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Comment vivaient nos ancêtres

Comment vivaient nos ancêtres

Titel: Comment vivaient nos ancêtres Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Jean-Louis Beaucarnot
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âne – ou tout simplement à pied –, comme aussi de garder à cette fête un lendemain férié, qui n’en finit pas aujourd’hui de faire parler de lui…
    Parallèlement, on célèbre dans le courant du mois un grand nombre de saints agraires comme saint Vernier ou saint Urbain. Les fameux saints de glace : Mamert, Pancrace et Servais sont fêtés les 11, 12 et 13 mai. Lorsqu’ils coïncident avec les trois jours prophétiques des rogations, nos ancêtres ne manquent pas d’être consternés tant ils craignent pour leurs récoltes qui sont évidemment, il ne faut pas l’oublier, toute leur richesse. On comprend mieux, alors, combien il est important de chercher à tout instant, dans le monde environnant, des manifestations des intentions divines en matière climatique, des indications, des garanties, des indices rassurants dont on a tant besoin.
    Les signes donnés le 30 mai par sainte Pétronille qui, selon le temps, trempe ou non une guenille – cela rime si bien avec son nom –, par saint Médard au début juin – qui rime si malencontreusement avec « plus tard », puis le bon Barnabé – sont donc autant d’éléments auxquels nos ancêtres, faute de nos météorologues modernes, se raccrochent confusément et désespérément. Les almanachs que l’on lit à la veillée ont soin de rappeler ces lois que personne n’ose mettre en doute. Pour le reste, tout est observé : la lune, à commencer par la lune rousse redoutée du mois d’avril car elle ramène souvent les gelées et compromet les jeunes pousses et les plantes. Le liseron, nommé souvent le « baromètre des gueux », indique le temps qu’il fera à la fermeture ou à l’ouverture de sa fleur. Les nuages sont non seulement observés mais plus ou moins personnifiés, comme ceux que nous nommons aujourd’hui altocirrus et qui sont alors appelés « barbes à chat » : « Barbe de chat aux nuages annonce grand vent et tapage. » Le chat lui-même, les poules, les vaches sont observés sous le soleil, le vent ou la pluie pour en tirer des prévisions « à court terme », tout comme la mèche de la lampe à huile qui, le soir, vacillante, indiquera le retour de l’humidité. Chacun a enfin des amulettes, sans oublier le cierge de la Chandeleur ou les brandons de la Saint-Jean en qui on a toute confiance pour protéger de la foudre. Comment s’étonner, dès lors, que la moindre annonce du retour d’une comète suffise à provoquer de véritables paniques ?
    Le clergé, évidemment, peut toujours prêter main-forte. Messes et processions pour réclamer la pluie sont courantes lors des étés trop secs. Il y a toujours un saint à prier pour remédier à la sécheresse. Gare à lui cependant s’il fait la sourde oreille ; ceux qui l’ont invoqué en vain n’hésitent pas à le tancer vertement ou à s’en prendre à sa statue. C’est ainsi que certains saints s’en vont régulièrement au bain. « Dans la commune de la Celle-sur-Couzon, rapporte en 1897 l’archiviste départemental de la Creuse, existe une chapelle dédiée à saint Pierre. Près de là se trouve une fontaine. Lorsque l’on veut avoir de la pluie, on porte processionnellement la statue à la fontaine et on la plonge dans l’eau. » L’effet est alors garanti, et souvent rapide. L’abbé Duine raconte ainsi, en 1904, qu’à Saint-Méen, en Bretagne, le fait de tremper une croix dans la fontaine sacrée voisine de la chapelle fait pleuvoir à l’instant même. Au point que les fidèles, recevant des cordes sur la tête et ne pouvant plus rentrer chez eux disent alors au saint : « Pas à c’te heure ! Attends ! pas à c’te heure ! »… Il n’est donc pas rare, en été, de voir implorer la pauvre sainte Pétronille, tant vouée aux gémonies le jour de sa fête à la fin de mai.
    Mais ce mois de mai présente d’autres aspects que ces divinations météorologiques. Certains jours, à la sortie de la messe, tout le village rit à gorge déployée lorsque les gars « pèsent » les filles en les jetant lestement en l’air sous leurs cris à la fois effrayés et ravis. C’est que mai est le mois des accordailles. La branche déposée le premier jour a plus d’une fois été une déclaration. Le dimanche les bals s’ouvrent partout. C’est le mois des amourettes. Mais chaque chose se faisant en son temps, le mois des amours n’est pas celui du mariage. Partout, les mariages de mai sont déconseillés. En mai, l’on ne

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