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Comment vivaient nos ancêtres

Comment vivaient nos ancêtres

Titel: Comment vivaient nos ancêtres Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Jean-Louis Beaucarnot
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ses saints ont fait la sourde oreille, il reste le Malin et ses suppôts. Ils ne manquent pas davantage, sont tout aussi présents, et chacun sait toujours parfaitement où et quand les trouver.
    NE PAS SORTIR SANS SEL : LA NUIT DU DIABLE
    Il est une nuit où il ne fait pas bon errer seul par les montagnes ou sur les landes isolées. En effet, en Alsace, en Anjou, ailleurs encore, la nuit du 30 avril au 1 er mai – appelée dans l’Est la nuit de Saint-Walbruge – est marquée par la visite sur terre du « peut » (celui qui pue), de « l’autre », en un mot du diable. Il vient rencontrer ses suppôts et leur fournir poudres et recettes. Au temps des veillées, les histoires de sorciers rivalisent avec celles des soldats, et plus d’un raconte avoir rencontré l’homme qui a vu l’homme… qui a vu le sabbat.
    À ce sabbat, les sorcières nues font la ronde autour de Satan qui prend la forme d’un homme ou d’un bouc. Toujours bien « avitaillé » avec un membre « de mulet », il connaît « charnellement » chacune des participantes, arrivées sur les lieux par les airs à cheval sur un balai. Plus d’une ne l’a-t-elle pas confirmé, au XV e ou au XVI e siècle, au cours des procès de sorcellerie ? Elles ont tout avoué : les onguents dont elles se couvrent le corps, le sexe glacé du diable et comme recouvert d’écailles qui les ont blessées. Cela leur vaut le carcan, la roue, l’échelle, le bûcher et la mort, une mort horrible.
    Les « psy » d’aujourd’hui parlent d’hystérie ou d’onirisme collectif, pour expliquer ces promenades sur des balais et ces étranges assemblées nocturnes. Pour les anciens, les sorciers n’en existent pas moins.
    Tout village, tout hameau a le sien. L’hérédité jouant, on est d’ailleurs souvent sorcier de père en fils. « Meneux de loups », ou de « nuées », « envoûteurs », « jeteux de sorts », ils possèdent tout un arsenal terrifiant de vipères conservées dans l’alcool, de têtes de chien, de poudres et de plantes magiques. Ils élèvent des animaux noirs (moutons et poules). Ils disent des messes à rebours en portant des vêtements à l’envers. Les plus dangereux enfin possèdent le Grand ou le Petit Albert, ce manuscrit maléfique qui, jeté au feu, l’éteint au lieu de s’enflammer. Ceux-là savent faire « bouillir un enfant en un vaisseau de cuivre, et en prendre la graisse qui nage dessus ».
    Punaise, voilà le diable !
    Comme le nom de Dieu est souvent impersonnel, car devant rester inconnu (Dieu ne livra ainsi à Moïse qu’un nom privé de sens « Je suis celui qui est »), celui du diable reste ignoré. Qui oserait le lui demander et pire, qui oserait l’utiliser ?
    Dès lors, le diable s’est vu donner nombre de dénominations (Rigdon, Digdon, Terlantin, Racovin, Rikiki…), noms dérisoires et bien indignes de lui, ainsi que d’autres encore, souvent difficiles à prononcer, comme Belzébuth, Azamachiel, Sataman…, des noms qui semblaient destinés à faire trébucher.
    Certes, il lui reste Satan, mais là encore, ce n’est qu’un mot sans fond, puisque signifiant simplement « adversaire » en hébreu.
    Pour nos ancêtres, le diable était pareillement souvent le « peut » ou le « put », autrement dit le « puant », au sens de « sale », « mauvais », et cela tant au propre qu’au figuré, exactement comme la fille de mauvaise vie était dite une « putaine fille », avant de finir en « pute ». De la même façon on parle encore d’un œuf « punais » et notre expression « punaise ! » n’est donc en fait qu’une variante édulcorée du bien plus fréquent « putain ».
    En y ajoutant persil, eau, aconit, suie et feuille de peuplier, ils fabriquent l’onguent dont on doit s’enduire le corps pour chevaucher le balai. Et le délire recommence…
    Les sorciers, ça n’existe pas ? Ce sont nos ancêtres qui sont naïfs ? Faux ! Le sorcier est au contraire omniprésent dans le monde d’autrefois. Le pain cuit mal, le lait de vache tarit, le beurre est dur, le fromage mauvais, une bête est malade, le blé pourrit, tout pousse mal au jardin, le mari tombe brutalement paralysé ? Ce ne peut être que lui, le « mauvais œil » ! N’est-ce pas lui qui a noué l’aiguillette à tel ou tel marié en assistant à la cérémonie au fond de l’église ? Chacun le sait redoutable, fielleux, jaloux. Ce sorcier, généralement, n’est

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