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Consolation pour un pécheur

Consolation pour un pécheur

Titel: Consolation pour un pécheur Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Caroline Roe
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cette histoire est très dangereuse.
    — Je le sais, Isaac, et je sais aussi que cette affaire n’est pas du ressort de l’Albedín. Elle serait jugée par un tribunal chrétien. Et c’est cela qui m’emplit de frayeur.
     
    Tandis qu’Astruch et Isaac se trouvaient dans le jardin de ce dernier à évoquer les problèmes suscités par la mort de Gualter, Berenguer endossait sa robe noire la plus stricte afin de rencontrer ses chanoines.
    — Votre Excellence, dit Bernat, vous ne devriez pas quitter votre lit. Le médecin a dit que demain, et si tout allait bien, vous pourriez vous lever brièvement et faire quelques pas dans le palais sans vous fatiguer. Cela ne signifie nullement réunir vos chanoines pour une discussion qui promet d’être délicate.
    — Si maître Isaac souhaite me voir garder le lit pendant une journée, il sait qu’il doit dire que je suis condamné à y rester pendant une semaine. Je me sens bien. Je suis las d’être couché et je dois parler à mes chanoines.
    — Ils ne seront pas tous là.
    — Tant pis pour les absents, leur voix ne sera pas entendue. Venez, et assurez-vous que le scribe est ici et que sa plume est bien taillée.
     
    — Je ne vous retiendrai pas très longtemps, annonça Berenguer au petit groupe d’hommes. Je n’ai qu’une chose à dire, et c’est celle-ci : nul ne doit me parler du Saint-Graal. Et vous ne devez même pas en parler entre vous. Ceux qui souhaitent discuter de cette interdiction peuvent le faire à présent.
    — Mais pourquoi, Votre Excellence ? demanda l’un des chanoines les plus jeunes.
    — Cette histoire a déjà suscité trop de peur – et de cupidité – pour qu’on laisse les commérages aller bon train.
    — Que nous suggérez-vous de répondre si l’on nous en parle ? Cela arrive constamment car le sujet est sur les lèvres de chacun, intervint Pere Vitalis.
    — Gualter transportait une grosse somme afin d’acheter de la vaisselle en argent d’une facture particulièrement délicate, expliqua Berenguer. Il a été agressé par des voleurs et assassiné.
    — Cela ne paraît pas très convaincant…
    — Cela le sera si c’est souvent répété.
    — J’ai une objection, Votre Excellence.
    La voix puissante avait fait se tourner toutes les têtes. Seul Berenguer n’était pas surpris.
    — Je déclare que je m’oppose à toute mesure visant à étouffer le débat sur cette question.
    — Et pourquoi, père Ramon ? demanda l’évêque au chanoine exaspéré.
    — Il est bien trop tard pour appeler au secret. C’est là l’une des raisons. Chacun en ville sait que le Graal se trouve ici, et nous nous couvririons de ridicule en le niant.
    — Et avez-vous une autre raison ? Car, que je sache – et en mon intime conviction – le Graal n’est pas ici.
    — Une autre raison ? Oui. Sa présence à Gérone peut beaucoup pour la réputation et l’importance de notre cathédrale, qui à son tour contribuera à la gloire de l’Église universelle.
    — Ce serait peut-être vrai si nous ne discutions d’un objet dérobé, Orta. Et du responsable de ce vol. Eu égard aux circonstances, une telle histoire suscitera parmi le peuple des émotions qui nous couvriront de honte et d’opprobre. Je refuse donc. Vous ne parlerez plus de cela à quiconque.
     
    La réunion s’acheva sur une série de remarques amères déclenchées par la réflexion de Ramon de Orta. Berenguer sortit à grands pas de la salle, bouillonnant de colère, mais dès qu’ils furent à l’écart des autres, Bernat lui dit :
    — Je crois qu’il a raison, Votre Excellence. Il est trop tard pour faire comme si rien ne s’était passé.
    — Le monde entier a-t-il sombré dans la démence ? Ne voyez-vous pas ce que vous lâchez en ville si nous ne faisons pas taire ces bavardages ? Réfléchissez-y, dit Berenguer en abattant sa main sur l’épaule de Bernat.
    — Je suis d’accord avec le père Bernat, intervint Francesc. Le moment d’imposer le silence, c’était au commencement, avant que nous ne nous rendions compte que c’était nécessaire. Il est désormais trop tard. Je suis persuadé que le médecin cherche aussi à trouver l’homme ou le projet qui se cache derrière tout cela. Il redoute qu’une force encore plus grande ne déferle sur la ville.
    — Comment pourrait-il me faire ça ? demanda Berenguer sans s’adresser à quelqu’un en particulier. Je suis vraiment entouré de fous et

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