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Comment vivaient nos ancêtres

Comment vivaient nos ancêtres

Titel: Comment vivaient nos ancêtres Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Jean-Louis Beaucarnot
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qu’un pauvre bougre, un marginal, mais il sait compenser l’échec de sa vie par la peur qu’il inspire aux autres. Les isolés sont donc toujours regardés avec suspicion : le charbonnier, le braconnier, le bûcheron, le scieur de long, les vagabonds et chemineaux. Au Moyen Âge le forgeron maîtrisant le feu est volontiers taxé de sorcellerie, comme l’est longtemps le cordier – à cause de la corde du pendu – ou le tisserand – à cause des suaires qu’il tisse. Beaucoup ne s’en cachent pas, bien au contraire. Chacun peut donc aller les consulter ou louer leurs services contre quelques victuailles ou quelques sous : le conscrit qui veut échapper au tirage au sort, le paysan jaloux de son voisin, l’amoureux qui veut obtenir les faveurs de sa belle…
    On n’en finirait pas de citer les exemples de leurs méfaits, réels ou prétendus. Tous les spécialistes prétendent qu’ils abusent de la crédulité des gens et que le seul remède est à cette époque, de ne pas y croire. Mais comment ne pas y croire, lorsque la conscience collective y donne foi ? La seule solution est en fait d’avoir du sel sur soi, de ce sel, symbole de pureté et d’exorcisme qui éloigne les démons et les maléfices. Lorsque le sorcier entre chez soi, il suffit de mettre ostensiblement une salière sur la table pour s’en protéger. Mais en cette nuit de Saint-Walbruge, comme en tout autre temps de sabbat, ainsi que les 1 er février, 23 juin, et 23 décembre, mieux vaut finalement s’abstenir de courir seul à travers la campagne. On a d’ailleurs bien autre chose à faire.
    SAVEZ-VOUS « ESMAYER » UNE FILLE ?
LES SEAUX D’EAU DU 1 er MAI
    Les sorciers se sont à peine rhabillés après avoir dansé tout nus autour de Satan que nos ancêtres, sitôt levés, se dévêtent eux aussi pour se rouler sur l’herbe des prés. La rosée du 1 er mai est en effet regardée comme bienfaisante pour la peau et, si tout le monde ne s’exhibe pas ainsi, pour certains c’est une manière de faire disparaître boutons et taches de rousseur et de se garantir un teint frais toute l’année. Voilà comment commence souvent cette première journée de mai, dont le folklore va complètement changer au cours des siècles.
    Ce n’est que récemment que la date est associée à la fête du travail. L’idée, née aux États-Unis en 1889, gagne l’Europe dès l’année suivante, avec de solides partisans, comme l’ancienne communarde Louise Michel, la « vierge rouge » comme on l’appelle alors à Vienne, où elle s’est fixée à son retour de sept années de déportation à Nouméa. Il faut cependant attendre 1947 pour que soit officialisée cette nouvelle fête au calendrier.
    Le traditionnel bouquet de muguet n’a pas alors l’importance qu’il a de nos jours. Il y a bien, dans certaines villes de la région parisienne, dont Compiègne, Rambouillet, et bien sûr Meudon, des fêtes du muguet, mais la plante n’acquiert sa réputation de porte-bonheur qu’au XX e siècle.
    En réalité, le 1 er mai est la fête du printemps et de la végétation et, selon les régions, plusieurs plantes rivalisent avec le muguet. Ici, on va cueillir de la verveine à reculons pour soigner une infinité de maladies, là on cueille, à jeun, le matin, des bouquets d’aubépine pour se protéger de la foudre. Toutes les coutumes de ce jour-là tournent autour de la verdure et des fleurs alliant la symbolique agraire aux rituels sexuels.
    Au village, on vit surtout par tranches d’âge et, en ce jour plus peut-être qu’en aucun autre, chacune de ces sociétés a ses habitudes.
    Pour les très jeunes, c’est une nouvelle occasion de tournée à domicile, encore une fois récompensée d’œufs. Ils se promènent en chantant le « joli mois de mai » qui commence, avec parfois à leur tête une « reine de mai » ou encore un « feuillu » ou un « moussu », qui n’est autre que l’un des leurs vêtu de feuillage et de verdure. De nuit, les jeunes gens « esmayent » les jeunes filles. « Esmayer » une fille consiste à déposer sur sa fenêtre ou sur le seuil de sa maison un « mai », autrement dit un rameau ou une branche d’arbre selon une symbolique que chacun comprend aisément. Cela va de la déclaration d’amour au rejet ou au dénoncement des mauvaises mœurs. Le charme signifie « tu me charmes », l’aubépine « je t’estime », le fusain ou le sapin dénonce la putain, la paille la fille

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