Comment le jeune et ambitieux Einstein s'est approprié la Relativité restreinte de Poincaré
lire rapidement ces
textes afin d’en extraire le meilleur.
Chapitre 7 :
Deux personnages hors du commun
Au cours des deux précédents chapitres, nous nous sommes
limités aux textes publiés par Poincaré et Einstein afin de rester sur le
terrain purement scientifique. Ce chapitre est différent car il traite d’aspects
plus ou moins subjectifs, d’hypothèses et de jugements sur les deux
protagonistes de la Relativité restreinte. Quittant le domaine scientifique, nous
allons nous intéresser à la vie intime de ces personnages, et essayer de
comprendre « nos deux maîtres fripons », le chat Poincaré, à la patte
délicate, qui a tiré les marrons du feu relativiste au profit du singe Einstein
qui, sans vergogne, les croqua, illustrant ainsi la célèbre fable de Jean de La
Fontaine.
Henri Poincaré : 1854-1912
Si de nombreux livres sont consacrés à la biographie d’Albert
Einstein, par contre on ne trouve que quelques notices sur la vie d’Henri Poincaré.
Nous reprenons une partie du texte de Henri Vergne qui a rédigé une petite
biographie d’Henri Poincaré en première partie de l’ouvrage Leçons sur les
hypothèses cosmogoniques professées à la Sorbonne par Poincaré [Po9], et
publiées en 1913, un an après sa mort. Nous retiendrons essentiellement
quelques traits de caractères de Poincaré qui pourront expliquer son effacement
dans l’histoire de la Relativité restreinte.
Une brillante carrière universitaire
Issu d’un milieu aisé, Henri Poincaré fut un élève brillant
à l’école et au lycée ; il entre major à l’École Polytechnique à 19 ans, en
1873. Son séjour à Polytechnique est resté célèbre car il suivit les cours, tout
au moins ceux de mathématiques, sans prendre de notes, ni même se soucier des
feuilles autographiées reproduisant les leçons du professeur. Il n’en avait pas
besoin.
Déjà, au lycée de Nancy, Paul Appell, son condisciple en
mathématiques spéciales affirme qu’il avait déjà « le don génial d’apercevoir
intuitivement, avec le détail particulier de chaque question, l’idée générale
dont elle procède et la place qu’elle occupe dans l’ensemble ». Dès sa
première année de lycée, Henri Poincaré avait eu une manière de travailler bien
à lui. Il s’asseyait à peine à une table d’étude, et ni les bruits, ni les
conversations ne gênaient le travail de son esprit. Pour fixer sa pensée, il n’avait
besoin d’aucun auxiliaire matériel : il suffisait qu’un lien logique la
soutînt pour qu’elle ne pût lui échapper.
Ayant réalisé un remarquable travail en mathématique, il
soutint une thèse en Sorbonne en 1879 ; il fut nommé cette même année
Chargé de cours d’analyse à la Faculté des sciences de Caen. Sa découverte des
fonctions fuchsiennes lui ayant acquis une grande renommée, il se vit confier, à
l’âge de 27 ans, une maîtrise de conférences à la Faculté des sciences de Paris.
Il occupa par la suite différentes chaires de professeur de physique.
Tous les honneurs lui vinrent, bien qu’il ne les eût pas
recherchés. Présenté pour la première fois à l’âge de 26 ans à l’Académie des
Sciences, il y fut admis comme membre en 1887. Il succéda à Sully Prudhomme à l’Académie
Française en 1908. De très nombreuses distinctions honorifiques, nationales et
internationales, lui furent décernées.
Un créateur de génie au service de la science
C’était un homme comblé qui resta toujours modeste. En
matière scientifique sa seule préoccupation fut la recherche de la vérité. Il
se soucia peu de la gloire. Il eût aimé que son nom ne fût donné à aucune de
ses découvertes : contempler la vérité face à face était la seule
récompense qui lui parût digne d’envie.
Que peut être la satisfaction de donner son nom à une
découverte, écrivait-il, auprès de la joie d’avoir contemplé la vérité face à
face.
C’est ce qu’il fit sa vie durant. Ainsi il créa à l’âge de
26 ans de nouvelles fonctions qu’il nomma fonctions fuchsiennes en l’honneur
de Fuchs dont les beaux travaux sur les équations différentielles linéaires d’ordre
quelconque lui avaient servi dans ses recherches. On a vu qu’il a appelé transformation
de Lorentz la relation fondamentale de la Relativité restreinte, alors que
c’est finalement Poincaré qui en a été le véritable auteur.
Son honnêteté scientifique était
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