Consolation pour un pécheur
chercher.
Ibrahim revint, triomphant, en compagnie de Daniel qu’il avait trouvé en train de déambuler autour de la maison de son oncle.
— Maîtresse Judith, je suis venu aussitôt. Que se passe-t-il ?
— Rien pour l’instant, dit-elle d’un ton acerbe. En tout cas, personne ne m’a prévenue. Je veux savoir ce qui se passe, et vous allez pouvoir m’aider.
Sur les pentes abruptes qui se dressaient à l’est de la ville, le long crépuscule de cette fin de printemps cédait lentement la place à l’obscurité. Le guide progressait à toute allure bien que le terrain fût difficile. Le compagnon d’Isaac finit par s’arrêter.
— Je ne le vois plus.
— Pourquoi ? demanda le médecin, impatient.
— Il file comme une flèche et maintenant il a disparu. Je ne sais s’il se cache ou s’il a déjà atteint le bouquet d’arbres qui se dresse sur notre gauche.
Isaac écouta les bruits de la nuit.
— Allons vers ces arbres.
Équipé d’une lanterne et sachant que sa quête commençait à la maison de Vicens, Daniel parcourut en hâte la ruelle qui conduisait au portail de celle-ci. Il dissimulait sous sa ceinture une bourse pleine de petites pièces, bien pratiques pour délier les langues.
La rue n’était plus emplie de voisins sortis profiter de l’air du soir. À leur place, il n’y avait que quatre gamins en train de jouer à un jeu compliqué à l’aide de bûchettes.
— Holà, les gars, l’un de vous veut gagner un demi-sou ?
— Qu’est-ce qu’il faut faire ? demanda le plus grand, soupçonneux.
— Me dire si tu as vu mon ami. J’avais rendez-vous avec lui mais je crois que je me suis trompé d’endroit.
— À quoi il ressemble ? lança un gosse, plus blond de cheveux et de teint que les autres.
— Oui, qui c’est ? reprit le plus grand comme s’il connaissait tous les gens importants.
— Maître Isaac, le médecin.
— Et si on pouvait tous vous le dire, on aurait quand même l’argent ? s’inquiéta l’enfant blond.
— Si vous savez tous quelque chose, vous en aurez tous un peu, dit Daniel en agitant sa bourse.
— On l’a vu, dit le blond.
— Oui, il était là, ajouta un autre, bien décidé à être lui aussi récompensé.
— On regardait les gardes de l’évêque qui jouaient aux dés, expliqua le plus petit.
— On attendait sa sœur, Ana, poursuivit le plus grand en désignant le plus petit. Depuis longtemps, d’ailleurs. Ana, elle travaille là et, des fois, elle lui apporte des choses à manger. On en a aussi s’il y en a assez. On s’occupe de lui, ajouta-t-il, parce que c’est encore un bébé.
— Il a cru qu’il a vu maître Isaac, fit remarquer le plus timide de la bande, mais il ne sait pas grand-chose. Les deux gardes couraient après quelqu’un, mais ce n’était pas maître Isaac.
— C’est vrai, surenchérit le blond, quand maître Isaac est venu par ici, c’était il y a pas longtemps.
— Il est arrivé juste avant qu’Ana nous donne du pain, fit le plus petit. Il fallait qu’on attende parce qu’il y aurait peut-être aussi du fromage et de la saucisse, alors on attend.
— Donc maître Isaac est passé par là, dit Daniel. Où allait-il ?
— Vers la porte, répondit le plus grand. Avec ce géant qui travaille par là, ajouta-t-il en désignant vaguement la rue. Il est nouveau. Il s’appelle Marc. Et puis maître Isaac avait quelqu’un avec lui, mais ce n’était pas Yusuf.
Jugeant qu’il en avait pour son argent et plus encore, Daniel prit quatre pièces dans sa bourse et les tendit aux gamins.
— Mais c’est un sou ! fit le plus grand, très étonné. Merci, maître Daniel. Oh, maître Daniel, chuchota-t-il, ils ont fermé les portes. Personne ne peut plus sortir. Si vous en avez envie, passez donc par là.
Une fois encore, il se tourna vers la rue.
— Un autre sou si tu me montres le chemin.
La nuit était noire comme de l’encre quand Daniel passa à travers un trou mal bouché de la muraille. Des travaux pour parfaire les défenses de la ville étaient en cours. Son jeune guide le mit sur un chemin et lui assura que maître Isaac et son compagnon grimpaient le long de la pente quand il les avait vus pour la dernière fois.
Le capitaine de la garde n’en croyait pas ses oreilles.
— Qu’est-ce que vous me racontez là, sergent ? Vous l’avez perdu ? Un homme d’une telle stature ? Comment avez-vous fait votre compte ?
— Ce
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