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Consolation pour un pécheur

Consolation pour un pécheur

Titel: Consolation pour un pécheur Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Caroline Roe
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son pichet, resservant à boire aux consommateurs les plus assidus. Rodrigue parcourut la pièce d’un regard avisé et disparut, laissant sa femme s’occuper des traînards.
    Baptista était assis seul avec son vin. De temps à autre, il relevait la tête, écoutait brièvement les doléances de ses voisins et retombait dans la contemplation de son gobelet.
    La femme de Rodrigue s’arrêta devant sa table.
    — Qu’est-ce que vous cherchez là-dedans ? lui demanda-t-elle.
    — Des réponses. Je reconnais être perplexe.
    — Et qu’est-ce qui vous rend perplexe ?
    — Écoutez, Ana, ma beauté. Si vous entriez dans votre cuisine, toute prête à y faire cuire un bon plat de queue de bœuf et que vous découvriez un collier de mouton sur le feu, vous ne seriez pas perplexe ?
    — Je me demanderais lequel de tous ces bons à rien est allé fouiner dans ma cuisine. Oui, je serais perplexe, comme vous dites.
    — Eh bien, ma mie, murmura-t-il, quelqu’un est allé faire un tour dans ma cuisine. Et j’aimerais bien savoir qui.
    — Vous avez trouvé des réponses ?
    — Pas encore. J’ai seulement de nouvelles questions.
    — À quel propos ?
    Elle s’assit en face de lui, ce qui provoqua un véritable émoi parmi la clientèle.
    — En dehors de ces histoires de queue de bœuf et de collier de mouton.
    — Le mort de la cathédrale…
    — Celui qu’on dit avoir été tué par le Saint-Graal ? Comment, d’ailleurs, on ne le sait pas.
    Baptista secoua la tête.
    — Il est impossible que le Graal tue un homme ainsi.
    — Mais qui êtes-vous, lui lança Ana avec son aigreur habituelle, pour savoir si c’est possible ou pas ? Un prêtre ?
    — Qui ça, moi ? Est-ce que j’ai l’air d’un prêtre ?
    Elle se pencha en arrière et porta sur lui un regard critique.
    — Les prêtres ne se ressemblent pas tous, fit-elle en riant. J’en ai vu beaucoup ici même à un moment ou à un autre.
    — Disons seulement que, sans être prêtre, je sais que s’il avait cette coupe dans sa main, elle ne l’aurait pas tué. En fait, je sais aussi qu’il ne l’avait pas avec lui.
    — Oh, et comment le savez-vous ?
    — Je suis un homme ordinaire, maîtresse, mais je connais la différence entre une carotte et une grenade même si elles sont toutes deux de la même couleur. C’est une question de bon sens, ajouta-t-il sur le ton de la confidence. Que pourrait bien faire un homme tel que lui avec un récipient sacré de cette sorte ?
    — Dans ce cas, pourquoi vous en souciez-vous ?
    — Moi ? Oui, je m’en soucie…
    Il la regarda droit dans les yeux et posa la main sur la sienne comme pour l’empêcher de partir.
    — Ana… vous êtes une étrange femme.
    — Pas plus étrange que la plupart, dit-elle sans chercher à retirer sa main.
    — Pourquoi ai-je un tel désir de vous dire ce qui me perturbe ? M’aideriez-vous si je vous le demandais ?
    — C’est probable.
    Ana réfléchit un instant.
    — Oui, je le ferais.
    Baptista se leva et l’incita à l’imiter.
    — Il y a quelque chose que je veux vous montrer. Là-haut, dans ma chambre.
    — Sur-le-champ ? railla-t-elle. Je me demande ce que cela peut bien être.
    — Dieu m’est témoin, Ana, je suis parfaitement sérieux.
    — Si j’abandonne cette racaille pendant plus d’une minute, ils vont complètement me dépouiller, dit la mère Rodrigue.
    — Une minute, cela ne nous prendra pas plus longtemps, je vous le jure.

CHAPITRE VIII
    Mercredi 4 juin 1354
     
    La matinée était claire et d’infimes nuages d’altitude traversaient paresseusement le ciel. Ils avaient déjà disparu quand les cloches de la cathédrale sonnèrent tierce. Le soleil était alors éclatant. Isaac et Yusuf, de retour du palais épiscopal, venaient de rentrer dans le Call quand ils furent arrêtés par un jeune homme à peine plus âgé que Yusuf.
    — Maître Isaac, dit-il, tout essoufflé, je vous cherche partout. Je vous supplie, dans votre bonté et votre charité, de venir voir mon maître. Je crains qu’il ne soit malade, très malade.
    — Tu es le jeune Avi, n’est-ce pas ? demanda Isaac. Celui qui sert Shaltiel ?
    — Et apprend la sagesse à ses pieds, maître Isaac.
    — Bien sûr, nous allons venir. Immédiatement.
    Isaac se dirigea vers la maison du philosophe, un homme connu de tous les habitants du Call mais aussi à des lieues à la ronde pour sa grande érudition et sa connaissance des mystères de la

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