, elle quitta son perchoir et s’approcha de la scientifique.
    Au bas du dos d'Alexia, un hippocampe était gravé dans la chair. La gardienne devait porter un symbole sur sa peau et Alexia en arborait effectivement un, c’était donc bien la preuve qu'Anaïs ne s’était pas trompée.
    — Bientôt, tout sera fini. Lorsque tu seras morte, nous serons libres et aux côtés de notre maître ! dit-elle en enfonçant ses ongles dans la peau de sa victime. Ça suffit Jean-François ! Détache-la et conduis-la dans la salle du sacrifice.
    — Encore un peu, supplia-t-il.
    — Obéis ! cria sa sœur. Et tout de suite !
    Il éclata en sanglots et enfouit son visage dans ses mains. Il voulait encore torturer la gardienne mais le pouvoir de sa sœur sur lui était plus fort que tout, la douleur qui lui traversa le torse lui fit pousser un gémissement de terreur et il s’écroula au sol.
    — Petit frère gentil ! Petit frère obéir ! promit-il tendit qu’il se roulait à terre.
    Le malheureux se releva avec difficulté et se traîna jusqu'à la prisonnière. D’un geste maladroit, il défit la lourde chaîne entravant Alexia, qui s'effondra comme une poupée désarticulée, le corps recouvert de sang et de sueur.
    — Conduis-la dans la salle du cercle ! répéta Anaïs.
    Comme à son habitude, il se soumit à son aînée. Sans aucune difficulté, il souleva Alexia et la conduisit jusque dans la pièce voisine, la jetant sur la pierre froide pour l’attacher de nouveau.
    À travers ses cils, la prisonnière sentit son cœur s’affoler dans sa poitrine lorsqu’elle aperçut la Bête au pied de l’autel où elle allait être offerte. Aussitôt, elle l’identifia comme étant un Cerbère, l’un des chiens de garde de l’entrée des Enfers ! Mais celui-ci avait encore l’apparence d’un chien normal de très grande taille, elle en déduisit qu’il ne s’agissait que d’un chiot, un Cerdès…
    Anaïs arriva derrière son frère. Elle tenait entre ses mains un coffret qu’elle déposa auprès d’Alexia, l’ouvrit et en sortit une dague d’argent.
    — Le moment est venu de procéder à la cérémonie du sacrifice. Dans le sang de la gardienne elle a péri, dans le sang de la gardienne elle renaîtra !
    La jeune femme leva le poignard au-dessus de sa tête et s’apprêta à frapper Alexia, quand une lumière vive illumina la pièce. Le visage d’Anaïs se déforma sous la fureur lorsqu’elle reconnut Clio.
    — Gyfu !
    Un X de flammes se forma et alla frapper la prêtresse, qui fut projetée contre la paroi. Dans un cri de rage, Jean-François libéra la Bête. Celle-ci se dressa sur ses pattes et se précipita sur la Muse.
    — Non ! Arrière !
    Une explosion retentit. Janus apparut alors dans une nuée d'éclairs, arborant une mine des plus sauvages. Il se plaça devant Clio et pointa son bâton sur l’animal, ce qui lui fit faire un bond et l'envoya rejoindre Anaïs contre le mur. Une lumière verte l’enveloppa et la Bête commença à rétrécir, jusqu'à reprendre l’apparence d’un chiot inoffensif.
    Les yeux exorbités de