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Complots et cabales

Complots et cabales

Titel: Complots et cabales Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Robert Merle
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clefs de l'Italie "qu'il disait détenir sans avoir du tout la force de les retenir...
    CHAPITRE IV
    ¿ peine étais-je de retour au camp royal d'Oulx et le pied à terre, que déjà un mousquetaire du roi accourait pour me dire que Sa Majesté
    m'attendait au débotté : ce qui, en fait, voulait dire que je ne pourrais même pas prendre le temps d'enlever mes bottes, ni de me faire raser, ni de me laver, ni de changer de pourpoint, ni même de manger un morcel avant de me présenter à Sa Majesté.
    Le malcontentement que j'en éprouvai alors me fit une fois de plus toucher du doigt pourquoi je n'avais jamais été tenté d'embrasser le métier des armes : je n'aimais pas recevoir des ordres inutilement rigoureux et, par là, vexatoires. Passe encore que Louis et le cardinal, à l'occasion, me donnent des instructions, mais essuyer les instructions quotidiennes de l'arrogant Bassompierre, de l'irascible Toiras, du méticuleux Schomberg, ou même du cérémonieux Créqui, voilà ce que je n'eusse jamais pu souffrir.
    Et justement nos quatre maréchaux que le lecteur connaît déjà et au nombre desquels j'inclus prématurément Toiras -on verra plus loin pourquoi -
    étaient là, et bien là, gaillards, bien allants et s˚rs d'eux-mêmes à
    l'exception, toutefois, du pauvre Créqui qui toussotait, crachotait et, qui plus est, larmoyait, ce qui était bien humiliant pour un soldat.
    Louis n'abrégea pas, comme l'e˚t fait Richelieu, mes salutations, étant fort à cheval sur l'étiquette, mais en revanche il 92
    eut la gentillesse que n'aurait pas eue le cardinal d'introduire en sa réponse une note d'affectueuse familiarité en m'appelant c Sioac ", le lecteur sait pourquoi.
    - Sioac, dit-il, dites-nous ce qu'il en est des défenses de Suse.
    je fis alors la description et la critique des trois barricades, de leurs fossés inutiles, de l'absence de ch‚teau d'entrée et par conséquent de m
    ‚chicoulis et de douves, insistant surtout sur le fait que la montagnette qui surplombait le côté droit des barricades n'était ni fortifiée ni surveillée, Il Signor Bellone, maître du camp, jugeant a priori qu'une force ennemie ne pourrait arriver de là, étant donné qu'elle aurait, venant de Chiomonte, à abandonner la route et à traverser des monts et vallons desservis par des sentiers muletiers enneigés.
    - Sioac, comment s'appelle cette région ? demanda Louis.
    - Le Gravere, Sire, bien qu'aucun village ne porte ce nom.
    - quelle altitude ont ces montagnettes dont vous parlez ?
    - Rarement plus de quatre cents toises.
    - Cependant, lui dit Bassompierre, il sera bien difficile de s'orienter dans ce dédale de monts et vaux, les sentiers muletiers étant au surplus enneigés. On peut se perdre à tout moment et, pis encore, tourner en rond.
    - Les boussoles, dit Toiras d'un ton peu amène, ne sont pas inconnues dans l'armée royale.
    Remarque que Bassompierre fit le semblant de ne pas ouÔr.
    - Mais, dis-je rondement, il y a tout aussi bien, et même mieux que les boussoles, car il sera facile de recruter des guides dans les villages du Gravere.
    - Les envahis sont-ils donc si accueillants aux envahisseurs ? dit Bassompierre avec ironie.
    - En effet, ils le sont, intervint le cardinal d'une voix suave. Les Français ont en Savoie une bonne réputation. Ils le doivent, Sire, à
    Monsieur votre père, quand il occupa le duché en 1601. Consigne fut alors donnée aux soldats de ne
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    toucher point aux bêtes, aux moissons, aux maisons et aux femmes.
    Concernant du moins il gentil sesso, cette consigne si étonnante dans la bouche du Vert Galant fit sourire les maréchaux, mais Louis ne retint même pas en ses mérangeoises un détail aussi frivole. Il était comme toujours ému quasiment jusqu'aux larmes quand il oyait
    l'éloge de son père. Richelieu avait donc fait d'une pierre deux coups. Il s'était acquis d'entrée de jeu la sympathie du roi et il avait ébahi les maréchaux par sa connaissance des campagnes guerrières du temps passé.
    - En outre, poursuivit Richelieu, les troupes reçurent l'ordre, s'ils achetaient, de payer toute chose au double de son prix. Ce qui les fit, comme bien l'on pense, extrêmement bien voir.
    - Eh bien, que faisons-nous ? dit Bassompierre d'un air pressé, péremptoire et expéditif, comme si les précisions qu'avait apportées Richelieu n'avaient été que babillages.
    - C'est à vous, Messieurs, de vous poser la question, dit Louis qui, ayant trouvé plaisir et profit dans

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