Bücher online kostenlos Kostenlos Online Lesen
Comment le jeune et ambitieux Einstein s'est approprié la Relativité restreinte de Poincaré

Comment le jeune et ambitieux Einstein s'est approprié la Relativité restreinte de Poincaré

Titel: Comment le jeune et ambitieux Einstein s'est approprié la Relativité restreinte de Poincaré Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Jean Hladik
Vom Netzwerk:
Kamerling Onnes à Leyde, Paul Drude à Berlin. Ses démarches n’aboutissent
pas ; il en conçoit une grande aigreur envers ces universitaires qui le
rejettent.
    Après avoir été éconduit par le professeur Drude, en 1901, il
écrit à Mileva Marie [Ei3] : « Désormais, je ne m’adresserai plus à
ce genre d’individu, je l’attaquerai sans ménagement, ainsi qu’il le mérite, en
publiant dans les revues ». Rappelons que « ce genre d’individu »
développa la théorie électronique des métaux, expliquant ainsi la
conductibilité électrique et la conduction électronique de la chaleur.
    Einstein avait soumis un premier projet de thèse, en 1901, au
professeur Kleiner de l’université de Zurich. Il déclare alors : « S’il
a l’audace de rejeter ma thèse, je publie la chose noir sur blanc, et il sera
la risée de tous ! En revanche, s’il l’accepte, on verra ce qu’en dira
notre honorable Monsieur Drude… Quelle engeance à eux tous ! » Que
Kleiner refuse le projet, renforce encore le dépit d’Einstein et son mépris
pour cette « engeance ».
     
    À la recherche des idées des autres
    Pour écrire des articles remarquables, il faut être au
courant de tout ce qui se publie dans le domaine où l’on prétend créer du
nouveau. Einstein a appris par une expérience malheureuse qu’il faut être à la
pointe dès connaissances pour les dépasser.
    Dans son ouvrage Autoportrait [Ei4], paru en anglais
en 1949, Einstein reconnaît que ses publications en physique statistique des
années 1902-1904 ne faisaient que redécouvrir des théories déjà connues :
    Ne connaissant pas les recherches de Boltzmann et de
Gibbs, qui avaient été effectuées plus tôt et avaient littéralement épuisé le
sujet, j’entrepris de développer la mécanique statistique et, à partir d’elle, la
théorie cinétique moléculaire de la thermodynamique.
    En 1910, Einstein avait d’ailleurs déjà écrit que s’il avait
connu le livre de Gibbs, il n’aurait pas publié ses propres articles sur les
fondements de la mécanique statistique.
    Ayant sans doute conscience de ses insuffisances, Einstein
étudia plus intensément les textes de l’époque. Il bénéficia de diverses
circonstances qui allaient grandement lui servir pour rédiger son article sur
la Relativité restreinte.
Tout s’explique
    Un jeune physicien ambitieux veut publier un maximum d’articles
scientifiques pour se faire connaître. Au printemps 1905, il avait déjà
commencé à prendre des notes sur le temps et la synchronisation des horloges à
partir des publications de Poincaré. Cela n’avait pas été très difficile car
Einstein connaissait assez bien le français.
     
    Einstein parlait correctement le français
    Einstein avait commencé à apprendre le français avant 1895. On
retrouve en effet une brève dissertation d’Einstein [Pa1] écrite dans un
français certes assez imparfait, lorsqu’il fréquentait l’école d’Aarau, avant
son admission à l’École polytechnique de Zurich.
    Lorsqu’il s’installa à Berne, en février 1902, il donna
quelques leçons particulières de mathématiques et de physique pour compléter la
petite allocation versée par sa famille. L’un de ses élèves parla ainsi de lui :
« … une voix agréable, parlant correctement le français, avec une pointe d’accent ».
    Autant dire qu’Einstein pouvait facilement lire les articles
scientifiques en provenance de revues et d’ouvrages en français. Il ne s’en
priva pas. Il lut et relut le livre de Poincaré La science et l’hypothèse [Po5]
paru en 1902. On y trouve les textes suivants :
    Il n’y a pas d’espace absolu et nous ne concevons que des
mouvements relatifs ; cependant on énonce le plus souvent les faits
mécaniques comme s’il y avait un espace absolu auquel on pourrait les rapporter ;
    Il n’y a pas de temps absolu ; dire que deux durées
sont égales, c’est une assertion qui n’a par elle-même aucun sens et qui n’en
peut acquérir un que par convention ;
    Non seulement nous n’avons pas l’intuition directe de l’égalité
de deux durées, mais nous n’avons même pas celle de la simultanéité de deux
événements qui se produisent sur des théâtres différents ; c’est ce que j’ai
expliqué dans un article intitulé la Mesure du temps [Po4].
    Poincaré indique dans son ouvrage la revue dans laquelle il
a publié cet article ; sans doute Einstein l’a-t-il recherché et médité.

Weitere Kostenlose Bücher