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Consolation pour un pécheur

Consolation pour un pécheur

Titel: Consolation pour un pécheur Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Caroline Roe
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pensée aussi profonde avait besoin d’un peu de vin pour passer, et il se hâta de recourir au remède indiqué.
    — Vous avez raison, portier, l’air est le même partout, dit Isaac en jouant avec une poignée de pièces. Mais l’important est de savoir avec qui on le respire, n’est-ce pas ? ajouta-t-il.
    — C’est vrai, maître, acquiesça le portier, les yeux fixés sur la main du médecin.
    — Ouvrez-nous la porte, mon brave, dit le compagnon d’Isaac, impatient. Nos amis vont nous attendre.
    Le portier essaya ses clefs l’une après l’autre puis il poussa la poterne.
    Isaac lui déposa une pièce dans la main et encore une autre.
    — Pour fêter ce saint jour…
    Le portier les regarda s’éloigner.
    — Il doit être ivre, oui, grommela-t-il en contemplant cet argent si facilement gagné.
    Il but encore un peu de vin, secoua la tête, cligna des yeux et rangea ses pièces dans sa bourse. Puis il s’assit le dos au mur et, bercé par la brise qui soufflait par la poterne, sombra rapidement dans le sommeil.
     
    — Holà, señor Mercure, cria Isaac, attendez-nous donc un peu !
    Le guide cessa de grimper la colline à toute allure et se retourna.
    — Quoi ?
    — Où dois-je rencontrer maître Vicens ?
    — Je vais vous y conduire, maître Isaac. Il vous ramènera.
    — Je le sais, mais où est-ce ?
    — Il est encore trop tôt pour que le maître vous voie en pleine sécurité. Le ciel n’est pas tout à fait sombre. Si vous voulez bien me suivre, je vous emmènerai en un lieu où vous pourrez l’attendre confortablement.
    Sur ce, il reprit sa course.
    — Voilà un informateur bien peu satisfaisant, fit remarquer Isaac à son compagnon. À quoi ressemble-t-il ?
    — C’est difficile à dire. Il porte une capuche, et son visage est dans l’ombre. Il ne m’est pas familier.
    — Ah, cette voix, je l’ai déjà entendue, mais pas récemment. Il s’appelle Marc. C’est un robuste individu, aux traits grossiers et à l’air peu engageant.
    — Vous l’avez donc vu ? De vos propres yeux ?
    — Oui. Il y a longtemps, alors que je n’étais pas encore atteint de cécité. C’était un ou deux étés avant que la Mort noire ne s’abatte sur la ville. Il est parti après qu’un déplorable incident eut exigé son départ. Je suis surpris qu’il ait osé revenir.
    — Qui était-ce ? Un garde ?
    — Un serviteur. L’employé d’une riche famille. Un serviteur fort utile d’ailleurs, ajouta-t-il, narquois. Où est-il à présent ?
    — Un peu plus haut que nous. Il approche d’un bouquet d’arbres, tout en haut de la pente.
    — Y a-t-il quelqu’un d’autre ?
    — Je ne vois personne. Vous pensiez qu’il y aurait quelqu’un ?
    — Je l’espérais.
     
    L’obscurité avait envahi la cour de la maison d’Isaac bien avant d’envelopper les montagnes qui entouraient la ville. Dans la lumière déclinante, Judith réfléchissait. Elle avait peu de goût pour la contemplation ; de toute façon, sa vie bien organisée ne lui en aurait pas laissé le temps. Elle n’était pas du genre à se demander pendant des heures ce qui était mal et ce qui était bien en ce monde, et la sagesse voulait qu’elle suive sans le remettre en question le chemin enseigné dès l’enfance. Pourtant, elle en était persuadée, il était maintenant de sa responsabilité de poser son ouvrage, d’ignorer les instructions de son mari et de réfléchir sérieusement à ce qu’il convenait de faire.
    Leah et Naomi avaient fini leur tâche pour la journée. Depuis le couloir menant à la cuisine, elles regardaient dans la cour et observaient leur maîtresse avec inquiétude. Elle restait assise à ne rien faire. Les jumeaux auraient dû être au lit depuis longtemps, mais ils s’ébattaient dans les arbustes, et elle ne semblait pas avoir remarqué leur présence.
    — Tu ferais mieux d’aller chercher les enfants, Leah, dit Naomi. Elle est inquiète. Demande-lui aussi si elle désire quelque chose, ça la réveillera.
    Judith se contenta de dévisager la servante.
    — Des bougies, Leah, bien entendu. Tu veux donc que je reste ainsi dans le noir ?
    Leah se précipita, alluma les bougies et alla s’asseoir sur un banc à côté de Naomi. De là, elles pouvaient surveiller discrètement leur maîtresse et bavarder tout en profitant de la tiédeur de la nuit.
    Après un certain temps, Judith leur fit signe.
    — J’ai besoin d’Ibrahim.
    Leah courut le

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