Clio Kelly et l'éveil de la gardienne

la langue qui lui léchait le visage ; elle remonta la couverture jusque sur sa tête mais, l'animal, loin de se décourager, mordit dedans et la tira en grognant afin de sortir Clio de son sommeil. Elle cligna des yeux et distingua une forme sombre. Elle comprit qu’il ne s’agissait pas d’Hermès puisque les poils de ce dernier étaient argentés.
    Clio se frotta les paupières et put cette fois voir une petite boule de poils noirs avec une langue rose et baveuse. Elle tenta de se redresser, mais en vain. Ses yeux se fermèrent de nouveau puis se rouvrirent tant bien que mal : un chiot venait de s’installer sur son ventre…
    — Janus me l’a laissé, répondit une voix à sa question muette. Il l’a transformé en Berger allemand.
    — Tu as déjà choisi son nom ? interrogea Clio, tandis que le chiot s’allongeait à son aise.
    — J’ai pensé à « Janus », dit Alexia avec un sourire. Comme celui-ci a un caractère de chien... Toutefois, quand j’ai émis mon idée à haute voix, cela n’a pas semblé lui plaire. J’ai donc opté pour Largo.
    — Je trouve que ça lui va bien, murmura Clio en posant son doigt sur la truffe froide pour faire taire ses gémissements. Depuis combien de temps suis-je là ?
    — Trois jours ! D’après Janus, il n’y avait rien d’inquiétant ! L’éveil est un cap très dur et très lourd, surtout pour une femme de vingt-deux ans. Morgan va être soulagé quand il saura que tu as enfin quitté les bras de Morphée. Il ne tient plus en place : tous les matins, il harcèle les médecins pour savoir si tu vas mieux et quand tu te réveilleras. Si j’étais toi, je larguerais ce type et choisirais un autre coéquipier : je ne me donne pas cinq minutes avant de lui sauter à la gorge si je devais travailler avec lui !
    Clio pouffa de rire, caressant le chiot. Elle resta quelques secondes sans parler puis se rappela étape par étape la procédure de l’éveil : une foule d’informations, de souvenirs… Elle avait craint que son crâne n’explosât ! À présent, c’est à peine si elle se rappelait du quart de ce qu’elle avait vu et entendu.
    Le souvenir de la pierre tiède dans sa paume, quand à lui, était toujours vivace, mais avant qu’elle n’ait eu le temps de formuler sa question, Alexia reprit :
    — Janus l’a déjà déposée chez toi à Paris. Il t’expliquera tout en temps voulu.
    — Tu n’es pas déçue ? demanda Clio, en plongeant son regard vert dans celui, plus sombre, d’Alexia.
    — Déçue ? Déçue de quoi ? De ne pas être la Gardienne ? L’Élue choisie par Zeus ? Non, pas du tout !
    Elle se leva et se dirigea vers la fenêtre, appuya son avant-bras sur le cadre et y posa son front.
    — J’ai vu la douleur qui a creusé ton visage lors de la cérémonie de l’éveil et je ne sais pas si j’aurais supporté ça. Non, je ne le crois pas ! De toute façon, je préfère mener ma petite vie de mortelle. Maintenant que je suis totalement réincarnée, je veux en profiter au maximum.
    — Tu as bien raison, soupira Clio. Rien ne sera plus jamais comme avant.
    — Tu ne seras pas seule, puisque Janus et Hermès seront à tes côtés ; et si un jour tu as besoin d’aide, je ferai de mon mieux pour te seconder !
    — En espérant que tu ne sois pas trop occupée à prendre un bain de neige avec le vieil Arthur, pouffa Clio.
    Pour toute réponse, la scientifique lui décocha un regard glacial qui fit éclater de rire Clio. De plus, Alexia fut obligée d’empêcher Largo d’aboyer, de peur que des médecins ou des infirmières ne l’entendent.
    — Comment l’as-tu fait entrer ?
    — Dans un sac de sport, dit-elle en haussant les épaules.
    — Que sont devenus Anaïs et son frère ?
    — J’ai appelé la police juste après que Janus, Hermès et Melicerte soient partis. Grâce à ses pouvoirs, Janus a fait apparaître une sorte de bûcher et nous avons simulé que le cadavre de la Bête avait été détruit. J’ai eu droit à un interrogatoire mais le médecin a déclaré que j’avais besoin de repos et on m'a laissée tranquille.
    — Et eux ? Ont-ils parlé ?
    — Oh oui ! Pour parler, ils ont parlé et tout avoué ! Anaïs criait qu’elle avait obéi aux ordres d’un Maître qui avait pris possession de son frère et d’elle-même !
    — Ce qui n’est pas totalement faux, rappela Clio.
    — Ils ont agi sur son ordre mais ils étaient libres de leurs actions, reprocha Alexia. Ils sont